YVES MARMONT : Les petites entreprises du secteur du transport ont vu leur chiffre d’affaires et leur résultat augmenter respectivement de 1 % en 2016. Globalement, c’est le domaine d’activité qui a davantage profité de la reprise dans la mesure où les autres secteurs ont plutôt enregistré une hausse de + 0,2 %. Le transport de marchandises s’en sort particulièrement bien avec + 2,3 % de chiffre d’affaires et + 1,8 % de résultat. Le secteur enregistre une tendance positive depuis deux ans. Il se stabilise. De la même manière, les chiffres de 2017 s’annoncent plutôt favorables car nous enregistrons une hausse 0,3 % au deuxième trimestre et 0,6 % au troisième.
Y. M. : Actuellement, leur difficulté majeure reste d’ordre financier. Les investissements s’avérant nécessairement lourds sur ce secteur, elles restent confrontées à des problèmes de trésorerie. Mais, en même temps, elles ont intérêt à renouveler leur parc car un véhicule ancien se traduit par des coûts d’entretien plus élevés et des dépenses de carburant plus importantes. Par ailleurs, leurs ratios de crédit-client demeurent élevés par rapport à leur chiffre d’affaires. En effet, les TPE sont majoritairement sous-traitantes des gros transporteurs, ce qui les met en position de subir davantage les retards de paiement. De plus, malgré la reprise, les grands donneurs d’ordres rechignent à revoir les prix à la hausse. Avec des prix qui restent tassés, les TPE du transport ont du mal à augmenter leurs marges. En fait, si la reprise économique est un bon levier, cela ne suffit pas car, les dirigeants doivent aussi retrouver l’optimisme pour une croissance durable.
Y. M. : En effet, les TPE du transport n’ont pas pris la mesure de la digitalisation galopante de l’économie. Ce qui risque de leur porter préjudice, voire les faire disparaître. Elles devront davantage y faire face, notamment, en se procurant des logiciels pour optimiser leurs tournées et la gestion administrative de leurs entreprises. Elles doivent également s’approprier la facturation électronique qui deviendra bientôt obligatoire pour toutes les entreprises. En pratique, les transporteurs indépendants ont du mal à se doter d’outils minimums comme une tablette pour ses tournées ou l’informatique embarquée pour les modifier rapidement. Je pense qu’il faudrait des aides pour les amener à adopter ces outils d’amélioration basiques.
Y. M. : En effet, nous préconisons une vraie politique du numérique qui permette aux TPE de prendre le train de la digitalisation. Cela peut prendre la forme d’incitations fiscales via un crédit d’impôt sur les dépenses liées à la numérisation ou encore un surarmotissement pour l’achat de tous les logiciels, non plus seulement ceux qui sont intégrés à la production. De plus, les dirigeants de TPE devraient pouvoir accéder à des aides pour se former au digital. Par ailleurs, le gouvernement réfléchit à un organe centralisé pour le numérique mais je crois qu’il faudrait aussi que les fédérations de transporteurs se saisissent davantage du problème. Elles devraient, par exemple, centraliser les informations sur les outils numériques adaptés au transport, notamment en élaborant un référencement des logiciels adéquats.
(1) Le Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises