Vingt minutes. Trop juste pour explorer le vaste sujet de la digitalisation et des véhicules autonomes. Et pourtant, les transporteurs ont pu exprimer quelques vérités qui les ont trouvés bien unanimes, malgré leurs prises de parole en décalé. Première évidence : s’il y a une chose qui déplaît aux transporteurs c’est bien le mélange des genres. Première illustration, la levée de boucliers spontanée contre les plates-formes d’intermédiation, commissionnaires déguisés ou pas, dictant leur loi aux transporteurs. « Le Big Data est un danger car les données sont à nous ! », ou plus explicite : « Shippeo va tout savoir sur nous ! » et encore : « ça casse la relation commerciale », « il y a un risque de faire encore baisser les prix du transport ». L’entrée massive dans la sphère du « service » de la part de constructeurs et manufacturiers n’est pas mieux perçue : « On ne vous a pas attendus pour faire notre métier ; on ne nous a pas sollicités et on va prendre nos données », a-t-on entendu sur un ton assez virulent. Autant dire que le sujet est plus que sensible. « Les constructeurs font passer le message comme quoi nous ne savons pas transporter ! », a-t-on lancé en faisant allusion aux plates-formes s’appuyant sur le camion connecté dont l’argument commercial est que 25 % des camions roulent à vide. « C’est d’un outil de CRM dont on a besoin », ont-ils précisé.
L’atelier « technique » a aussi permis aux patrons de PME présents, dirigeant de sociétés de tailles différents, d’échanger sur l’informatique embarquée. Et cet investissement ne va pas toujours de soi puisque cela dépend de l’activité et, surtout, des exigences des donneurs d’ordres. « Il y a encore des clients qui passent leurs commandes à l’oral », a lancé l’un d’entre eux. Pour d’autres, au contraire, cela s’impose notamment pour prévenir en cas de litiges, ou proposer aux clients l’accès à l’information dont ils ont besoin. Pour d’autres encore, la dématérialisation globale jusqu’à la facturation avec signature électronique est acquise. « Tout est numérisé chez nous, on assure aussi la maintenance prédictive. On passera à l’uptime en 2018. On a le TPMS sur tous les véhicules. C’est important pour la sécurité et pour le commercial », lance un transporteur pas du tout frileux. Un confrère n’a pas non plus de tabou avec l’informatique embarquée : « tout le process est dématérialisé. En 2018, nous allons passer à la eCMR avec les smartphones ». Seul bémol, la pléthore d’offres logicielles face à laquelle les entreprises se sentent un peu perdues…
Enfin le véhicule autonome ne fait pas forcément rêver… tout le monde. « Hors sujet, les conducteurs ne sont pas prêts », s’écrient certains alors que d’autres sont plus nuancés d’autant plus que le camion autonome reste entouré de flou. Sauf pour le platooning, seule expérience concrète à ce jour sur laquelle les chefs d’entreprise peuvent s’exprimer. « On subira l’évolution, l’automatisation est inexorable », reconnaît-on autour de la table.