Nicolas Peyrot, secrétaire général CFTC* pour XPO Logistics

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« Formés par des techniciens français »
Quel bilan tirez-vous des 5 jours de procès autour de de la sous-traitance telle qu’elle était effectuée sous Norbert Dentressangle ?

Nicolas Peyrot : Le procès en appel a mis en lumière les pratiques de Norbert Dentressangle. Le fait que la cour a décidé de joindre les nullités au fond a permis de révéler au grand jour les pratiques de l’époque. Les débats ont démontré que les 900 conducteurs polonais, roumains et portugais ne prenaient pas leurs ordres de leur filiale d’origine dans leur pays, mais bien de France. On a pu retracer l’épisode des minibus qui arrivaient en France avec des conducteurs qui prenaient leur travail en France, comme des travailleurs français. Ils allaient voir un exploitant qui leur confiait leur tâche quotidienne. J’ai personnellement assisté à ce type de scène à Saint-Rambert d’Albon (26) et j’ai déposé cette information à la barre du tribunal de Grenoble. Depuis 2006, on avait alerté la direction du groupe sur ce type de pratique mais nous n’avons pas été entendus.

Vous parlez également de lien de subordination économique. Pouvez-vous développer ?

N. P. : Sur certains documents comptables et commerciaux, nous avons découvert le montant des marges que Norbert Dentressangle dégageait avec ses sous-traitants. Je peux dire, en outre, que les conducteurs polonais, roumains et portugais étaient formés par des techniciens français avec des contrats français, notamment dans l’activité pulvérulent. D’ailleurs, dans le « pulvé », nous avons subi 7 plans sociaux entre 2006 et 2011. Beaucoup de postes en zone longue ont été supprimés pour être confiés à des Polonais puis à des Roumains. En 2006, nous étions 600 à travailler en zone longue et à l’international. Nous sommes 30 aujourd’hui.

Qu’a révélé d’autre le procès, selon vous ?

N. P. : Il a mis en lumière le niveau des salaires qui étaient pratiqués. Un conducteur roumain percevait 200 € de salaire fixe avec une part variable de 10 centimes du km. Il prenait très peu de congés. Les Polonais recevaient un fixe mensuel de 350 € et une indemnité quotidienne de déplacement de 40 € à l’international. Les Roumains pouvaient faire l’objet de sanctions pécuniaires en cas d’accident ou d’avarie…

*La CFTC est à l’origine de la plainte qui a débouché sur le procès Norbert Dentressangle poursuivi pour « travail dissimulé, délit de marchandage et prêt illicite de main-d’œuvre ».

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