Redorer le blason de la filière professionnelle

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Développement de l’apprentissage, implication des les branches dans l’élaboration des référentiels de diplômes ou encore régionalisation accrue de la formation. Alors que le TRM peine à trouver des salariés, la réforme de la formation prévue au printemps 2018 pourrait apporter un souffle au secteur.

Après les ordonnances, un nouveau chantier périlleux attend le gouvernement. Regroupés sous une même réforme sociale, la formation professionnelle, l’apprentissage et l’assurance chômage doivent faire l’objet d’un projet de loi en avril. Objectifs : améliorer l’insertion professionnelle des jeunes, ramener vers l’emploi ceux qui en sont le plus éloignés et redonner aux actifs la maîtrise de leur parcours professionnel. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a souligné que les trois domaines étaient « liés » et « contribuaient à protéger chacun ». Le gouvernement prévoit ainsi 15 Md€ sur cinq ans pour réformer la formation professionnelle avec pour objectif de former un million de chômeurs de longue durée et un million de « décrocheurs ». Le gouvernement compte notamment réformer le CPF, compte personnel de formation, qui, selon l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), « reste en deçà des ambitions initiales malgré un volontarisme incontestable dans son déploiement ». La réforme de l’apprentissage et de la formation, élaborée en concertation avec les régions, visera à rendre la voie de l’alternance plus attractive. Ainsi, alors que 70 % des apprentis trouvent un CDI à la sortie, seuls 7 % des jeunes se tournent vers une filière professionnelle.

Une mission de concertation dédiée à la formation et à l’enseignement professionnel doit être lancée au cours du mois, d’octobre afin de définir les domaines des métiers d’avenir, de créer « des campus professionnels » et de mieux lier formation professionnelle et apprentissage. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, a esquissé trois pistes. La première vise à définir des domaines d’avenir, « qui font envie et qui correspondent à de l’emploi », a-t-il déclaré, citant par exemple la transition numérique ou la transition écologique. La deuxième voie concerne la création de grands campus professionnels, sur la base de ce qui existe ou de projets des régions. Ces sites seront connectés avec des campus professionnels d’autres pays européens et regrouperont différentes formations professionnelles, telles que les CAP, bacs pro, BTS, ainsi que des pôles de recherche et d’apprentissage. La troisième piste est celle d’une plus grande coopération entre la formation professionnelle et l’apprentissage « parce que les deux vont se conforter et nous avons besoin des deux pour faire progresser l’emploi en France », a souligné Jean-Michel Blanquer.

Impliquer les branches

Début octobre, la ministre du Travail a évoqué l’idée que les branches professionnelles soient plus impliquées dans la « construction des diplômes ou des certifications ». Une étude de Bertrand Martinot, ancien DGEFP (Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle), publiée par l’Institut Montaigne le 8 octobre souligne que cette voie permettrait une meilleure réactivité et éviterait une obsolescence rapide des diplômes.

L’auteur cite ainsi l’Allemagne qui est parvenue à faire de l’apprentissage une filière prisée grâce notamment à la coopération entre l’institut fédéral pour la formation professionnelle (Bundesinstitut für Berufsbildung, BiBB) et les partenaires sociaux pour l’élaboration et la rénovation des référentiels métiers. Cette méthodologie « garantit une grande adaptabilité des formations aux mutations économiques et technologiques ».

Bertrand Martinot évoque également l’intérêt de donner un rôle accru aux régions pour piloter l’apprentissage. Actuellement, les formations classiques dans les lycées professionnels sont pilotées d’un côté par la voie scolaire, qui relève de l’Education nationale et, de l’autre, par la voie professionnelle (centres de formation d’apprentis, CFA), qui relève des conseils régionaux. Or la région possède « une analyse approfondie des besoins en compétences par bassins d’emploi, elle intervient en étroite collaboration avec le monde des entreprises — OPCA et chambres consulaires –, qui cofinancent les CFA avec elle. En outre, la région peut, via ses subventions, mettre l’ensemble de ses CFA sous tension en leur fixant des objectifs de performance. »

Autre piste évoquée pour augmenter le recrutement d’apprentis, la simplification du système à destination des employeurs. OPCA, État, régions ou encore entreprises contribuables à la taxe d’apprentissage : actuellement, les circuits de financement sont « trop nombreux et se cannibalisent entre eux », avait estimé le président Emmanuel Macron le 4 octobre.

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