Ce ne sont pas tant les activités de transport qui intéressaient Jean et Nicolas Schmitt quand ils ont repris l'entreprise Jules Heppner et successeurs, en 1925. En fait, ils convoitaient les chevaux qu'utilisait le transporteur et dont ils avaient besoin pour leur exploitation agricole... Néanmoins, ils poursuivirent l'activité transport, notamment le déménagement, qui consistait à l'époque à acheminer les envois entre la gare de Strasbourg et le destinataire final. Un métier de « commissionnaire ».
Très rapidement, les deux entrepreneurs perçoivent les potentialités de cette activité et misent sur le développement des trafics transfrontaliers. Dès 1931, ils ouvrent un bureau de l'autre côté du Rhin, à Kehl, et, conjointement à l'agence de Strasbourg, ils vont démarrer des activités de transit et de douane entre la France et l'Allemagne, dans un premier temps.
Car, progressivement, l'agence de Kehl va se tourner vers l'Europe centrale et traiter tous les trafics en provenance de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie, pays avec lesquels il existe des flux d'échanges importants. Puis survient la guerre.
Les activités vont reprendre dès 1945 et Heppner, va d'abord réactiver ses trafics français. L'entreprise se lance dans le groupage national et l'affrètement et, pour cela, décide d'ouvrir une succursale à Paris. Parallèlement, elle commence à se constituer un réseau dans l'Est du pays entre Strasbourg, Metz et Nancy avec pour ambition d'occuper le leadership régional
Dans les années qui vont suivre, les échanges internationaux se rétablissent et l'entreprise strasbourgeoise va créer des lignes de groupage ferroviaire entre la France et l'Allemagne. C'est également à cette époque qu'elle va adopter son fameux logo, « le bonhomme Heppner » par lequel elle s'identifie, « choisi parce qu'il illustre la primauté de la dimension humaine dans nos activités de service », souligne Jean Schmitt.
Devant le développement des échanges franco-allemands, une nouvelle organisation s'impose dans les années 60. Heppner est parmi les toutes premières entreprises de transport à créer des lignes routières sous régime Tir entre Paris et Francfort. Ces lignes seront ensuite étendues aux principales villes d'Allemagne.
A partir de 1965, naît la volonté de créer un réseau de transport européen. C'est également l'année où Jean Schmitt intègre l'entreprise familiale dont il représente aujourd'hui la troisième génération. C'est dans cette direction qu'il va qu'il va oeuvrer en ouvrant successivement des filiales dans la moitié sud du pays. Après Francfort, ce sera Stuttgart, Sarrebrück et Neu-Ulm. Pour les autres régions, l'entreprise française va passer des accords de partenariat avec des correspondants locaux. L'objectif est clair : après s'être imposé, dans le courant des années 70, comme l'organisateur de transport spécialiste de l'est de la France, l'ambition du groupe Heppner est de devenir le leader reconnu dans les relations franco-allemandes.
Mais l'entreprise n'entend pas cependant se limiter à ces trafics bilatéraux. Elle pressent l'ouverture européenne des marchés et cherche à s'implanter également dans d'autres pays. Elle choisira la voie du partenariat et le réseau européen émerge peu à peu couvrant successivement, grâce à des correspondants locaux : la Belgique, le Luxembourg, les pays Bas, l'Autriche, la Grande-Bretagne.
