EB Trans lève le voile sur ses ambitions

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Fort de son milliard de francs de chiffre d'affaires, EB Trans, un des grands acteurs nationaux en transport de vrac liquides dangereux, sort aujourd'hui de l'ombre. Passé le vent de concentration qui a secoué son marché, le groupe entame une phase de consolidation de ses activités. Objectifs : digérer les nouvelles acquisitions et rationaliser un réseau composé de 17 pme régionales afin de doper la productivité et la rentabilité de l'entreprise. Une mission qui incombe depuis cinq mois à un nouveau directoire, présidé par Blaise Durand. Rencontre.

Acquisitions, nouvel encadrement, crise du pétrole, EB Trans a vécu une année 2000 mouvementée. Le groupe spécialisé dans le transport en citernes de liquides chimiques et d'hydrocarbures (1 MdF de CA consolidé) s'est tout d'abord doté d'un nouveau directoire, composé de trois fins connaisseurs des spécificités du vrac liquides dangereux : Blaise Durand, nommé président d'EB Trans le 1er septembre dernier juste après avoir cédé à ce groupe sa pme champenoise (Transports Durand) ; Jean-Christophe Vianey, directeur général et responsable de l'activité chimie, arrivé en avril 2000 en provenance du groupe Goubet ; Nicolas Balp, directeur général en charge des hydrocarbures et du gaz qui a fait ses armes dans une entreprise de négoce avant de diriger Solvi, un commissionnaire en produits pétroliers implanté en Seine-et-Marne. Les missions de cette équipe resserrée : définir les orientations stratégiques, prévoir les investissements et assurer la coordination des 17 sociétés affiliées au groupe (1 400 personnes, 1 000 moteurs et 1 500 remorques), dont quatre sont situées hors des frontières hexagonales (Luxembourg, Belgique, Espagne). EB Trans s'appuie en outre sur un coordinateur technique et une responsable assurance qualité et des systèmes informatiques, basés au Luxembourg. Le tout sous le regard du très secret Bernard Tardy. Ancien négociant en produits pétroliers, celui-ci possède aujourd'hui 96 % du capital d'EB Trans, le reste étant détenu par Joël Goubet, l'ex-P-dg du Groupe Goubet (38). Aucune décision importante n'est prise sans l'accord de Bernard Tardy. C'est lui qui a, l'an passé, validé les nouvelles acquisitions du groupe : Trasolux Luxembourg (35 MF de CA), Transports Goubet (90 MF de CA), Trasolux France (37 MF de CA), Transports Durand (95 MF de CA) et Giomi Carburants (15 MF de CA). « L'objectif de ces rachats était de rétablir l'équilibre géographique entre l'Ouest et l'Est. Traditionnellement, nous étions implantés autour d'un arc atlantique, de "Gand à Bilbao" », explique Blaise Durand. Un slogan inventé au milieu des années quatre-vingt-dix alors que le citernier nantais Masuy, à partir duquel s'est construit EB Trans, était chargé de mettre la main sur ses confrères en mal de taille critique.

Priorité à la chimie.

En 2001, la priorité de la nouvelle équipe dirigeante est « de consolider les acquis ». « Il s'agit de bien s'imprégner de la culture des différentes entreprises, de fédérer les hommes autour d'un projet industriel », affirme Jean-Christophe Vianey. Avec une moyenne d'âge dépassant de peu la trentaine, les responsables de centres de profit sont également invités à se retrousser les manches. « La rentabilité du groupe est anormalement faible en regard des investissements consentis », constate Blaise Durand. « Nous devons rapidement dégager des synergies, en développant les possibilités d'échanges, le fret, bien sûr, mais aussi les connaissances et les expériences. Il convient aussi d'harmoniser les tarifs commerciaux, les techniques, notamment informatiques, et resserrer le nombre des fournisseurs. Il est par exemple inutile de disposer d'une flotte trop hétérogène », ajoute Jean-Christophe Vianey. Une chose est certaine : l'identité des entreprises régionales sera conservée. « Il n'est pas question que le nom d'EB Trans apparaisse au grand jour. En chimie ou en pétrole, les sites de production ne se soucient pas d'EB Trans, ils connaissent Rodière, Aquitaine Route, leurs interlocuteurs directs. De même, si la mondialisation des appels d'offre est une réalité - récemment, un client nous a demandés si nous avions des implantions en Chine ! - au final, c'est la proximité qui fait la différence. »

