Aux déficits déjà programmés liés notamment au lancement du TGV Méditerranée, il faut désormais ajouter le prix d'un conflit social qui devrait friser 1,5 milliard de francs. Les concessions d'ordre salarial accordées à une minorité de cheminots - à peine 15 % des agents de conduite - se solderont par une facture de 600 MF. Le manque à gagner pour le transport de voyageurs est, lui, évalué à hauteur de 450 MF. Quant à Fret SNCF, il a généreusement consenti l'obole à ses clients représentés par l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF). En réparation du préjudice subi, il concèdera une ristourne de 10% sur les factures émises en avril. Ce qui lui coûtera quelque 80 MF auxquels viendront s'ajouter environ 100 MF de remboursements réglés au cas par cas. Au total, le mouvement social représenterait une perte de 380 MF pour le transport ferroviaire de marchandises.
Lequel a sans doute perdu beaucoup plus dans cette affaire : la confiance de ses clients. Comment ces derniers pourraient-ils croire encore aux alléchantes promesses qui leur sont faites? Lorsque Francis Rol-Tanguy, le directeur de Fret SNCF, annonçait un doublement du fret ferroviaire en dix ans, un taux de croissance de 20 % avec pour objectif d'atteindre les 60 milliards de t/km en 2002 ainsi que la conduite d'une politique privilégiant le « tout qualité ». Las. Sous la pression des syndicats les plus contestataires, Louis Gallois, le président de la SNCF, a été contraint de reculer en abandonnant sur une voie de garage son projet Cap Clients qui devait entrer en vigueur dès l'an prochain. Celui-ci prévoyait justement de donner son autonomie à l'activité fret afin mieux répondre aux exigences des entreprises. Faute de marquer cette « avancée fondamentale » pour les utilisateurs de rail, la SNCF recule... et les camions roulent.