Trois demandes pour une place en moyenne, que ce soit pour le CAP ou pour le Bac pro. Reflet des tensions sur le marché de l’emploi des conducteurs, cette demande de la part des jeunes est un signe encourageant d’intérêt pour la profession. Les formations du lycée breton Brocéliande – un CAP conducteur en deux ans, un Bac pro conducteur routier et un titre professionnel tous véhicules, pour adultes – attirent beaucoup de jeunes (à partir de la 3e ). Univers de passionnés du transport, cet établissement arrive à placer sans peine la totalité de ses diplômés prêts à rentrer dans la vie active. Les élèves sont recrutés dans un rayon de 100 km. Chaque année, 52 conducteurs routiers sortent du lycée. « La pénurie de main d’œuvre se manifeste par un nombre important d’offres d’emploi envoyées directement à l’établissement. Ce nombre a augmenté de manière importante ces deux dernières années », témoigne Mickael Legendre, professeur du lycée. « Certaines entreprises proposent d’intervenir dans les classes auprès des élèves. Lors des périodes de formation en entreprise, celles-ci peuvent aussi présenter des perspectives d’embauche aux futurs diplômés », poursuit-il.
Pour faire face à la demande croissante, l’établissement a déposé un dossier auprès de l’Académie pour l’ouverture d’un nouveau CAP de conduite de la durée d’un an, à partir de l’année prochaine. Ce qui devrait aussi satisfaire des élèves parfois aiguillés vers le bac pro logistique mais qui sont intéressés par la conduite. Et qui plaît également aux transporteurs du bassin rennais avec lesquels l’établissement entretient des liens très étroits : au total, quelque 70 entreprises dont STG ou Lahaye ainsi que des PME. Au mois d’octobre, certaines d’entre elles ont financé jusqu’à 40 % d’un voyage de 3 000 km entre la Bretagne et la Corse (l’Aftral a également participé à l’opération). Une douzaine d’élèves ont sillonné la France à bord de trois porteurs, histoire de s’essayer à la longue distance, à des conditions de trafic et de conduite différentes ainsi qu’aux manœuvres d’embarquement/ débarquement à bord des ferries. « L’activité des sociétés locales offre toutes les opportunités : de la zone longue comme du régional. Parfois les conducteurs qui ont commencé par la longue, choisissent de rentrer chez eux tous les soirs, au bout de deux ou trois ans, souvent pour des raisons familiales. Mais il est vrai aussi que partir à la semaine est devenu plus pénible avec le manque de parking où stationner et les interdictions de se garer dans les zones industrielles. C’est un vrai problème sur beaucoup d’axes en France », déplore Mickael Legendre.