La guerilla administrative s'installe durablement chez les contrôleurs des transports terrestres. Elle n'aurait rien de condamnable si elle ne s'accompagnait d'une grève du zèle, dont les modalités s'avèrent des plus contestables. Les 200 adhérents revendiqués par l'UNSA-SAFACTT (Syndicats autonome des fonctionnaires et agents chargés du contrôle des transports terrestres) et Force Ouvrière se refusent à arrêter les poids lourds étrangers circulant sur le territoire français. Une décision motivée par un manque d'effectifs face à la croissance des trafics internationaux. A contrario, ces agents concentrent leurs opérations sur les seules entreprises nationales. Cette inégalité de traitement participe de leur stratégie affichée: contraindre les transporteurs routiers à peser sur le ministère des Transports. Si le discours syndical joue de l'intérêt général à améliorer le dispositif de contrôle, il ne fait pas illusion. La partie de bras de fer qui oppose les fonctionnaires à leur administration de tutelle se place avant tout sur le terrain de la revalorisation salariale et statutaire. Pris en otage dans un conflit qui n'est pas le leur, les professionnels ont peu à gagner. Le nombre de contrôleurs, passé de 347 en 1993 à 440 en 2001, n'a pas garanti les contrôles « intelligents » qu'ils réclamaient. Le recours à des conducteurs venus des pays de l'Est s'intensifie. A quoi bon l'attestation d'emploi, dont le ministre des Transports se glorifie, si les services chargés de sa vérification continuent à bafouer impunément les règles de droit ?
Editorial