Coup de théâtre, mardi dernier. Après avoir flotté dans un entre-deux pas très confortable, l’Espagne, dont le gouvernement vient de revenir aux mains du parti socialiste avec la nomination du Premier ministre Pedro Sanchez, serait prête à rallier l’Alliance du routier. Jusque-là, Madrid était l’une des capitales d’Europe de l’Ouest à faire bande à part sur les sujets brûlants du Paquet Mobilité. Mais surtout à tenir une position pro-libéralisation du transport de marchandises plutôt que de protection des pavillons occidentaux (et de leurs salariés). C’est donc le 19 juin, qu’en répondant à la question d’une sénatrice, le nouveau ministre de l’Équipement, José Luis Abalos, a annoncé que l’Espagne envisageait d’adhérer à l’Alliance du Routier. Ce faisant, il a marqué un changement à 180 degrés par rapport au gouvernement de Mariano Rajoy. En ayant des propos très durs envers la concurrence des pays de l’Est, le pouvoir espagnol a peut-être pris conscience du phénomène qui est propre à l’Europe, à savoir, souvent, une sorte d’ascenseur social. Il ne faut pas oublier que le TRM espagnol est encore très actif à l’international – au détriment notamment du pavillon français – et il tutoie les champions de la catégorie qui sont tous…à l’Est. Seulement voilà, cette position privilégiée dont la Péninsule ibérique a pu jouer depuis son entrée dans l’Union, en 1986, n’est pas éternelle. Et l’on trouve toujours quelqu’un qui est plus « low cost » que soi. D’où, finalement, le réflexe de mitiger les élans libéraux d’autres États membres dont le transport routier est une vraie locomotive pour le système économique. Ceci dit, les jeux ne sont pas faits. Le gouvernement doit consulter la profession, pas très chaude pour se joindre à l’Alliance.
Éditorial