Camions connectés, wagons et conteneurs équipés de capteurs pour tracer l’ensemble des flux de marchandises, voilà comment se dessine l’avenir du fret. D’après le rapport 2015 de l’OMC, le transport de marchandises dans le monde représentait près de 18 500 milliards de dollars, et ce chiffre devrait quadrupler d’ici à 2050. Ce marché colossal incite de nombreuses entreprises à se positionner sur le marché de la digitalisation du fret. La branche fret du groupe SNCF a choisi comme partenaire la start-up Traxens, qui propose d’équiper chaque wagon de fret d’un boîtier de monitoring. Cet appareil est capable de tracer l’ensemble des flux logistiques des conteneurs.
La technologie de Traxens est en test chez Thales et le fabricant de missiles MDBA. En effet, le secteur de la défense est un marché capital pour le « smart fret », car les produits transportés (radars, missiles) nécessitent un suivi permanent.
Outre la traçabilité des produits, l’utilisation d’objets connectés est aussi à l’étude en tant qu’aide à la décision. Dans ce contexte, Renault Trucks, à travers le projet Connect entend rendre ses camions plus intelligents : support conducteur, optimisation des trajets ou encore autonomie du véhicule.
Après la voiture autonome, place aux trains et cargos autonomes. C’est en tout cas ce que souhaitent plusieurs entreprises de transport ferroviaire et maritime pour répondre à des problématiques tant économiques que sociales.C’est le cas de l’entreprise minière Rio Tinto qui a fait circuler son premier train autonome sur une centaine de kilomètres en Australie. Le projet de la firme est de faire circuler ses trains autonomes de façon pérenne sur son réseau d’ici à fin 2018 ! Malgré un investissement estimé à 380 millions d’euros, ce projet est d’autant plus urgent pour la société minière que les conducteurs de ses trains sont parmi les mieux payés au monde, avec près de 160 000 euros par an.
Même son de cloche dans le secteur maritime où le groupe norvégien Kongsberg, spécialisé dans la défense, s’est associé au fabricant d’engrais Yara International pour construire Yara Birkeland, premier cargo porte-conteneurs tout-électrique. Le navire est actuellement en phase de développement. L’Organisation maritime internationale (IMO) légiférera sur le transport autonome en 2020, ce qui à terme permettra des économies considérables pour les entreprises du fret. Reste aujourd’hui à rendre compétitifs ces cargos connectés à ceux du marché. À titre d’exemple, le navire autonome de Kongsberg et Yara International coûte 25 millions d’euros, soit le triple du prix d’un cargo standard.
Pas à pas, le fret de proximité vit lui aussi l’ubérisation de son marché. Dernier maillon de la stratégie d’approvisionnement et de distribution des grands groupes, c’est un secteur en pleine mutation du fait de l’apparition de nouveaux acteurs. Les plateformes Uber Freight propose de mettre directement en relation des logisticiens avec des propriétaires de poids lourds. Ce système permet aux professionnels du transport routier de supprimer les intermédiaires entre eux et leurs clients, ce qui engendre des économies significatives. CargoX, une entreprise brésilienne basée sur ce modèle, estime que la baisse du coût du transport est de l’ordre de 30 % pour les entreprises clientes.
La suite de l’ubérisation de ce marché est l’autonomie des poids lourds. C’est aux États-Unis, là où le transport de marchandises par la route est hégémonique que la start-up Otto, filiale du groupe Uber, propose un kit du conducteur pour rendre autonomes les poids lourds. Ce kit, comprenant capteurs, caméras, système de géolocalisation et logiciel de navigation embarqué, permet de circuler sur la route sans chauffeur, mais peut le cas échéant demander l’intervention de celui-ci.
La modernisation du fret est donc amorcée, motivée par des contraintes économiques de plus en plus fortes ainsi que par l’évolution des contraintes légales et environnementales (interdiction progressive des véhicules polluants dans les villes). Elle est également poussée par le développement des technologies de tracking et l’apparition de nouveaux modèles économiques.