OTM: On a dit, en effet, que le niveau de formation qui était exigé - notamment la FIMO - constituait une barrière au recrutement car beaucoup de postulants n'ont pas le minimum des connaissances requises? D'autre part, combien avez-vous formé de conducteurs cette année ?
B.P. : C'est possible. Mais, à mon avis, ce serait une erreur que de rabaisser le niveau du recrutement. Le besoin de formation professionnelle et, a fortiori, le haut niveau de cette formation, montre que le métier de conducteur est un métier sérieux. C'est un élément qui me paraît positif. D'autant qu'aujourd'hui, le métier de conducteur routier est différent. Il faut avoir, à la fois, des aptitudes physiques et psychologiques car on ne peut pas confier à n'importe qui la conduite d'un véhicule de 40T dont le chargement représente souvent une très grande valeur. Par ailleurs, on ne peut plus baisser le niveau du recrutement car l'accord de 1995 portant sur la formation des conducteurs est aujourd'hui vraiment entré dans les moeurs.
J'en veux pour preuve le nombre de formations qui ont été suivies l'an dernier. Nous avons formé 19 000 stagiaires en formation initiale, soit une augmentation de 28 % par rapport à l'an dernier, et une progression globale de 90 % sur les 3 dernières années.
En outre, nous avons eu à faire face à un volume considérable de FFCOS, puisque l'AFT/Iftim et ses partenaires ont enregistré 80 000 stagiaires. Leur nombre sera beaucoup moins important l'an prochain et nous n'en attendons 15 000. Il va falloir que nous nous adaptions à ces fluctuations...
OTM: la sécurité est-elle l'aspect le plus important dans la formation que vous prodiguez à l'adresse des conducteurs?
B.P. : La sécurité est effectivement très importante dans les programmes de formation que nous développons. En général, il est très difficile d'en mesurer l'efficacité. Pourtant, nous avons eu la possibilité de le faire. Il y a deux ans, nous avons fait une étude auprès d'une centaine d'entreprises qui ont analysé l'incidence de la Fimo sur les nouveaux entrants avant et après leur formation. Il en ressortait que le nombre d'accidents, selon les entreprises, avait reculé de 20 à 40%.
Parallèlement, nous avons fait la même étude auprès des conducteurs qui avaient suivi la FFCOS et le taux d'accident avait baissé de 50 %. Dans les deux cas, la comparaison s'est effectuée à population d'âge et ancienneté identique pour que l'analyse soit la plus objective possible. Bien que nous ne soyons pas encore capables de dire si les effets de la formation se prolongent dans le temps, son impact est certain.
OTM : A titre de comparaison, le niveau de formation des conducteurs, en France, est-il plus élevé ou plus faible que dans les autres pays européens?
B.P : En Europe, il n'y a que les Pays-Bas et la France où les conducteurs reçoivent une véritable formation. Dans les autres pays, les conducteurs disposent du permis de conduire uniquement. Cependant, il existe, actuellement, un projet de directive européenne visant à la formation des conducteurs routiers qui s'inspire abondamment de notre système.
Comme il s'agissait de l'un des voeux de la France, dans le cadre de sa présidence européenne, Jean-Claude Gayssot a pris l'initiative d'une rencontre internationale sur ce thème qui s'est déroulée dans notre établissement de Monchy Saint Eloi, le 24 novembre dernier.
130 personnes venant des 15 pays de l'Union européenne y participaient, notamment les présidents des grandes fédérations professionnelles et les partenaires sociaux.
A cette occasion, le représentant de la Commission européenne a rendu public l'avant-projet de texte relatif à la formation des conducteurs professionnels de marchandises et de voyageurs. Cet avant-projet prévoit l'instauration, au plan européen, d'une obligation de formation professionnelle initiale et continue pour les conducteurs routiers, marchandises et voyageurs qui, selon le ministre, a reçu un accueil favorable de la part de l'ensemble des participants.