Placé sous le signe des carburants alternatifs, Uniti Expo a démontré mi-mai à Stuttgart le maintien d’une forte appétence pour les stations-services privatives diesel. « Uniti est l’un des principaux salons professionnels en Europe consacré aux systèmes de distribution de carburant. Si tous les fournisseurs de stations-services ont présenté leurs nouveautés GNV, ils conservent une offre et des gammes étoffées dans le domaine du diesel, constate Frédéric Gauch, président et directeur opérationnel d’ALX Technologies, qui déclare l’aménagement de plus de 10 000 stations privatives à sa marque. Ce marché se porte bien sur le segment du transport routier de marchandises. » Avec un écart de l’ordre de 4 centimes par litre aujourd’hui, le resserrement des prix à la pompe et en vrac ne semble pas affecter cette tendance. En France, la part des transporteurs équipés de cuves et de stations privatives s’élève ainsi à 85 % environ selon le Comité national routier. Englobant les frais d’équipements, de normalisation imposés par la réglementation, de génie civil ou de mise en conformité et d’entretien, l’investissement varie de 100 000 à 400 000 euros selon l’installation. « Les transporteurs continuent à considérer ce choix comme économiquement valable », souligne le CNR, qui relève des économies d’échelle significatives à partir de livraison en vrac de 32 m3, soit la capacité d’un camion-citerne. D’autres arguments plaident pour la possession d’une station privative, selon Frédéric Gauch, tels que « la réduction des kilomètres inutiles et des pertes de temps liées, l’autonomie en cas de grève et une meilleure gestion du poste carburant ».
Sur un marché mature, le dynamisme de la station privative reflète le profil des motorisations du parc roulant composé en majorité de véhicules diesel. En France, la flotte de camions alimentée par des énergies alternatives, au gaz en particulier, ne compte encore que quelques milliers d’unités en effet. « L’ouverture d’agences, la construction de stations plus modernes ou la concentration du secteur maintient une demande soutenue en nouveaux équipements privatifs. Ils se caractérisent par des capacités plus importantes jusqu’à cinq à six pistes », relève Josselin Guéant, directeur de l’activité privative et gaz chez Tokheim Services France (TSF). S’ajoutent la mise en conformité réglementaire des sites existants et les besoins nés des nouvelles générations de véhicules. « La demande actuelle en équipements de stockage et de distribution d’AdBlue est très forte. Les transporteurs ont conscience que leur consommation d’additif ira en progressant et cherchent à sécuriser leur approvisionnement », analyse Frédéric Gauch. En sus d’une nouvelle gamme de conteneurs de stockage d’AdBlue baptisée Bluebox, la dernière génération de distributeurs eDIS d’ALX Technologies croise cette demande avec le modèle eDIS-Combi diesel AdBlue.
Chez TSF, la gamme Profleet à l’attention des transporteurs routiers comprend également cette offre de stockage et de distribution via, par exemple, le distributeur Quantium AdBlue. « La station privative s’enrichit également d’autres produits d’appoint comme la distribution de lave-glace, liquide refroidissement ou d’huile lors des pleins de carburant », déclare Christian Jalaudin, cogérant d’Automatic Technologies. Revendeur et assembleur multimarques, la société a équipé de ces distributeurs d’appoint Picq & Charbonnier et les Transports TCP.
Adossées à des automates et pompes avec des débits de 40 à 120 litres par minute et système de métrologie pour refacturer les prises de carburant à des tiers, les principales innovations autour des stations privatives concernent leur mode de gestion et d’accès. « Les nouvelles générations de logiciels qui les pilotent sont en mode serveur Web, déployés chez le transporteur avec de possibles interfaces avec leur système de gestion de parc voire leur TMS, ou hébergés par les fournisseurs de stations privatives », note Christian Jalaudin.
