L’Europe sociale marque des points, l’Europe politique en perd. Tel pourrait être le constat de ces premiers jours du mois de mars, marqués par le projet d’accord sur la révision de la directive détachement et la victoire des partis populistes en Italie. Sur le premier plan, la partie de la révision de la directive détachement n’est pas encore gagnée. Dans l’équilibre subtil à trouver entre les Pays de l’Ouest et de l’Est sur le socle social commun, les deux eurodéputées, rapporteurs du rapport du Parlement sur le projet de révision, la commissaire aux affaires sociales et la vice-ministre bulgare du travail et de la politique sociale ont réussi à proposer une ébauche d’accord sur la révision de la directive de 96, qui marque un pas significatif dans la construction de l’Europe sociale (dont, malheureusement, le TRM est exclu pour l’instant). L’Europe sociale comme l’Europe économique sont au cœur des préoccupations de la France qui essaie de se situer dans les nouveaux équilibres politiques qui se dessinent au sein de l’Union. Sans oublier l’« épine » du Brexit… En Italie, bien que les partis vainqueurs des élections aient nuancé leurs propos sur l’Europe, il ne s’agit pas vraiment de forces politiques « euro-motrices » au plus profond d’elles-mêmes. De quoi tenir en haleine les partenaires de l’Italie, parmi les pays fondateurs de la Comunauté européenne, il y a 60 ans. Concernant le transport, la Ligue et le Mouvement 5 Étoiles prônent la relance du fret ferroviaire, dramatiquement minoritaire dans le transport de marchandises dans la Péninsule. Cependant, le M5S serait prêt à fermer les vannes pour les aides aux transporteurs routiers, pour s’assurer une mesure musclée en faveur du report modal. De quoi inquiéter des entreprises déjà suffisamment plombées par le dumping social. La Ligue ne serait pas si manichéenne. Reste à savoir quel choix de gouvernement fera le Président de la République et quelle direction prendra l’un des piliers de l’Europe.
Éditorial