Une entreprise quinquagénaire et singulière

Asca est très bien positionné sur les marchés des porte-conteneurs et caisses mobiles. Dans le cas de ces dernières, la société a longtemps été leader en France, mais les inondations de 2016 ont impacté ses capacités de production. Outre une gamme de carrosseries sur porteurs avec des spécialités comme le fourgon porte-voitures confidentiel (après l’historique Cargoteral à ouvertures latérales coulissantes ou le porte-palettes aériennes) ou les casiers porte bouteilles gaz, Asca réalise des sous-ensembles pour d’autres constructeurs (tels les modules trains roulants pour citernes) et dispose d’une offre étendue de remorques et semis. La gamme réunit ainsi plateaux lourds et forestiers, fourgons et porte-voitures « sur mesure » (palettes aériennes…) et depuis plusieurs décennies un semi Citadine à essieu dirigé de longueur 7,6 m à 11,2 m carrossée en fourgon, PLSC et plateau ridelles. Par ailleurs, l’entreprise est renommée pour son offre diversifiée de remorques et semis porte-conteneurs (gamme Chassitainer) avec plus de 30 modèles squelettes : 20’ – droits, surbaissés, extra-courts, BTrains –, chimie – citernes et CAMO – extensibles 20/30’, 40/45’ diversement déclinés, châssis bennants 20 à 40’, à chariot coulissant… Elle propose aussi dollys et plateaux porte-conteneurs en diverses longueurs avec des versions Open Box C+ et à chariot coulissant. « Nous sommes experts dans le domaine depuis cinquante ans et avons créé notre première gamme standard de porte-conteneurs en 1990, explique Laurent Dessaix, directeur commercial d’Asca. La série Chassitainer est à même de transporter tous les types et toutes les tailles de conteneurs, et propose de nombreux équipements et options. Elle est régulièrement enrichie et améliorée, avec par exemple une gamme récente Extra Courte de châssis 20’ à trois essieux avec l’encombrement d’un 20’ classique deux essieux. Déclinée en plusieurs versions : droit, bennant et BTrain – que nous sommes les seuls à proposer en tridem. Elle a été rejointe par des véhicules allégés : 20’ citerne de 3,25 t de tare et 40’ tunnel de 3,98 t avec bouteilles, pare-chocs et jantes alu. » « Le marché français a repris des couleurs, et nous y observons plusieurs tendances comme l’accroissement du poids des boîtes transportées, qui dope la demande de véhicules multipositions, dont le 20’ lourd centré, poursuit Laurent Dessaix. La demande de châssis surbaissés attelant à 1 100 mm avec monte 385/55 R 22,5 pour le transport de conteneurs HiCube hors frontières est aussi en hausse. Non obligatoires en France, ils sont requis pour l’international. Le châssis à chariot coulissant, indispensable pour les déchargements à quai, reste notre produit phare : il nous est demandé dans 80 % des cas pour les 40/45’ multipositions. »

Asca observe aussi des divergences géographiques de silhouettes entre ses clients du Nord et ceux du Sud. Les premiers sont plus demandeurs de châssis gooseneck et de trains routiers 2 x 20’ avec dolly que les seconds, qui utilisent davantage des châssis droits et BTrains. L’entreprise enregistre peu de demandes liées à la connectivité, hormis la surveillance de pression des pneus, et estime limité (30 à 40 véhicules) le marché des génératrices. Celui de la chimie et des citernes, encore plus spécifique, requiert des châssis « light » et des équipements ADR, options proposées dans son catalogue.

Asca considère la demande de matériels pour 45’ comme anecdotique, et n’enregistre pas d’effets commerciaux consécutifs à la mise en place des UTC 45’ européennes. Outre la rareté des matériels, l’explication est peut-être dans la persistance de l’encadrement du transport de 45’ – toujours soumis en France à l’arrêté du 4 mai 2006 relatif aux transports exceptionnels et son article 17.6 (autorisation individuelle de portée locale) – en attente de la transposition en droit national de la directive UE 2015/719 modifiant la 96/53/CE relative aux dimensions maximales autorisées.

« Le marché français est demandeur de produits simples et faciles d’utilisation. Cela limite la diffusion des extensibles, qui présentent souvent des difficultés de répartition de charges et de tenue dans le temps. Asca a adopté pour sa part une approche privilégiant la fiabilité, comme l’illustre notre processus de traitement anticorrosion et peinture, avec un zincage châssis par projection à chaud précédant la peinture, les verrous et autres équipements étant montés a posteriori. Les chariots coulissants à galets inox circulent ainsi sur des plats de longerons métallisés en profondeur et résistant durablement à l’usure et à la corrosion », conclut Laurent Dessaix.

