Conséquence de la forte revalorisation des salaires intervenues durant ces trois dernières années, les rémunérations moyennes des conducteurs sont proches des barèmes de la convention collective. Et ce, quelque soit la taille des entreprises. Telle est la conclusion du deuxième volet de l'enquête « longue distance » menée par le Comité national routier (1). Après les conditions d'exploitation du matériel roulant (L'OT 2122), le CNR s'est attaché à celles d'emploi des personnels de conduite. L'étude fait apparaître que près de 84 % des conducteurs à temps plein relèvent du coefficient 150 M. Un pourcentage qui augmente avec la taille des entreprises, passant de moins de 70 % pour la tranche des 0-19 salariés à 92 % pour celles de 50 et plus. Du fait de l'activité considérée, ces résultats contrastent avec ceux recueillis par la Carcept (Caisse autonome de retraite complémentaires et de prévoyance du transport) dans le cadre de son « analyse des emplois dans le transport ». Portant sur l'ensemble des conducteurs en poste au cours de l'année 1999, celle-ci recense 22 552 chauffeurs routiers 150 M et 150 + (grands routiers) pour 52 792 au coefficient M 138. Reste que depuis 1996, ce dernier a perdu 10 000 postes, notamment au profit des premiers qui en ont gagné près de 3000.
Au cours du 4e trimestre 2000, le salaire moyen mensuel hors primes s'établissait à 11 184 F toutes tailles d'entreprise confondues, indique le CNR. Lequel a rapproché les niveaux salariaux observés des minima conventionnels en vigueur, à savoir les barèmes au 1er juillet 2000. La comparaison s'est effectuée sur la base d'une ancienneté comprise entre 5 et 10 ans - qui concerne 51 % des effectifs - soit un SMPG (salaire mensuel professionnel garanti) de 6 % supérieur à celui à l'embauche. Pour un temps de service de 206,4 h, durée moyenne dans les plus petites sociétés, le salaire moyen constaté (11 013 F) excède de 2,4 % le minima prévu pour le coefficient 138M (10 751 F). Il s'avère, en revanche, inférieur de 0,7 % à celui fixé pour le 150 M (11 091 F). A 205,2 hde temps de service (ce qui correspond aux entreprises de taille intermédiaire), le salaire de 11 083 F marque une différence respective de +3,9 % et +0,8 % par rapport aux niveaux conventionnels. C'est sur 208,5 h, moyenne pour les entreprises d'un effectif supérieur à 50 salariés, que les écarts se font les plus importants. A 11 381 F, le salaire moyen dépasse de 4,4 % le montant affecté au 138 M et de 1,2 % celui du 150 M. Des résultats qui suscitent un commentaire de la part du CNR : « à l'examen des taux horaire de base, entreprise par entreprise, il apparaît dans un certain nombre de cas, que ce taux est inférieur à celui de la SMPG pour le coefficient de qualification et la classe d'ancienneté indiqués ». Explication de l'organisme : « quelques employeurs prennent en compte les primes versées pour considérer (à tort) qu'elles satisfont au respect des minima conventionnels ».
Réintégrées au salaire lors du passage à la rémunération mensuelle professionnelle garantie (RMPG) puis à la SMPG, les primes mensuelles ou ramenées au mois s'avèrent d'un faible montant quelque soit la classe d'effectifs. Dans les plus petites entreprises, elles majorent le salaire de 400 F portant la rémunération mensuelle à 11 415 F. Avec les 500 francs octroyés par les sociétés de 20-49 salariés, les conducteurs touchent au total 11 580 francs mensuels. Les 450 francs versés par les structures les plus importantes les situent à mi-chemin au sein d'une rémunération de 11 828F. Autre cas de figure avec les frais de déplacement qui, eux, croissent sensiblement avec la taille de l'entreprise. Ils démarrent à 209 F par jour pour atteindre 243 F. Pour autant, nuance le CNR, le critère déterminant n'est pas celui de l'effectif mais celui du nombre relatif de nuits passées à l'extérieur. Pour sa part, l'étude de la Carcept fait état de salaires moyens (bruts déclarés au titre de 1999) de 126 022 F pour les grands routiers, 124 797 F pour les 150 M et de 122 274 F pour les 138 M.
L'effectif des entreprises n'influe guère sur les temps de service mensuels, observe le CNR. L'écart se joue sur trois heures entre celles de 20 à 49 salariés (205,2) et celles de 50 et plus (208,5), les moins de 20 salariés se situant à 206,4 heures. En revanche, la part de la conduite varie de 76 % dans la catégorie intermédiaire à 72 % dans les petites entreprises. En outre, si les plus grandes sociétés sont en partie arrivées à banaliser les affectations de véhicules (ratio de 1,16 conducteur/véhicule pour une moyenne de 1,1), les petites ont du mal à franchir cette étape. D'où un kilométrage annuel moindre par chauffeur déjà établi par le premier volet de l'étude. Le nombre de jours d'activité annuels varie peu d'une classe d'effectif à l'autre. Sur l'année 2000, il s'est établi à 209 en moyenne (207 dans les plus petites et 212 dans celles d'un effectif compris entre 20-49 salariés). Soit 17 journées d'absence - correspondant aux repos compensateurs ou récupérateurs, arrêts maladie ou stages de formation - par rapport au total des jours ouvrables.
(1) Réalisée sur la base d'enquêtes menées au 4ème trimestre 2000 auprès de 220 entreprises effectuant de la longue distance, l'étude intègre la RTT liée au décret du 27 janvier 2000 mais pas le passage à 25 % des heures supplémentaires au 1er janvier 2001.
118 990 F annuels, soit 120 494 F pour les hommes et 105 615 francs pour leurs collègues féminines, tel était le salaire moyen des salariés non cadres du transport de marchandises en 1999. Année où le smic s'affichait à 82 073 F. Elaborée par la Carcept (Caisse autonome de retraite complémentaires et de prévoyance du transport), l'étude « analyse des emplois dans le transport » prend en compte les personnels déclarés à temps complet au cours de l'année entière, dans un même emploi et dans une même entreprise adhérente de l'organisme. C'est la tranche des 50-54 ans qui bénéficie des rémunérations les plus élevées, aux alentours de 120 000 francs annuels. Un niveau salarial moyen que dépassent les sociétés d'un effectif compris entre 20 et 49 salariés, 100 et 199 ainsi que les 500 et plus. En revanche, celles de 200-499 salariés et les pme de moins de 20 personnes sont en deçà, notamment les plus petites (1-4 salariés) qui n'excèdent pas 110 000 francs. Le salaire moyen le plus élevé revient à l'Alsace, suivie de la région Centre. Les personnels de Midi-Pyrénées sont les moins bien pourvus.