Des marchés perdus, une croissance ralentie, des horaires à rallonge pour le personnel. L’année 2017 a été marquée par une pénurie de salariés chez les transporteurs qui peinent à accompagner la croissance de leurs clients portés par la reprise, à conquérir de nouveaux marchés, voire, pour certains, à assurer leurs trafics actuels. Pôle Emploi, les sites internet, les réseaux sociaux… Malgré la multitude des canaux que les transporteurs se voient obligés d’emprunter, rien ne semble réellement atteindre de potentiels candidats. La capacité de recrutement devient un enjeu déterminant. Et dans un contexte aussi tendu, les chefs d’entreprise doivent aussi faire face au risque élevé de turnover. Principale raison de ces difficultés, la mauvaise image dont le secteur pâtit. Au travers des diverses manifestations, des questions écologiques ou encore des accidents en Une de journaux, le transport est rarement évoqué sous un bon profil, loin du temps de Max Meynier et les « Routiers sont sympas ». Le grand public méconnaît ainsi les métiers très variés du secteur et leurs atouts — débouchés sur des CDI, perspectives d’évolution ou encore salaires nets relativement élevés.
Face à la désaffection, les actions se sont multipliées pour tenter d’attirer mais aussi de fidéliser les salariés. Certaines entreprises ont choisi de mutualiser leurs outils de recrutement, de qualification et d’accompagnement de nouveaux salariés en adhérent à des groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq). Ces structures qui allient formation et mission sociale mettent à la disposition des entreprises des salariés sur des parcours de 6 à 24 mois qui leur permettent d’obtenir une qualification. À Toulouse, le groupement des transporteurs toulousains (GPTR) a développé diverses stratégies pour tenter d’attirer les jeunes et de redorer l’image de la profession : formations renforcées, création de site internet dédié pour présenter le groupement et envoyer son CV ou encore rencontres de candidats dans les lycées. De son côté, la société MTS (33) a pris l’initiative de rapprocher Pôle Emploi des transporteurs en accueillant les conseillers d’agences de sa région pour mieux les informer sur les besoins et les contraintes inhérentes aux métiers du TRM. Autre stratégie abordée par les entreprises : dénicher les candidats en se rendant dans les lieux qui drainent en masse les passionnés du secteur. Ainsi la 33e édition des 24 Heures du Mans Camions ou encore celle du City Trucks Festival avaient mis en place des espaces de recrutement. Les organismes de formation et lycées professionnels ont de leur côté étoffé leurs offres de formation au transport routier de formation, à l’image du lycée Brocéliande de Guer (56) qui, face, à la demande de jeunes très motivés, cherche à créer une quatrième promotion. Des entreprises ont fait le choix de la formation maison. Deux agences du groupe XPO Logistics se sont rapprochées des demandeurs d’emploi pour créer des promotions de conducteurs, via des organismes de formation classiques, mais avec un enseignement plus personnalisé. Les fédérations patronales se sont également penchées sur le problème. En juillet, la FNTR a lancé, en partenariat avec l’AFT et l’OPCA Transports et Services Tremplin, une initiative qui entend répertorier les besoins par bassins d’emplois pour organiser les mesures à mettre en place dans ces lieux.