Réduction des émissions polluantes et progrès social. Ce sont deux éléments discriminants qui ont valu aux États – dans le passé et encore aujourd’hui – le droit d’entrée dans des organisations internationales, à commencer par l’Union européenne. Or, sur ces dossiers, c’est connu, les États avancent, chacun à son rythme, instaurant des réalités internationales à deux vitesses où il est difficile de parler d’une seule voix et viser des seuils et un calendrier communs. Les dernières décisions prises par le Parlement européen et, parallèlement, par l’Allemagne et la Pologne sont l’exacte illustration de cette dichotomie. D’un côté, des eurodéputés, désireux d’aller de l’avant qui ont voté un objectif de neutralité carbone pour 2050, plus ambitieux que ceux prévus par la Commission. De l’autre, des pays donnant des signaux contradictoires. L’Allemagne et la Pologne se sont notamment prononcées pour un report à 2035 du mécanisme de capacité leur permettant de financer les centrales à charbon. La France, malgré ses efforts et ses déclarations, n’aurait pas atteint ses objectifs de réduction des émissions de CO2 en 2016…
Sur le front social, la Pologne cristallise à elle seule les tensions existantes au sein des deux « blocs » qui se sont clairement dessinés au gré des travaux sur la directive détachement et le paquet mobilité. Là aussi, clivage résumé dans un seul pays dont la croissance économique semble insolente aux voisins plus à l’Ouest, accompagnée, qui plus est, par un TRM de plus en plus conquérant mais dont les conducteurs ne recoltent que peu de fruits. Jusque-là éléments d’une productivité jusqu-au boutiste, ils aspirent légitimement à un mieux disant social et à une qualité de vie que leurs voisins de l’Ouest connaissent déjà, comme l’illustre l’étude du CNR à laquelle nous avons consacré notre « décryptage ». C’est dire si les équilibres européens sont fragiles…