Un quart des accidents du travail concerne des salariés ayant moins d’un an d’ancienneté dans l’entreprise, note l’INRS. Pour amoindrir cette sinistralité, l’institut a élaboré un outil, Synergie. Généraliste au départ, il est peu à peu décliné avec l’aide des branches professionnelles et adapté aux divers métiers. Les secteurs de la logistique et du TRM font désormais partie de la série et peuvent être téléchargés sur le site de l’INRS (www.esst-inrs.fr/synergie). Pour chaque branche, deux versions complémentaires sont proposées : « Synergie pédagogie », intégrée dans la formation initiale, et « Synergie accueil », qui s’adresse aux entreprises accueillant de nouveaux arrivants (apprenti, intérimaire ou nouvel employé). À l’arrivée d’un nouveau collaborateur, l’employeur se doit d’organiser son parcours d’intégration axé sur la formation et l’accueil. L’outil « Synergie accueil TRM » a vocation à l’aider dans cette tâche. Le 18 décembre, la Cramif (Caisse régionale d’Assurance-maladie d’Ile-de-France) et les organisations professionnelles (FNTR, TLF, SNTL et la CSD) ont ainsi signé une convention de partenariat de 3 ans pour promouvoir ce support auprès des entreprises. Objectif du dispositif : mesurer avant la prise de poste, la capacité du nouveau à repérer une situation à risque et à proposer des mesures de prévention afin qu’il puisse travailler en sécurité sur son poste de travail. Cet outil, qui s’adresse ainsi essentiellement à la personne chargée d’accueillir le nouvel arrivant (tuteur, maître d’apprentissage, représentant de la production…), a été intégré dans la formation des tuteurs à la Prévention des risques dans le cadre de T-Tutorat, un dispositif proposé par l’OPCA Transports et Services. Les documents se présentent sous forme de planches illustrées, chacune mettant en scène des situations à risque. « Le nouveau collaborateur doit repérer les dangers sur la planche et désigner sur un tableau les principales causes, conséquences et mesures de prévention qu’il aurait mis en œuvre, explique Frédéric Blin, coordonnateur de l’enseignement de la santé et de la sécurité à la Délégation académique à l’enseignement technique (DAT) à l’académie de Caen. Il ne trouvera pas nécessairement toutes les situations à risque mais le but est de créer un dialogue entre le tuteur et le nouvel arrivant. » L’accueillant fait ensuite le lien avec la réalité de l’entreprise qui ne présentera pas forcément entièrement toutes ces situations. Cette démarche permettra en revanche d’établir un premier lien avec les risques encourus dans le métier. Selon les résultats obtenus, l’accueillant adapte ensuite le parcours du nouveau selon les besoins (accompagnement renforcé au poste, formation complémentaire…).
Pour une meilleure efficacité, l’enjeu majeur en matière de prévention, santé et sécurité au travail se situe toutefois au niveau des formations d’accès aux métiers. La Caisse nationale de l’Assurance-maladie des travailleurs salariés (Cnamts) travaille ainsi avec l’Éducation nationale pour faire en sorte que la formation initiale puisse intégrer les compétences en santé et sécurité au travail chez les futurs professionnels. L’outil « Synergie pédagogie TRM », en cours de finalisation, a ainsi été conçu dans ce sens. « L’apprenti était jusqu’à son entrée dans l’entreprise dans une situation qui comportait peu de risques, note Fabrice Lucas, contrôleur sécurité à la Carsat Centre. Nous devons le préparer aux risques de situations au travail, à pouvoir les détecter voire, pour sur les niveaux plus élevés de diplômes, à proposer des mesures de prévention et les mettre en œuvre dans l’entreprise. » L’outil « Synergie pédagogie TRM » est ainsi un support de formation qui guide les élèves à relever des situations à risque, des problèmes de santé, d’accidents mais aussi des problèmes à long terme, comme les maladies professionnelles et les facteurs de pénibilité. Différentes situations sont ainsi analysées, comme le processus du chargement d’un véhicule, de A à Z. Une fiche guide ensuite le jeune vers des mesures de prévention collectives ou individuelles afin de réduire ou supprimer chaque danger repéré. « Ce n’est pas un inventaire exhaustif des risques que peuvent encourir les jeunes mais des situations générales, nuance Fabrice Lucas. Par exemple, des situations spécifiques comme le déchargement de pulvérulents ne sont pas traitées. »
Enseignant de bac professionnel de conduite routière au lycée Arcisse de Caumont à Bayeux, Mickaël Lhotellier a participé à l’élaboration de l’outil synergie pédagogie TRM avant de procéder à un test avec ses élèves. « Nous avons des jeunes qui sortent du collège et ne connaissent absolument pas la notion de risque professionnel, souligne-t-il. Or, dès la seconde, ils partent en stage. Nous devons donc procéder à une sensibilisation avant même la découverte de l’entreprise. » L’enseignant se focalise en premier lieu sur les risques à l’arrêt via des travaux pratiques, par groupes d’élèves réduits : « nous avons filmé un élève en train de réaliser un attelage pour ensuite analyser la vidéo. Les élèves identifient alors les différents risques à l’aide d’un questionnaire issu du Synergie. » La prévention se poursuit lors de leur stage. En entreprise, ils remplissent ainsi un autre questionnaire pour rechercher sur place des cas de risques professionnels. Ces points relevés sont ensuite étudiés lorsqu’ils reviennent en classe. « Le seul but du procédé consiste à récupérer des données et non de dire aux entreprises ce qui doit être réalisé », précise Mickaël Lhotellier. Il permet en outre aux élèves de se préparer pour l’épreuve de bac pro portant sur l’analyse d’une problématique rencontrée pendant leur stage. « Les documents Synergie nous permettent de notre côté de nous pencher sur des problématiques pédagogiques, par exemple lors d’investissements, indique l’enseignant. Nous voyons par exemple l’importance de la formation sur véhicules neufs mais aussi anciens, qui ne contiennent parfois pas toutes les options de sécurité ».