Attentif aux besoins du marché, où il enregistre – particulièrement chez les artisans transporteurs – des demandes sur les essieux suiveurs et les relevables, le constructeur francilien perfectionne ses véhicules et répond à l’intérêt croissant des transporteurs pour les équipements liés à la sécurité et à l’ergonomie. C’est dans cet esprit qu’il a présenté à Solutrans une évolution du porte-conteneurs à chariot coulissant tunnel PCCT amélioré en termes de sécurité et de praticité. Le véhicule dispose d’une plateforme avant et arrière avec main courante d’accès et emmarchement spécifique sécurisé, d’arrêts de porte sur châssis et d’un tableau regroupant toutes les commandes d’air de coussins et bouteilles. Sa capacité en air est accrue pour une autonomie et une vitesse plus grandes du chariot avec commande hydropneumatique. Asca sécurise les connexions de flexibles en proposant en option le système Jost Easy Connect en extrémité de traverse avant. Le constructeur d’Épône a amélioré ses coussins de suspension et introduit un système de déverrouillage de sellette et de verrouillage de train roulant par bouton poussoir sur les BTrains, au bénéfice du confort d’utilisation et de la vitesse opératoire.

Asca dispose à Épône d’un bureau d’études où travaillent 10 ingénieurs et techniciens utilisant divers logiciels de modélisation et simulation numérique multiphysiques (CAO et DAO) et rompus à l’élaboration de solutions sur mesure.

Installé sur un site de 30 000 m² (11 000 m² couverts), l’outil industriel comporte un atelier carrosserie et une ligne de construction de véhicules composée de divers postes de fabrication châssis et six fosses de finition de véhicules.

Asca dispose en outre de trois cabines de grenaillage, peinture et traitement de surfaces, avec deux tunnels de 35 m.

Une réorganisation des flux de production dans le cadre d’un recentrage de l’offre produits optimisant les temps de production est programmée dans le cadre d’un plan d’investissement et d’amélioration à moyen terme de l’outil industriel. De quoi reprendre la première place du marché français ?

F.B.

L’origine d’Asca remonte à 1968, quand l’Association ouvrière des compagnons du devoir et du Tour de France (AOCDTF) met en place un réseau d’ateliers école dont un dédié à la carrosserie industrielle à Vitry-sur-Seine sous le nom Ateliers Sainte-Catherine, transféré à Épône en 1974. La marque Asca est déposée en 1985 et se distingue par une forte activité R&D et des approches innovantes (recherches en soufflerie, emploi de matériaux d’avant-garde type alliages légers, lasers…) aboutissant à plusieurs produits phares comme les attelages courts à écartement variable ou le fourgon à parois coulissantes.

L’association modifie sa stratégie, à la fin des années 1980, pour se recentrer sur la seule formation des jeunes et des adultes, fermant tous ses ateliers école et la carrosserie – dont les salariés sont licenciés – en décembre 1991. Quatre-vingts d’entre eux réinvestissent leurs indemnités et mobilisent diverses aides publiques et privées pour créer la SA Asca avec un capital social de 6,7 millions de francs sous forme de Scop, entreprise qui reprend les actifs et le fonds de commerce des Ateliers Sainte-Catherine. Asca se réorganise progressivement en installant une nouvelle chaîne de production de châssis en 1998 puis un nouvel atelier en 2001, rachète le carrossier bourguignon Demico en 1999 et valide durablement ses process industriels et sa démarche qualité avec une certification ISO 9001 obtenue en 2007. Enfin, l’entreprise renforce son activité d’aménageur intérieur (gamme Cargosport) en agrandissant son atelier spécialisé dédié la même année, avant de se recentrer en 2011 sur son cœur de métier, la carrosserie industrielle.

La Scop est une société coopérative de forme SA, Sarl ou SAS dont les salariés sont les associés majoritaires (si tous ne le sont pas, ils ont toutefois vocation à le devenir) qui élisent leur conseil d’administration. Sur le plan fiscal, la Scop est exonérée de la contribution économique territoriale (cotisation foncière et cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) et bénéficie d’une exonération d’IS pour la fraction des bénéfices distribuée aux salariés et celle mise en réserve.

Les Scop représentent en France 2 500 entreprises pour 45 000 emplois (dont un tiers dans le BTP, un quart dans l’industrie et plus de 40 % dans les services) ; 1 750 d’entre elles ont adopté ce statut ces dix dernières années, souvent suite à une création, une reprise ou une transmission. Elles créent en moyenne 1 100 emplois par an et, selon le mouvement coopératif, leur taux de survie est supérieur à celui de la moyenne nationale (82 % vs 66 % à trois ans, 65 % contre 50 % à cinq ans).

F.B.

Effetifs : 90 salariés, dont 5 commerciaux

CA 2017 : 15,2 M€ (essentiellement en métropole et DOM-TOM)

Plus de 600 véhicules produits.

Plus de 40 points d'après-vente en France.