Regarder vers l’Est est désormais un exercice incontournable. Le poids des pays du groupe de Visegrad pourrait devenir de plus en plus lourd dans le débat sur l’avenir du transport routier en Europe.
A en croire Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, rapporteure sur la directive Eurovignette, ce risque est réel, surtout depuis que le transport a été, certes, mis sous la couverture de la directive détachement version 96 mais pas dans son projet de révision. Le débat enclenché, et qui va se poursuivre jusqu’au printemps prochain, risque de mettre encore plus en exergue le transport routier comme source de fracture au sein de l’Union. Et le fait que la Bulgarie prenne prochainement la présidence de l’UE pendant six mois, n’est pas pour rassurer les chantres d’un durcissement des règles.
Pendant ce temps, les pratiques douteuses se répandent sous couvert de desserrer l’étau fiscal. Alors que, depuis quelques années, déjà, la France et la Belgique se battent contre les sociétés boîtes-aux-lettres, l’Italie se frotte aussi à une délocalisation « obligée » de certains acteurs du transport ou de leurs conducteurs via des sociétés d’intérim installées en Roumanie pour garder leur compétitivité. A la barbe du discours européen officiel anti-dumping.
Enfin, encore plus à l’Est, la Chine est dans une nouvelle phase de conquête sous couvert, cette fois-ci, de développement durable. Certes, le transport ferroviaire anobli par le mythe ressuscité de la Route de la Soie fait rêver car il ravive la légende et limite les camions sur la route (ou les navires sur la mer). Mais ce n’est que pour mieux importer du Made in China distribué en Europe. A quel coût social ?