Le chaînon défaillant

Des entreprises de transport dynamiques et motivées, le soutien des organisations professionnelles de transporteurs routiers, une économie en croissance, un opérateur privé qui poursuit son développement, une opinion publique et un Gouvernement bienveillants, une politique européenne favorable, des chargeurs intéressés...

Depuis des années, et plus particulièrement depuis l'an dernier, tous les facteurs sont réunis pour que le transport combiné rail-route puisse se développer fortement en France. Tous les facteurs ? Non. Il manque un maillon à cette chaîne, un seul mais indispensable, qui pêche par son inefficacité, sa désorganisation, ses défaillances à répétition, ses conflits sociaux larvés. C'est la SNCF, qui annihile depuis des années toute tentative, tout effort, toute volonté de développement du rail-route, voire même plus simplement du fret ferroviaire.

A l'inverse du discours de ses dirigeants, qui répètent celui du Gouvernement en matière de transfert modal, la SNCF a depuis longtemps sacrifié sa branche fret, pour mieux développer de plus rentables et plus séduisants trafics de voyageurs à grande vitesse. Les embranchements marchandises, les gares, les chantiers ont fermé les uns après les autres, le parc de locomotives dédiées au fret a vieilli. Pire, pour mieux masquer à l'opinion publique la répétition de conflits sociaux souvent infondés, il semble que la direction de la compagnie ferroviaire ait concentré ses syndicalistes les plus virulents sur son activité marchandises. P-dg de la SNCF, Louis Gallois a beau prétendre, après les grèves d'avril, vouloir «regagner la confiance des clients», en leur accordant des ristournes tarifaires, il sait déjà qu'il ne peut plus compter que sur des chargeurs désabusés. Quant aux transporteurs routiers, nombreux à être séduits par l'idée du rail-route, ils ne peuvent qu'être dépités au vu des difficultés affrontées par les rares confrères qui s'aventurent au quotidien dans le combiné. A quoi bon travailler avec le chemin de fer s'il faut rester prêt à transférer ses trafics sur la route au moindre mouvement social des cheminots ? A quoi bon investir dans des caisses mobiles si elles restent à quai ? A quoi bon convaincre des clients s'ils ne peuvent être satisfaits ? A quoi bon le rail-route, sans le chemin de fer ?

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