« Le camion électrique est déjà compétitif dans certains cas »

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Rencontré à l’IAA, Bruno Blin nous rappelle que 2019 sera l’année de l’électromobilité pour Renault Trucks dont « les usines tournent à fond ». Ce sera également l’année de la maintenance prédictive et celle du renouvellement du Maxity. Quant au développement de la marque, il est assuré par le recrutement de vendeurs et par l’intensification de la formation de toutes les équipes.
L’OT : Quelle sera à l’avenir la place de Renault Trucks au sein du groupe Volvo ?

Bruno Blin : Il n’y a pas de question particulière sur la place de Renault Trucks dans le groupe Volvo. Elle y est pleine et entière. Ma responsabilité consiste à la faire grandir. Nous sommes revenus il y a quelques années à une brand-based organisation. Les marques doivent générer des profits pour financer leur avenir. Grâce au groupe, nous mutualisons les efforts de recherche et de développement, les efforts industriels et de recherche avancée, mais aussi les achats.

Quelles sont les stratégies mises en place afin de reconquérir des parts de marché en France ?

B.B. : En 2017, nous avons progressé de 1,1 point par rapport à 2016. Nous avons une vraie stratégie commerciale. Nous avons recruté, et fait recruter par nos concessionnaires un nombre substantiel de vendeurs, car sans vendeurs, pas de vente et pas de progression des parts de marché. Nous faisons un gros effort de formation des vendeurs, pas uniquement sur les techniques de vente, mais aussi sur le produit, afin qu’ils adaptent parfaitement leurs propositions commerciales aux besoins réels des clients. Cet effort ne porte pas que sur la France. Il concerne la totalité des équipes avec des formations individuelles et des événements de formation comme le check and drive au cours desquels les vendeurs viennent essayer le produit, le comparer avec ses concurrents et mesurer les écarts. Ils notent les produits, et c’est l’occasion pour eux de prendre conscience que le nôtre est formidable. Cette démarche apporte de bons résultats et nous aide à avancer. Par ailleurs, la satisfaction des clients est notre objectif prioritaire, et nous avons beaucoup travaillé sur la qualité. Afin d’augmenter notre réac­tivité, il nous faut davantage de mécaniciens, notamment en France. C’est pourquoi nous nous associons aux CFA.

Le véhicule étant connecté, nous proposerons bientôt à nos clients des contrats de maintenance prédictive afin d’optimiser la disponibilité. Ce dispositif est déjà déployé de façon expérimentale autour de Cavaillon sur plus de 200 camions avec des résultats convaincants.

Quelles sont vos offensives produits ?

B.B. : En ce moment, nous mettons l’accent sur l’électromobilité. On y croit vraiment. Nous ne sommes plus dans la phase expérimentale, et le coût des batteries va beaucoup baisser à l’avenir. Nous sommes en mesure de fournir une solution complète incluant les équipements de recharge.

L’année 2019, pour Renault Trucks, c’est « switch to electric ». Notre usine de Blainville-sur-Orne est prête à produire ces véhicules électriques qui seront livrés à nos clients dans le courant de l’année prochaine. À propos de ces véhicules, les clients veulent d’abord les essayer pour voir ce que cela donne. Bien malin est celui qui a aujourd’hui des certitudes sur les parts de marché du véhicule électrique d’ici à cinq ans. Il nous faut voir comment se met en place ce marché et comment se développent ses volumes. Notre démarche consiste à avancer étape par étape, à essayer avec les clients, à voir ce qui marche et à nous assurer que cela correspond à leurs besoins. Les clients ont besoin d’essayer et de se rassurer.

En matière de TCO, le véhicule électrique peut dès aujourd’hui être compétitif pour certaines applications, notamment les BOM. En version diesel, la consommation de carburant des BOM est très élevée, ce qui aide la propulsion électrique à être compétitive. Les BOM électriques seraient ainsi rentables sur certaines tournées. À propos des véhicules hybrides, nous les avons essayés en Euro V. Ils marchent très bien, mais leur coût reste un problème.

Par conséquent, notre stratégie actuelle n’inclut pas la commercialisation de véhicules hybrides.

Pourquoi Volvo ne fournit-il pas à Renault Trucks le moteur 16 litres (D16K), la boîte à double embrayage (i-Shift dual clutch), l’essieu avant à roues indépendantes (IFS) et la direction électro-hydraulique (VDS) ?

B.B. : Nous n’avons pas le 16 litres car nous n’en voulons pas. Nous considérons qu’il ne correspond ni à notre marché, ni à nos objectifs, ni à notre stratégie. Il en est de même pour le double embrayage et pour l’essieu avant à roues indépendantes. Nous sommes dans un système où nous finançons des projets auxquels chaque marque est libre de participer, ou pas. Ce n’est pas le groupe qui décide d’affecter tel ou tel organe à l’une de ses marques. Ce sont les marques qui décident d’investir, ou pas, dans les développements, donc de disposer de l’organe correspondant.

Quel est le calendrier d’évolution du produit et des services ?

B.B. : Le camion électrique va nous occuper en 2019. L’année prochaine verra également l’arrivée du remplaçant du Maxity. Nissan produit ce modèle à Barcelone jusqu’à la fin de l’année 2018. Nous constituons un stock afin de répondre à la demande jusqu’à l’arrivée du remplaçant du Maxity vers septembre 2019. Pour ce remplaçant, nous travaillerons avec un partenaire dont l’identité ne peut pas encore être révélée, mais nos négociations sont bien avancées. Notre objectif est d’avoir une rupture d’offre la plus courte possible, voire pas de rupture d’offre. Nous présenterons ensuite l’évolution de nos gammes. Renault Trucks se développe, regagne des parts de marché. Nos usines tournent à fond. Ça va plutôt bien et nous avons la capacité de financer notre futur. C’est fondamental.

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