Entreprise spécialisée en transport de produits chimiques et d'hydrocarbures par citernes, EB Trans est sur le point d'acquérir la division vrac liquide de Giraud International. L'opération, qui aurait été conclue il y a une dizaine de jours entre les deux transporteurs, n'a pas été officialisée, les représentants du personnel n'ayant pas encore été consultés. Une ultime étape qui ne devrait pas remettre en cause « un projet » dont les grandes lignes ont été annoncées le 1er juin par Blaise Durand, président d'EB Trans, et Philippe Limbourg, directeur général de Giraud International, aux membres de la coordination syndicale du groupe Giraud. Officieusement donc, le groupe de Vitry-sur-Seine (94) céderait à EB Trans ses 628 véhicules moteurs et les 450 MF de chiffre d'affaires que générait le transport de vrac liquides dangereux (870 collaborateurs). En échange et certainement parce qu'il ne dispose pas des fonds suffisants, EB Trans ouvrirait au groupe Giraud 26 % de son capital. Ce dernier serait actuellement contrôlé à 96% par Bernard Tardy, le reste étant détenu par Joël Goubet, ancien P-dg de Goubet (38), un transporteur intégré à EB Trans. Hervé Parent, responsable du pôle vrac liquide chez Giraud, se verrait offrir un poste de directeur général chez EB Trans. Il travaillerait ainsi aux côtés de Nicolas Balp, en charge de l'activité hydrocarbures et de Jean-Christophe Vianey, responsable de la chimie.
EB Trans, qui devait consacrer l'année 2001 à rationnaliser son réseau composé de 17 entreprises régionales (dont quatre sont situées hors des frontières hexagonales, en Espagne, Belgique et au Luxembourg), devra désormais travailler à l'intégration des sociétés Lorcy (56), Laffont (69) et Sotrama (54) - toutes deux regroupées sous l'appellation Giraud Liquides Est -, Zamora (06) et Giraud Location (27). Ces quatre filiales Giraud, qui composent sa branche vrac liquide, devraient conserver leurs marques commerciales. Éclatées sur neuf sites, elles alignent respectivement des chiffre d'affaires d'environ 174 MF, 64 MF, 61 MF, 45 MF et 57 MF. Elles permettraient à EB Trans de compléter un maillage géographique que Blaise Durand n'hésitait pas à qualifier de « bancal », notamment sur l'est de la France. Dans le Nord où il était absent, EB Trans pourrait s'appuyer sur l'agence de Beauvais de Giraud Location. Sur la façade atlantique, où il est traditionnellement bien implanté, il renforcerait considérablement ses positions, avec l'apport de Lorcy (Lorient, Vannes, Vern-sur-Seiche et Donges) et de Giraud Location (Eure et Seine-Maritime).
Avec un chiffre d'affaires cumulé de 1,4 MdF, un parc composé de 1 700 moteurs et plus de 2 000 salariés, EB Trans deviendrait, grâce à cette opération, une des majors du vrac liquide aux côtés de Samat (1,7 MdF), Geodis BM (930 MF), Charles André (750 MF). Selon le classement par marché publié en mars dans notre hors-série « Les 1000 premiers transporteurs », les entreprises Lohéac (435 MF), Citaix (350 MF), Norbert Dentressangle (320 MF) et Brun (250 MF) apparaissent, elles, dépassées. « Ce rapprochement est la conséquence de la réorganisation du marché des hydrocarbures détenus par quelques grands comptes. La concentration qui est de mise chez les industriels du secteur l'est également chez les fournisseurs. Cette accélération était inévitable », soulève Blaise Durand. Lequel ne cache pas qu'à moyen terme son groupe souhaite également rééquilibrer ses volumes au profit des liquides chimiques. Une activité qui génère 300 MF de chiffre d'affaires, contre 650 pour les hydrocarbures (bitume, fioul, carburants) et 50 MF pour le gaz. A l'origine de ce constat, la chimie présenterait une meilleure rentabilité tout en étant plus « prévisible », moins dépendante des aléas conjoncturels et climatiques que les hydrocarbures. Parmi les autres projets d'EB Trans, figurent également de possibles implantations en Europe du Sud, principalement en Espagne et en Italie, que ne lui offre pas Giraud.
Après une année 2000 marquée par la vente des spécialités « grand volume » et citernes pour pulvérulents, Giraud continue quant à lui de réduire la voilure de ses métiers pour se concentrer sur la logistique et le general cargo. Deux marchés qui ont poussé l'entreprise dirigée par Alain Fauqueur et Michel Giraud à scinder en mars dernier ses activités sous la forme de deux entités distinctes : Giraud International pour le transport et Giraud Logistics pour la logistique. Lors de la présentation de cette nouvelle organisation, Philippe Limbourg, directeur général de Giraud International, avait pourtant annoncé son intention de « demeurer un acteur majeur en France sur le créneau des citernes liquides, en particulier dans les hydrocarbures ». Une volte-face qui n'est pas de nature à rassurer les organisations syndicales. Lesquelles ont été récemment échaudées par la façon dont ont été conduites les cessions des activités « grand volume » à Sebban (puis Aubry) et « pulvérulent » au Néerlandais Vos Logistics. « Pour les salariés, la stratégie de la direction de chez Giraud est claire : elle compte se débarrasser de ses transports spécialisés, qui représentent 20 % de ses 4 MdF de chiffre d'affaires. Après les citernes, viendra le tour du vrac solide », confie un responsable syndical. Structurée autour du transport par bennes (180 MF de CA), Giraud ambitionnait il y a trois mois de renforcer cette activité via des rapprochements, accords commerciaux et opérations de croissance externe. A suivre...
Grâce au rachat de la division vrac liquide du groupe Giraud, EB Trans consoliderait 1 450 MF de chiffre d'affaires, généré par un réseau composé de 22 pme régionales représentant 2 270 salariés et 1 628 véhicules moteurs. Ci-dessous la carte des implantations des principales filiales qui composent le réseau EB Trans en France et en Europe. En couleurs, les sites et agences Giraud.