DAMIEN PICHEREAU : Nous avons procédé à 70 heures d’audition auprès d’acteurs professionnels et institutionnels, de fédérations professionnelles, de syndicats de salariés, d’associations environnementales. Cette mission VUL comporte deux axes. Le premier est lié à l’interurbain. Il est à noter l’absence réelle de chiffres. Notre premier constat repose, par conséquent, sur la nécessité de faire émerger des études statistiques fiables susceptibles d’illustrer le développement des VUL sur la base d’éléments précis. On se rend compte en fait que l’on n’a pas vu arriver ce bouleversement. Le phénomène le plus frappant à cet égard est la part importante prise par les grands VUL, ceux qui évoluent sur des PTAC compris en 2,5 t et 3,5 t. Ces véhicules représentaient un quart du parc en 2001 et un tiers en 2010. Ils accaparent aujourd’hui près de la moitié du parc en France. En clair, il y a une hausse substantielle du poids des gros VUL dans l’interurbain.
D. P. : On constate également une hausse drastique du nombre de VUL, en partie liée au fait que les collectivités mettent en place des interdictions de circuler en direction des camions. Le manque de zones et d’aires de livraison disponibles provoque de la congestion et de la pollution. C’est un volet que nous devons réglementer. Il est partagé par tous. La loi d’organisation des mobilités, qui sera débattue en septembre, et le paquet Mobilité, vont poser un cadre à la fois hexagonal et européen. Nous sommes animés par deux objectifs : que l’on ne crée pas de désavantage entre nos transporteurs du secteur léger français et ceux des autres pays et que l’on ne leur crée pas de contraintes supplémentaires massives, même si je pense que la France peut être motrice comme elle l’a été, il y a quelques années, sur la FIMO. Et que l’on ne perde pas de vue que le VUL utilisé aujourd’hui en transport de marchandises pour compte d’autrui constitue une minorité comparée au parc des 6,2 millions de VUL qui circulent en France. Pour autant, nous avons dressé le constat d’une moyenne de + 10 à + 15 % de surcharge chez les VUL. On a même constaté des extrêmes à 300 %.
D. P. : Il est absolument nécessaire d’intégrer la logistique urbaine, le dernier kilomètre, dans les réflexions sur l’urbanisme de chaque collectivité territoriale. Nous demandons notamment à ce que soit mis en place un schéma de logistique urbaine qui soit intégré dans les plans de déplacement urbain. Ce phénomène doit absolument être pris en compte par les collectivités, car le nombre de VUL va continuer d’augmenter sur fond de croissance continue des échanges.
L’un des points clés de notre mission sur ce sujet se loge dans cette confession entendue dans la bouche de nombreux acteurs du transport léger en urbain : « Nous transportons avant tout de l’air. » Il va être nécessaire de se pencher sur l’emballage, sous le double prisme du déchet et du transport. On se rend compte que, dans l’urbain, les véhicules ne roulent pas en surcharge puisqu’ils transportent « de l’air ». Si l’on parvient à réduire la taille des emballages, on augmente le nombre de colis dans chaque véhicule et on réduit le nombre de VUL.