Une voie sans issue ?

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Un plan de relance du rail-route et une indemnisation pour les préjudices subis par ses adhérents lors de la dernière grève SNCF, c'est ce que réclame le GNTC (groupement national des transports combinés), à la compagnie ferroviaire. Des mesures conjoncturelles qui ne suffirons pas à préserver le développement du rail-route, si la SNCF renonce à restructurer son activité fret sous la pression des syndicats de cheminots.

«Nous sommes plutôt bien préparés à ce genre de situation, la SNCF nous entraîne plusieurs fois par an à cet exercice », commente avec philosophie Jean-Claude Brunier, P-dg de TAB (Transports Auto Brunier), au lendemain de la grève qui a perturbé les transports ferroviaires et entraîné un arrêt total du trafic fret pendant une dizaine de jours début avril. Comme ses confrères, le premier opérateur français indépendant* en combiné rail-route (180 MF de CA annuel) a pris l'habitude de faire face aux aleas de services de son fournisseur ferroviaire en « basculant » ses trafics sur la route. Un choix qu'a également été amenée à faire la Société des Transports Routiers Le Poullouin (92) qui réalise 10 % de ses 35 MF de chiffre d'affaires annuel en rail-route. « Ce nous a permis absorber notre activité « combiné » heureusement faible à cette période de l'année », explique le responsable d'exploitation de cette entreprise. Un transfert total n'est toutefois pas toujours possible. Jean-Claude Brunier admet ainsi avoir « réduit un peu la voilure » avec une perte d'activité de 5 %. 20 points en national, et 40 en international : c'est la chute de trafics enregistrée à la suite des grèves par Pierre Fumat, P-dg de Rouch Intermodal, l'autre grand transporteur français rail-route (avec quelque 180 MF de CA annuel), contrôlé depuis août dernier par SNCF Participations. Ce manque à gagner sera-t-il récupéré ?

Qui va payer ?

« Nous n'obtiendrons qu'une toute petite partie des 260 MF de dédommagement accordés par la SNCF à sa clientèle », estime Gérard Perrin, président du Groupement National des Transports Combinés (GNTC). Pour autant, les transporteurs espèrent bien voir leurs pertes prises en compte par l'entreprise ferroviaire. « La ristourne de 10 % accordée aux clients de Fret SNCF sur les factures émises en avril ne peut être retenue pour notre activité ». En revanche, c'est sur une indemnisation par caisse mobile non transportée que devraient déboucher les discussions engagées le 24 avril entre Fret SNCF et le GNTC. Ce dernier, qui veut obtenir pour ses adhérents un « système simple et clair », propose que les montants de ce dédommagement soient établis sur la base des trafics réalisés entre le 27 mars et le 13 avril 2000 au regard des documents fournis par les transporteurs et visés par Novatrans. Quelle que soit la somme obtenue en réparation, elle ne couvrira pas le préjudice subi en terme d'image. Jacques Dumerc, directeur général de Novatrans, se veut rassurant : « Ce n'est ni la première, ni la dernière grève. On ne choisit pas un mode de transport sur des critères sentimentaux. Ceux qui utilisaient le transport combiné continueront de le faire. Sa pertinence est toujours la même ». Mais il admet que « certains transporteurs qui étaient sur le point de tenter l'expérience vont sans doute attendre un peu ». « Comme les précédents, ce conflit va laisser des traces pendant quelques mois durant lesquels nous aurons du mal à séduire de nouveaux partenaires. Après les gens oublieront », espère de son côté Pierre Fumat. Le combiné peut-il se permettre de perdre ainsi quelques mois ou quelques clients potentiels ? A en croire les chiffres annoncés par la SNCF, ce mode a enregistré en 2000 une progression de 3,75 % à 13,8 milliards de tonnes.kilomètres. Cela reste pourtant inférieur au record de 13,9 milliards de t.km atteint en 1997. Depuis, le rail-route a fait les frais de l'insuffisance d'infrastructures adéquates, de grèves et autres phénomènes générateurs de non qualité.

Dialogue de sourds.

Pour redorer l'image de leur profession, les entreprises de transport combiné vont devoir mettre les bouchées doubles et obtenir de la SNCF une qualité de service et des tarifs garantissant la compétitivité de ce mode par rapport à la route. Une tentative avait déjà été faite en ce sens en mars 2000 avec la signature du « deal 95/20 ». Selon cette charte passée entre la SNCF, la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR), Novatrans et le GNTC, la compagnie ferroviaire s'engageait à ce que 95 % des trains affectés au rail-route sur 3 lignes (Paris-Marseille, Paris Avignon, Paris-Toulouse) respectent les horaires à la demi heure près. En contrepartie, les transporteurs routiers promettaient d'accroître de 20 % (soit de 200 000 tonnes/an) le fret acheminé en combiné. Neuf mois plus tard, en janvier 2001, les axes concernés n'enregistraient qu'une croissance de 10,8 % des volumes alors que la SNCF avait rempli sa part du contrat... sur le papier au moins puisque son ratio de ponctualité est calculé à partir des seuls trains qui circulent. En mars dernier, le GNTC faisait parvenir à Francis Rol-Tanguy, directeur général délégué du fret à la SNCF, une lettre dénonçant « une dégradation des trafics de et vers le Sud-Est » suite à des mouvements sociaux répétés.

Ne désespérant pas de se faire entendre, le groupement a demandé, dès le 17 avril, un plan de relance du rail-route. L'organisation professionnelle préconise une campagne de communication auprès des chargeurs et des réductions tarifaires à la caisse remise. Elle réclame le rétablissement du projet Cap Clients, organisant l'autonomie de l'activité fret de la SNCF et mis en sommeil pour répondre aux exigences syndicales lors du conflit d'avril dernier. Plus encore, les entrepreneurs de transport combiné espèrent que la SNCF pourra poursuivre l'important effort, annoncé avant la grève, pour le développement du fret ferroviaire. L'entreprise publique avait annoncé son objectif de doubler cette activité en dix ans (de 50 milliards de tonnes/kilomètre en 2000 à 100 milliards en 2010). Elle misait sur le triplement du volume de l'activité de transport combiné durant la même période. Et, elle envisageait d'acquérir jusqu'à 480 locomotives électriques et 124 machines diesel, dédiées à la traction de fret, d'ici à 2006. Une ambition à laquelle a mis fin le dernier mouvement d'humeur de certains employés de l'entreprise publique. Francis Rol-Tanguy l'a reconnu : « Il y aura des conséquences sur le développement que nous envisagions notamment sur les secteurs de la messagerie, du combiné rail-route... Il ne faut pas se voiler la face, nous ne pourrons pas nous développer au rythme que nous souhaitions ».

*non affilié à la SNCF

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