Sous la marque Smart Refuelling, Hectronic rassemble ainsi l’ensemble de son offre dite de « station intelligente ». Composée d’automates comme l’Heconomy, des distributeurs HecDistrib ou HecPump, elle compte également le système PetroPoint AVR. « À l’aide d’un pistolet doté d’un récepteur, il s’agit d’un dispositif de reconnaissance automatique des véhicules équipés d’un émetteur embarqué. L’autorisation de la pompe, la mémorisation et la gestion des données du plein se déroulent en quelques secondes. Lorsque le pistolet est retiré, la distribution s’arrête automatiquement. PetroPoint AVR permet une remontée des kilomètres et évite les évaporations de carburant », présente Sylvain Duverger, directeur général de Hectronic France, dont le pilotage des stations est assuré par le logiciel HecPoll. Lequel est proposé en version mono et multipostes ainsi qu’en mode client Web hébergé. Parmi les nouveautés de la marque, l’application HecFuel permet d’activer et d’autoriser la prise de carburant au moyen du smartphone du conducteur. « Ces innovations permettent aux chauffeurs de gagner du temps lors des pleins et évitent l’emploi de badges et autres systèmes d’accès manuels », confirme Frédéric Gauch. Assurant l’accès sécurisé à la pompe par reconnaissance automatique autour d’un récepteur disposé sur le pistolet ou sur la station et d’un émetteur à bord du véhicule ou sur son réservoir, le logiciel Web serveur LVNET d’ALX offre d’autres possibilités d’identification. « La reconnaissance du véhicule peut être obtenue à partir de sa géolocalisation via son informatique embarquée. Le conducteur n’a aucune opération d’identification à réaliser avant de faire le plein. De façon automatique, les données du véhicule sont transmises à LVNET, qui propose le calcul de la TICPE numérique ainsi que la possibilité d’enregistrer par vidéo-surveillance toutes les prises de carburant. »
Moins sophistiqué mais tout aussi efficace, « le badge unique pour piloter plusieurs fonctions comme l’entrée du parc, l’accès au local conducteurs, le lavage, la prise de carburant et d’autres fluides est toujours très apprécié des transporteurs », insiste Christian Jalaudin d’Automatic Technologies.
Pour alléger les manipulations et simplifier le travail des conducteurs, TSF se distingue également par la richesse de son offre de reconnaissance automatique sur ses stations. Par GPS, émetteur, lecteur ou badge sous différentes technologies, « ces solutions fiabilisent l’identification et la remontée du kilométrage ou du contenu des cartes tachygraphes », valorise Josselin Guéant, dont le groupe déclare l’aménagement de plus de 32 000 stations privatives, avec un quart dans le transport routier de marchandises. Proposant le calcul de la TICPE numérique, son logiciel serveur Web DiaLOG participe aussi à optimiser la maintenance de la station. « Le transporteur attend un fonctionnement et une disponibilité permanentes de ses équipements. D’un mode curatif, l’entretien devient préventif, voire prédictif avec, si souhaité, un pilotage à distance dans le but de l’alerter en cas de dysfonctionnement et d’anticiper les éventuelles pannes ». À sa quatrième version mono ou multisites, Dialog, TSF propose son outil de maintenance « My Tokheim »,pour le suivi et l’archivage des rapports d’intervention avec photos et commentaires fournissant un historique centralisé des entretiens. Sur un effectif de 800 personnes, TSF l’entreprise déclare en plus la présence de 385 techniciens sur le terrain. L’alarme « pro-active » figure également dans les fonctionnalités de LVNET d’ALX. « Cette gestion à distance est adossée à un réseau de 70 distributeurs et techniciens agréés sur le territoire et d’une logistique qui assure des livraisons de pièces en J+1 si nécessaire », précise Frédéric Gauch.
À la fourniture d’équipements jusqu’à l’aménagement de stations clé en main, « les transporteurs sont de plus en plus attentifs à la notion de service après-vente notamment au sein de réseaux multi-sites où le pilotage de l’entretien et de la maintenance des installations est plus complexe, confirme Sylvain Duverger de Hectronic. Hébergée ou non chez nous, la gestion et l’analyse centralisées et couplées à une maintenance préventive apportent une vraie valeur ajoutée et une meilleure gestion des installations. » Dans cette logique, le responsable s’étonne que ce souci de maîtrise et de précision ne s’étende pas à la gestion des stocks et à l’entretien des cuves. « Près d’un tiers des transporteurs ne disposent pas de jauge ou sinon possèdent des dispositifs avec flotteur dont la qualité est perfectible et la manipulation peu pratique », remarque-t-il. Pour améliorer le suivi des quantités, de la température et du niveau d’eau des carburants stockés dans les cuves, il préconise l’emploi de jauge électronique. Sous le nom OptiLevel chez Hectronic, cette solution est disponible chez tous les fournisseurs de stations.
Avec des capacités de 3 000 à 50 000 litres, les fournisseurs de stations constatent enfin un intérêt croissant des transporteurs pour les stations mobiles. « Sous la forme de conteneur intégrant une cuve, un automate et un distributeur, elles permettent de déplacer la station selon les besoins, et sont opérationnelles immédiatement », indique Christian Jalaudin d’Automatic Technologies. « Cette solution est notamment privilégiée lorsque le client n’est pas propriétaire du terrain ou lorsque son budget d’investissement est limité, avec un coût cinq fois inférieur à une station fixe », ajoute Sylvain Duverger.