Évolution des métiers, itinéraires professionnels, classement logique des métiers. Après deux années de négociations, le déménagement s’est doté de nouvelles grilles de classification qui entendent prendre en compte tant la réalité des entreprises que la valorisation des compétences exercées par les salariés. Le système actuel, qui repose sur la méthode Parodi, consiste à identifier des emplois, à en définir les tâches, et, ainsi, à leur attribuer à un coefficient qui permet de définir une rémunération. Simple d’application, il s’avère en revanche rigide en matière d’évolution. « Lorsque les métiers évoluent, les missions et tâches décrites dans la convention collective deviennent vite obsolètes voire absurdes, souligne Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l’OTRE. Nous sommes partis sur une nomenclature et, pour apporter une évolution à ces emplois, il faut toujours des travaux compliqués et au long cours. » Ainsi, sur l’ensemble des emplois sédentaires, plusieurs emplois ne correspondent plus aux métiers d’aujourd’hui. « Les sténodactylos des années 50 sont ainsi encore dans la convention collective, indique Alexis Gibergues, administrateur du conseil de métier et professionnel siégeant en commission paritaire de négociations. En revanche, des métiers qui sont apparus ensuite, comme le coordinateur, qui possède des compétences transversales, comme l’autonomie, le lien avec les clients et la gestion des équipes sur le terrain, n’apparaissent pas dans le système Parodi. Les employeurs devaient donc le classer sous un autre métier qu’ils estimaient proche, comme le contremaître ou le commercial. » Une réflexion s’est opérée au sein de chaque secteur d’activité de la branche, notamment dans le TRM qui souhaitait mettre à jour ses emplois spécifiques, comme ceux des conducteurs. Côté déménagement, le choix est ainsi fait d’ouvrir les débats sur les emplois spécifiques et sédentaires pour migrer vers le système des critères classants.
Commence alors un travail d’équipe à partir d’un socle initialement élaboré par la CSD. Des perfectionnements y sont peu à peu apportés par l’OTRE, la CSD et les organisations syndicales pour que le nouveau système permette de faire évoluer les personnes au sein des entreprises tout en correspondant au terrain. Les partenaires sociaux ont également travaillé avec un panel d’une vingtaine d’entreprises de déménagement de tailles et d’activités différentes (déménagement d’entreprises, de particuliers, militaire…) afin de s’assurer de la bonne déclinaison des grilles pour tout type d’emploi dans le secteur. Le nouveau dispositif fait alors apparaître 4 tableaux, chacun correspondant à une catégorie socioprofessionnelle (ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise, ingénieurs et cadres). « L’entrée dans une des 4 grilles est déterminée par l’expérience, la formation, les connaissances du salarié, explique Alexis Gibergues. Et ces trois points se conjuguent avec ses niveaux de technicité et ses degrés de responsabilité et d’autonomie. Ces trois niveaux de lecture permettent ainsi un cheminement individualisé, selon des critères plus objectifs. » Autre avantage, les grilles ainsi conçues permettront à la fois de classer les emplois actuels et ceux qui n’existent pas encore, sans avoir à attendre que la convention collective les identifie.
Les partenaires sociaux ont pris soin d’inscrire un délai d’application tardif, à six mois à partir de la date d’extension de l’accord. Les entreprises ne l’appliqueront ainsi au plus tôt qu’à l’été 2019. Le temps pour les organisations patronales de procéder à un travail pédagogique d’information pour que les entreprises s’approprient ces nouvelles grilles. La CSD et l’OTRE procéderont à des sessions de formation et à la rédaction de guide de méthodologie à destination de leurs adhérents.