Ceci est mon dernier éditorial dans L’Officiel des Transporteurs. J’en ai écrit et réécrit plus de 550 depuis ce premier texte d’août 2003, dédié – déjà – au coût des infrastructures de transport, au fléchage des fonds européens et aux corridors routiers. L’édito est un rendez-vous privilégié avec le lecteur. Ce n’est pas un billet d’humeur, ni un brouillon déguisé en exercice de style, encore moins un chapelet de sentences. Ce rendez-vous hebdomadaire relève davantage de l’obligation de discernement et du respect des faits. L’exercice m’a toujours passionné car la matière à traiter (le transport avec toutes ses aspérités et ses entreprises dans toutes leurs diversités) s’avère foisonnante, parfois brûlante, soudain turbulente. Elle vaut d’être suivie avec rigueur par la rédaction de L’Officiel des Transporteurs incarnée par Cathy, Silvia, Slimane, David, Sylvie, Carine, Gwenaëlle, Mathias… Dans le transport, l’actualité n’est jamais une eau tiède. Je ne ferai donc pas, en cette dernière occasion, de bilan, ni rétrospective ou panégyrique antéchronologique. Partant du principe qu’il vaut mieux avoir un temps d’avance qu’un credo de retard, prêtons attention à l’avenir immédiat (la compréhension que nous avons du futur, par souci d’anticipation, participe aux décisions). Deux tornades sont en vue. La relève de génération alimente la première. Les tensions dans le recrutement et la pénurie de personnels, non bornée aux conducteurs, font figure de symptôme qui n’a pas trouvé de remède. L’attrait des métiers du transport est à réinitialiser. Il n’a pas besoin de la publicité mensongère faite au « camion autonome sans conducteur » sur route. Quel crédit donner à des métiers qui effacent l’homme ou le placent en second de la machine, dans le rôle d’assistant ou de faire-valoir ? La seconde tornade est nourrie par la puissance exponentielle (disruptive ?) des technologies de communication et moteurs de calcul, tangible dans la maîtrise des flux, outils de production et données d’exploitation. Elles obligent les sociétés de transport à reconsidérer leur valeur ajoutée, face à des clients plus exigeants et très sollicités. Avec, en arrière-plan, la question des fonds de commerce des transporteurs. Dans cette météo agitée, une réflexion collective s’impose au nom de l’intérêt commun. J’ai pu constater, maintes fois, la capacité des chefs d’entreprises à revoir leur stratégie et à reprendre l’initiative quand les valeurs humaines et l’esprit de conquête ont prévalu sur toute autre considération.
Éditorial