La question de la refonte des classifications avance « plutôt sereinement », indiquent l’ensemble les organisations patronales et syndicales. L’enjeu : élaborer une grille classante en phase avec les qualifications requises aujourd’hui dans le transport et intégrant les emplois apparus depuis la mise en place de la convention collective, bien au-delà de la FIMO et de la FCO, et cohérente avec l’évolution que vit le TRM, y compris avec la perspective du camion autonome.
Ce chantier, maintes fois repoussé, s’est accéléré à partir du mois de juin par l’implication de l’État qui recherchait une issue au mouvement des conducteurs de matières dangereuses. Les nouvelles classifications reposeraient sur un système valorisant davantage les formations, les types de tâches ou encore l’autonomie du salarié. L’évolution des classifications et des coeffcients se fera progressivement. Les critères classants vont tourner autour du niveau d’autonomie du conducteur aussi bien dans la réalisation de ses tournées que dans la gestion de son camion. C’est aussi le savoir-être avec le client, la maîtrise des langues étrangères et les compétences propres aux différents métiers ainsi que l’aisance avec l’univers numérique que l’on prend en considération, souligne Catherine Pons, déléguée générale de l’UNOSTRA.
Le système présenté par les organisations patronales a reçu un accueil relativement favorable de la part des syndicats. La CFDT, la CFTC, FO et la CGT ont avancé des contrepropositions. « La CFDT a fait des propositions avec quelques nomenclatures, souligne Patrick Blaise, secrétaire général de la CFDT Transports. Notre proposition semblait intéresser les employeurs ». Patrice Clos, secrétaire général de FO Transports, indique toutefois que les propositions avancées par chaque syndicat « ne sont pas les mêmes » et que « rien n’a été accepté en face ». Il émet en outre des réserves sur la cohésion « des primes en fonction des métiers » avec l’arrivée des ordonnances Macron : « si on met des primes en fonction des métiers, on risque d’être un peu coincés ! ». La CFTC a de son côté avancé l’idée d’une intervention par un cabinet spécialisé dans les classifications.
L’UFT doit désormais transmettre avant la prochaine réunion un document étoffé, prenant en compte certaines observations émises par les organisations syndicales sur les emplois-repères et les illustrations concrètes des positionnements, famille professionnelle par famille professionnelle. Les syndicats trouvent que la date du 16 novembre est lointaine et redoutent également la question de la structure des salaires autour de la nouvelle grille. « Je crains le pire car, en 25 ans, nous avons toujours eu de grandes difficultés à aborder les salaires face aux coefficients », déplore Patrice Clos. Quant à la transition entre l’ancien tableau et le nouveau, « nous avons demandé une mise en place de zones tests afin de voir comment la grille pourra fonctionner dans les entreprises », indique Thierry Douine, président de la fédération générale CFTC Transports. Le système ne sera pas lourd mais nous voulons qu’il soit pérenne. »
Des éléments nouveaux, en plus des classifications, pourraient être déterminant pour l’issue des négociation. « Si le Paquet Mobilité reste en l’état, il représente un vrai danger pour les entreprises et le social », avance Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l’OTRE. Quant aux Assises de la mobilité, la question du retour ou pas de l’écotaxe ou d’une fiscalité supplémentaire, va certainement jouer sur la marge de manœuvre des transporteurs en termes de politique salariale. « On regardera aussi l’évolution de l’inflation et la possible revalorisation du Smic », indique Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR. Ceci dit, l’impératif d’attractivité pour faire face à la pénurie de conducteurs — et c’est déjà le cas pour certaines entreprises — devrait plutôt inciter à une politique de rémunération incitative.
Les partenaires sociaux se sont engagés à négocier la modernisation du congé de fin d’activité (CFA) d’ici le 30 décembre 2019. Le 19 avril, ils avaient signé avec l’État un protocole d’accord qui permettait aux entreprises de transport de ne plus subir la taxe Fillon sur les départs en CFA à compter du 1er janvier 2018 et garantissait le maintien des subventions de l’État pour les départs jusqu’en 2020 inclus. Pour l’instant, aucune date de négociation n’est annoncée. « La réforme ne se prépare pas aujourd’hui, déplore Patrick Blaise. On devrait aborder dès maintenant des réunions pour adapter et sauver le régime mais rien n’a pour l’instant été mis en place, ne serait-ce qu’un accord de méthodologie, malgré des demandes dans les deux conseils d’administration. » Même inquiétude pour Thierry Douine qui précise que la CFDT et la CFTC ont évoqué le CFA au ministère du Travail le 18 septembre : « L’absence de date de réunion nous préoccupe d’autant plus qu’une réforme des retraites est annoncée. Si l’on bouge un paramètre, notre CFA risque d’exploser. » Les fédérations reconnaissent qu’aucune date n’a été fixée sans pour autant minimiser l’importance du dossier. « On connaîtra la position de l’Etat quant à sa participation au 30 juin 2019 », note Claude Blot pour TLF.
10 JUIllet : présentation de la grille par l’UFT
15 septembre : première rencontre des OP et OS sur les classifications
16 novembre : nouvelle réunion des partenaires sociaux sur les classifications
17 novembre : présentation du rapport de branche et début des NAO
29 novembre : réunion sur les salaires dans le TRM