Tout le monde devrait y trouver son compte avec le tachygraphe électronique, affirme Hubert du Mesnil, directeur des transports terrestres. Cet outil anti-fraude - on ne parle plus de son inviolabilité - est impatiemment attendu par l'Administration. Il séduira également les entreprises, qui ne traîneront pas pour en équiper l'ensemble de leur flotte. Cette prédiction empreinte d'optimisme fait fi des réalités. Tout laisse à penser que la période de transition s'étalera sur plusieurs années, au rythme des renouvellements de parc. Durant cette phase, les autorités chargées du contrôle géreront en parallèle deux dispositifs. Une dualité qui risque de favoriser les inégalités de traitement au détriment des entreprises les plus diligentes, devenues les plus aisément contrôlables.
La plupart des transporteurs devront également faire coexister les deux matériels au sein de leur exploitation. Et se coltiner avec la procédure complexe qui palliera les lacunes d'un régime à deux vitesses. La vitesse, il est d'ailleurs à craindre qu'elle fasse défaut au circuit de commercialisation des cartes à puces associées à l'appareil de contrôle. Un centre de gestion national, auquel les organisations professionnelles et syndicats de salariés se verront éventuellement associés, sera créé par appel d'offres. L'Administration veillera à ce que l'organisme délégataire « reste dans l'esprit du service public ». Illustration de cette filiation : l'acheminement des cartes sera assuré jusqu'au... bureau de poste.