Une formation en groupement pour recruter

Manque de candidats, image écornée du métier, méconnaissance du secteur. En créant leur propre académie, trois transporteurs réunis en groupement près de Troyes (10) entendent participer à l’amélioration de l’attractivité du secteur. Le groupement Log’in3 est né en 1987 suite à un rapprochement de la structure commerciale de TCP et de celle de Gamba & Rota. « Cette démarche relevait davantage d’une histoire d’hommes que d’entreprises car mon père qui dirigeait à l’époque TCP et son confrère s’entendaient bien et se complétaient sur les différents marchés », précise Mathieu Tschupp, dirigeant de TCP qui regroupe aujourd’hui 290 salariés. Les deux transporteurs ont ensuite repris STTI, spécialisée dans l’international. Depuis, les 3 entreprises disposent de 3 fonctions regroupées : un commercial, deux formateurs à la conduite et un responsable qualité.

En 2017, les 3 acteurs recherchent des conducteurs. Les activités reprenaient mais les instituts de formation n’avaient pas engendré assez de candidats. Pour pallier ce manque, décision est prise entre les 3 sociétés de régénérer elles-mêmes leurs effectifs. Ainsi est née Log’in3 Académie(*), en partenariat avec l’Afpa et Pôle Emploi. La formation, longue et aboutissant sur un titre professionnel et l’obtention du permis C, représente un investissement important. La démarche de cette école repose donc sur une sélection à l’entrée pour « éviter les profils qui risquent de partir après deux jours », souligne Mathieu Tschupp. Dans un premier temps, les demandeurs d’emploi recensés par Pôle Emploi indiquent au groupement s’ils sont intéressés. L’Afpa procède ensuite à des tests. Enfin, les trois transporteurs passent un entretien avec les candidats restants. Pour la première promotion, l’Académie proposait 12 places pour 300 candidats qui avaient répondu à Pôle Emploi, souligne Cyril Rota, dirigeant de STTI qui regroupe 90 salariés : « Une dizaine ont été pourvues par des personnes de 19 à 54 ans. Et sur les 10, 2 ont abandonné. » Traction de nuit, messagerie, zone courte ou encore grande route, chaque candidat savait dès le début de sa formation, en septembre, quelle entreprise il allait rejoindre, quel service et quel métier de transport il exercerait.

Après cette première promotion qui se termine en avril, une deuxième est envisagée. Les entreprises se heurtent toutefois une nouvelle fois au manque d’attractivité : « nous devons auparavant dénicher des profils opérationnels », indique Cyril Rota qui rappelle les difficultés rencontrées pour remplir la première formation.

Pour les deux transporteurs, il est également important de travailler sur l’image du secteur. Un enjeu que vise également Log’in3 Académie, pour que la population ne se représente plus le conducteur comme un chauffeur de l’Est, peu formé : « le métier traîne une image négative, regrette Mathieu Tschupp. À nous de redorer le blason en ouvrant nos portes, en invitant Pôle Emploi. Parfois, une personne qui monte dans un camion se rend compte du confort du véhicule, de l’intérêt du métier. Le travail sur l’image se fait au quotidien. »