Les constructeurs de camions ont retrouvé le sourire. Leur bonne humeur était perceptible lors du bilan annuel dressé par la Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle (CSIAM) pour le marché des véhicules industriels de 5 t et plus. De fait, en 2017, les immatriculations des véhicules industriels neufs ont progressées de 7 % pour atteindre 50 428 unités, soit bien mieux que les prévisions qui tablaient sur 48 000 véhicules. Rappelons qu’en 2016, le marché avait déjà progressé de 13 % avec 47 000 immatriculations. « Il s’agit de la meilleure année qu’on ait connu après 2008, année de tous les records avec 57 360 unités. Pendant près de dix ans, le marché s’est trainé sous 42-43 000 unités et il rejoint maintenant un niveau que l’on qualifie d’élevé alors qu’il paraissait normal avant la crise », observe Thierry Archambault, président-délégué de la CSIAM. La reprise se diffuse également chez les sous-traitants et équipementiers. « Je ne reçois plus aucun appel de carrossiers pour se plaindre de ses difficultés. Les prises de commandes sont en hausse de 5 à 15 % », témoigne ainsi Patrick Cholton, président de Solutrans et de la Fédération française de carrosserie.
Lors de l’année écoulée, le marché des VI de plus de 5 tonnes s’est établit exactement à 50 428 immatriculations contre 47 132 en 2016 (+ 7 %). Le segment des porteurs augmente de 13 % (22 788 unités). Cette hausse fait suite à celle enregistrée en 2016 (+ 21 %). « Ce segment rattrape une part de marché perdue il y a 2-3 ans », souligne Thierry Archambault. Le marché des tracteurs confirme également sa croissance avec 27 639 unités (+ 2,8 %) après une année 2016 également positive (+ 7,8 %). Il reste le segment majeur avec près de 55 % des parts de marché total. Cette bonne santé s’explique pour partie par les projets de construction liés au Grand Paris, son influence se faisant ressentir « bien au-delà de la région parisienne », ont fait remonter les constructeurs. Mais le BTP n’est pas le seul secteur à profiter d’un vent favorable. Le transport routier de marchandises ressort la tête de l’eau. « Lors du dernier salon Solutrans, j’ai rarement vu un tel vent d’optimisme chez les transporteurs. Ils arrivent à passer des augmentations de prix, notamment parce que leurs clients ont compris que le secteur fait face à une pénurie de chauffeurs : il faut mettre le prix si l’on souhaite que ses transporteurs continuent à rouler », souligne Jean-Marc Diss, directeur général de Mercedes-Benz Trucks France et président de la Branche VI de la CSIAM.
Pour 2018, la filière prévoit un marché encore en croissance pour les VI, en particulier sur le segment des porteurs, porté par les secteurs de la construction, du BTP et de la distribution de manière plus générale. Les constructeurs misent également sur une vente accrue de services, notamment à travers la location. « On a vu un réel intérêt pour la location sur le segment des utilitaires il y a 2-3 ans. C’est au tour du poids lourd et je pense que le changement de mentalité s’opérera encore plus rapidement », prévoit ainsi Jean-Marc Diss. « Les turbulences que subit le marché VO depuis 18 mois (prix en baisse et délais de revente accrus), va accélérer le mouvement vers la location. Le camion deviendra le problème du constructeur, pas des transporteurs. Certains sont encore persuadés qu’il est encore important d’avoir leurs noms sur la carte grise, mais c’est une question de génération ; les nouvelles veulent se décharger du risque de la maintenance et de la réparation et optent pour des solutions clés en main. Mercedes veut doubler son activité de gestion de flotte », poursuit-il. Ce constat est partagé par Lionel Bertuit, directeur commercial de Volvo Trucks : « le mouvement s’est accéléré avec la digitalisation, l’arrivée des plateformes collaboratives et maintenant des énergies alternatives. Les clients veulent réagir en fonction du coût d’usage. Ils ne veulent pas prendre tous les risques car certains paramètres sont difficiles à évaluer, notamment pour les motorisations alternatives ». Côté constructeurs, Renault Trucks occupe toujours la première place sur le podium des VI de plus de 5 tonnes avec 27,7 % de part de marché. Le constructeur au losange gagne un point par rapport à l’an passé et met fin à plusieurs années consécutives de baisse. Mercedes occupe la seconde place 14,9 % de parts de marché. Derrière le duo de tête, un autre duo joue de la calandre : Volvo Trucks, avec 12,5 % double de peu DAF avec 12,1 %. Les trois derniers constructeurs restent tous au dessus de 10 % du marché : Scania à 10,9 %, Iveco à 10,7 % et MAN à 10,0 % (données CSIAM).