Un manque d’anticipation criant

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Si l’on ne peut critiquer la neige en hiver, le mécontentement peut toutefois s’exprimer contre la gestion de la circulation. Les professionnels du transport sont unanimes dans la dénonciation d’une mauvaise gestion de la crise par les autorités.

60 M€ de pertes par jour : tel est le chiffre faramineux avancé par les fédérations des transporteurs pour crier au scandale, suite aux grosses perturbations qu’a connues essentiellement le transport routier en l’Île-de-France, suite aux chutes de neige de la semaine dernière. « Des annonces d’interdiction de circulation non suivies par la publication rapide des arrêtés entrainant pour les camions un empêchement de repartir alors que les autorisations sont annoncées ; absence totale de coordination entre préfets de zones de défense et préfets de département ayant pour conséquence qu’une levée d’interdiction de circuler se heurte à une interdiction établie dans un département limitrophe », dénonçaient FNTR et TLF. Pour sa part, l’OTRE, qui partage leur analyse, a demandé la mise en place du dispositif de chômage partiel, comme cela a été le cas pour la crue de la Seine, et a demandé l’état de catastrophe naturelle. Le syndicat patronal a pointé notamment que la mise en place des zones de stockage de poids lourds est notamment préjudiciable au transport régional dès lors qu’il concerne des zones non touchées.

Un principe de précaution excessif ?

Avec des milliers de camions arrêtés sur les routes — nationales et autoroutes — et des chauffeurs qui, pour certains, ont été livrés à eux-mêmes pendant 24 h, la gestion de cette « semaine blanche » a été catastrophique. Le constat est unanime : les prévisions météo avaient été claires sur l’épisode neigeux mais les décisions de limiter voire d’interdire la circulation aux abords de la capitale ont été trop tardives empêchant les transporteurs de se réorganiser. « On a été prévenus le jour même, déplore Thierry Douine, président de la CFTC. « On aurait pu anticiper ; les conducteurs auraient pu ne pas partir ou s’arrêter dans de meilleures conditions. Certains conducteurs ne savaient pas pourquoi ils étaient arrêtés et n’ont vu personne pendant deux heures », rapporte-t-il. « Certains journaliers étaient partis le matin pour rentrer le soir et n’étaient pas équipés pour rester plusieurs heures dans leur camion ». « L’État et les départements n’ont pas fait ce qu’il fallait. Des conducteurs sont restés bloqués sur la RN4 juste après une aire de repos sans vivres ni eau. Il y a des conducteurs qui s’y sont rendu à pieds », s’insurge Patrick Blaise, secrétaire général de la CFDT Transport, particulièrement choqué par la pagaille en Région parisienne et mécontent de ne pas avoir été reçu avec les autres syndicats par Élisabeth Borne qui a pourtant rencontré les OP. « Certains transporteurs ont pu anticiper, d’autres ont envoyé des véhicules pour récupérer leurs chauffeurs. Certains chauffeurs sont restés à Rungis ou sur un dépôt », raconte-t-il. « Il faudrait avoir une liste précise et fixée au niveau national des dérogations aux interdictions », clame pour sa part Christian Rose, directeur des relations adhérents et institutionnels de l’AUTF. Dans l’Ouest, les camions transportant des denrées périssables pouvaient circuler mais ils étaient bloqués une fois en Île-de-France ! », note-t-il, pourtant plus nuancé dans les critiques concernant l’épisode neigeux, mieux géré que le précédent. Par ailleurs, compte tenu de la situation exceptionnelle, non imputable aux transporteurs, l’AUTF a évoqué la bienveillance dont les chargeurs ont fait preuve. Cependant, les ventes perdues « ne se rattrapent pas », ajoute Christian Rose.

Des conducteurs aidés par la Croix-Rouge

C’est sur le réseau autoroutier Sanef-Sapn qui compte, entre autres l’A1 et l’A13, que la Croix Rouge est intervenue pour apporter des boissons et des vivres aux conducteurs arrêtés sur les voies de gauche (les « zones de stockage » mises en place suite aux arrêtés préfectoraux, Ndlr) des autoroutes A1, A4 et A13. « Nous avons un partenariat avec la Croix-Rouge et nous l’avons sollicitée trois fois ». La société concessionnaire a établi plusieurs zones de stockage et a décompté 3 150 camions stockés les 6 et 7 février sur ces zones et 2 060 le 9 février.

Zones de stockage

À la suite des arrêtés préfectoraux interdisant la circulation des véhicules de plus de 7,5 tonnes dans plusieurs régions françaises, des zones de stockage ont été établies. On peut citer celles mises en place sur le réseau Sanef-Sapn : A1 (péage de Fresnes, péage Chamant et près du Parc d’Astérix), A2 (péage d’Hordain), A 16 (Amblainville), A4 (péages de Coutrevoult, Montreuiol aux Lions et Dormains, A13 (péages de Buchelau et Heudebouville). Le flux des camions a été régulé à l’aide des gendarmes au fil de l’évolution des arrêtés, y compris pour leur remise en circulation. Le 8 février a été une date particulièrement « intéressante » pour la société concessionnaire qui, à 11 h 30, annonçait que les routiers quittaient progressivement les zones de stockage suite à la levée d’interdiction en Île-de-France pour annoncer le rétablissement des zones à 18 h 30. Une zone supplémentaire était même mise en place sur l’A26 (péage de Setques). « Nous avons communiqué via notre site web, notre radio sur la base des prévisions de Météo France et de nos stations météo », explique Vincent Fanquet, directeur adjoint à l’exploitation. Obligées d’être réactives très vite, les équipes en charge de la viabilité hivernale ont pu baliser les zones de stockage à temps, assure-t-il. Mais, souligne-t-il, « le facteur primordial est la décision des préfets ». Les zones sont mises en place, selon l’itinéraire et les zones impactées par les intempéries, sur la base d’un plan de gestion du trafic établi avec les autorités.

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