Autre grand chantier pour EB Trans : le rééquilibre des volumes au profit des liquides chimiques. Cette dernière activité ne génère aujourd'hui que 300 MF de chiffre d'affaires, contre 650 MF pour les hydrocarbures (bitume, fioul, carburants dont le jet pour l'aviation) et 50 MF pour le gaz. Or, pour EB Trans, le marché de la chimie présente quelques attraits de taille. « Le transporteur pilote mieux ses flux. Il y a davantage de rechargement car les références sont plus nombreuses et les usines plus éclatées. En outre, cette activité permet de réaliser des prévisions relativement précises ». Ainsi pour cette année, les analystes misent sur une croissance de 3,1 % en chimie. Ce qui, traduit en terme de transport, représente une augmentation moyenne des volumes de 6 %. « Dans le secteur des hydrocarbures, il est impossible de planifier la croissance. Nous sommes totalement dépendants des aléas conjoncturels (prix du baril de pétrole, détaxe TIPP) et climatiques. Un coup de froid sur la France et l'activité fioul monte en flèche ».

Disposant d'une « confortable couverture nationale », l'entreprise n'entend pas procéder à nouvelles opérations de croissance externe en 2001. EB Trans reste toutefois aux aguets. « Nous serons attentifs aux possibilités d'implantations nouvelles en Europe du Sud, principalement en Espagne et Italie ». Quatrième opérateur de son secteur, derrière Charles André, Samat et Bourgey Montreuil mais devant Citaix, Brun et Giraud, EB Trans pourrait encore surprendre. Les cartes sont entre les mains de Bernard Tardy... et de ses puissants interlocuteurs des industries chimiques et pétrolières.

De Masuy à EB Trans

EB Trans s'est constitué au début des années quatre-vingt-dix à partir du citernier nantais Masuy. Bernard Tardy, un négociant en produits pétroliers, rachète cette entreprise familiale avec déjà l'idée de bâtir un groupe de transport. Il en confie les rênes à Jean-Claude Kintzinger qui restera à la tête du groupe jusqu'à fin 1999. Personnage atypique dans le monde du transport routier, Bernard Tardy est un investisseur pour qui le goût d'entreprendre est un leitmotiv... et une façon de faire fructifier son important patrimoine. Via Pompierre Investissements, sa société, il passe dès 1995 à l'attaque du marché vrac liquides dangereux. Masuy est chargé de procéder aux acquisitions. Des entreprises régionales (Fournaire, Aquitaine Route, Rodière) tombent dans son escarcelle. « L'idée était de se construire une colonne vertébrale sur la façade atlantique », souligne Blaise Durand. Une période au cours de laquelle les chargeurs se livrent une compétition sans merci. Les pétroliers et les groupes de chimie se regroupent avec notamment la constitution des géants TotalElfFina et Ato Fina. Ce qui contraint Masuy à sortir de son périmètre géographique d'activité. « Il était capital de ratisser à l'est de l'Hexagone sous peine d'être exclu de certains appels d'offre ». La tentative de racheter un de ses principaux concurrents échoue. L'entreprise se porte alors sur de « petites affaires régionales ». Fin 1998, la société financière Pompierre Investissements cède la place à EB Trans. Laquelle se dote de services opérationnels. L'entreprise présentait alors un chiffre d'affaires de 450 MF contre 1 MdF aujourd'hui.

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