Ce n'est qu'à partir de1980 qu'Heppner décide de se constituer un réseau national. « Nous avions réussi notre percée dans l'Est de la France, explique Jean Schmitt, nos positions étaient suffisamment fortes dans les échanges franco-allemands et si nous nous limitions à ces marchés, nous étions vraisemblablement voués à devenir les sous-traitants d'entreprises plus importantes ». Aussi, pour compléter le dispositif qui avait été mis en place, Hepnner s'est lancé dans des opérations de croissance externe. En 1980, l'entreprise acquiert les transports Lesage, puis, en 1985, les transports Lambert et Valette. Cela lui permet, simultanément, de prendre place à Lyon, Lille, Nice, Marseille, Toulouse et Bordeaux. « Nous sommes aujourd'hui présents dans toutes les grandes villes de France et couvrons 80 % du potentiel » poursuit Jean Schmitt. L'Ouest est la seule grande région dont nous sommes absents mais nous y sommes représentés par deux partenaires : STG et Joyau. « A la fin des années 80, de spécialiste de l'Est de la France, Heppner est devenu un opérateur de messagerie national, en sixième position dans le classement par spécialité réalisé par l'Officiel des Transporteurs. »
La perspective de l'ouverture du marché unique, au début des années 90, aurait dû être, pour l'entreprise, l'occasion d'un redéploiement sur le marché européen dont il avait fait son coeur de cible et sur lequel elle était déjà bien implantée. Cette aventure commencera par un traumatisme car elle devra se séparer d'une centaine de collaborateurs spécialisés dans les opérations en douane sur les pays de la Communauté. Pour compenser financièrement la perte de ces activités, le Groupe Heppner décide d'intensifier ses activités overseas. Pour cela, en France, il va s'implanter sur les principales plates-formes portuaires et aéroportuaires : Roissy, Strasbourg, Bâle Mulhouse, Nantes, Lyon, Bordeaux, Le Havre et Anvers, en Belgique. Parallèlement, elle va s'appuyer sur Hellmann, son partenaire dans plusieurs régions allemandes, et adhérer au réseau Hellmann Worldwide Logistics qui dispose de 122 implantations mondiales.
A partir de 1995, Heppner va s'intéresser aux pays situés à la périphérie de l'Union européenne et crée un service Peco en direction de l'Europe de Centrale et de l'Est dont les pays seront desservis en direct ou par le biais de correspondants. Par ailleurs, en 1996, le service Euromed, dont les activités sont basées à Marignane, va intégrer le groupe Heppner et lui permettre de desservir les pays du Maghreb, notamment le Maroc et la Tunisie où l'entreprise à ouvert trois filiales : Casablanca, Tanger et Tunis. Enfin, l'an dernier, après l'épisode du DPD dont Heppner avait été l'un des promoteurs en France et dont il reste opérateur depuis sa reprise par La Poste, en partenariat avec une quinzaine de partenaires pour la plupart issus du DPD, Heppner participe à la création de System Plus, un nouveau service de messagerie intégré qui couvre toute l'Europe, et qui parachève momentanément une politique d'alliance menée depuis 35 ans. Avec son réseau propre qui emploie 2 000 personnes et les implantations de ses correspondants, le Groupe Heppner dispose de 82 sites d'exploitation représentant 50 000 m2 de quais. Il achemine 3,8 millions d'envois par an, soit 310 000 tonnes de marchandises, ce qui représente 300 départs quotidiens et la mise en ligne de 750 véhicules.
1925 -> Jean et Nicolas Schmitt reprennent les établissements Jules Heppner, à Strasbourg, une entreprise spécialisée dans le transport local et le déménagement.
1931 -> démarrage des activités internationales avec l'ouverture d'un bureau à Kehl.
1945 -> ouverture d'une succursale à Paris. Heppner se lance dans le groupage national et l'affrètement au départ de Strasbourg.
1960 -> création des premières lignes routières sous régime Tir entre paris et Francfort.
1965 -> mise en place d'un réseau européen. Création progressive du réseau de filiales en Allemagne.
1970-74 -> accords de partenariats pour desservir les autres pays européen : Belgique, Luxembourg, Pays Bas, Autriche, Grande Bretagne.
1975 -> mise en place de l'activité entreposage qui deviendra par la suite Heppner Logistique.
1980 -> départ de la croissance externe. Rachat de Lesage, de Lambert et Valette, de TRN permettant à Heppner de s'implanter à Lyon, Lille, Nice, Marseille, Toulouse, Bordeaux.
1985 -> la mise en place du réseau national est achevée. Des partenaires renforcent les implantations propres.
1990 -> en partenariat avec Hellmann Worldwide Logistics, Heppner adhère à un réseau mondial couvrant 112 pays. Développement par ce biais des activités overseas et implantation et France sur les principales plates-formes : Strasbourg, Roissy, Bâle-Mulhouse, Nantes, Lyon, Bordeaux, Le Havre, Anvers.
1995 -> développement des activités sur les pays périphériques de l'Union européenne. Lancement des services sur les pays d'Europe Centrale et Orientale. Reprise du service Euromed sur le Maroc et la Tunisie.
2000 -> adhésion au réseau européen System Plus, service de messagerie rapide européenne intégré.