Jules Verne doit tousser, là où il est, devant la triste paraphrase de son célèbre ouvrage, travestie en BA écologique. Il y a trente ans, la direction départementale des Alpes-Maritimes, sous l’impulsion du ministère de l’Environnement, a pensé bien faire en demandant l’immersion de 25 000 pneus de camion, à 800 mètres au large de Golfe-Juan (06). C’était les années 1980, époque où l’on ne se souciait pas beaucoup de la mer comme écosystème. Pire, les pneus, volontairement déposés dans les fonds marins et enchaînés par des structures en fer, étaient censés servir de récif artificiel. Seulement voilà, les poissons n’ont fait que passer et rien ne s’est accroché aux abris en caoutchouc qui, en plus d’encombrer les fonds, n’ont pas manqué de diffuser des métaux lourds, entre autres substances nocives. Le récit de la récupération des pneus a été récemment relayé par la presse. Une opération de repêchage (et non pas de rechapage, hélas) des pneus a eu lieu le 21 septembre après une première campagne menée en 2015.
Ces opérations de réparation de l’inutile coûtent la bagatelle de 1,2 M€ (1 M€ pour l’Agence française pour la biodiversité et 200 000 € à la charge de la Fondation Michelin). Sont déjà sortis de l’eau 2 500 pneus. Il faudra attendre 2020, pour tous les dégager. Leur sort ultime : alimenter des cimenteries.
Dommage, on est loin des trois vies du pneu ! Comme le rappelait le Syndicat national du caoutchouc et des polymères, dans un document publié en juin dernier, le rechapage permet de réaliser une économie de 35 % de matières premières, une diminution de 50 % de déchets de pneus produits, par rapport à deux pneus neufs mono-vie. Histoire de ne pas oublier…