Les premiers coups de pioche pourraient être donnés dès 2002. C'est en tout cas le voeu du gouvernement qui en a fait une priorité. Il faut dire qu'avec ses 300 km de voies nouvelles, son tunnel de 50 km, cet itinéraire est présenté comme la réponse à l'engorgement des vallées alpines. Il absorberait 40 millions de tonnes de marchandises par an, soit l'équivalent de 2 millions de poids lourds. Outre les approximations quant à son futur tracé, la ligne Lyon-Turin se heurte à un problème de taille : qui va débourser les 11 milliards d'euros nécessaires à sa réalisation ? La commission européenne a déjà fait savoir qu'elle participerait au financement des études et travaux préliminaires estimés à 370 millions d'euros. Pour le reste, il est convenu que ce projet soit soutenu par des fonds publics et privés. Ainsi, les sociétés concessionnaires d'autoroutes et de certains tunnels routiers seraient mises à contribution. En clair, la route financera le rail. Une rengaine bien éprouvée et pour le moins dissonante à l'heure où la Cour des Comptes épingle très sévèrement la gestion du réseau routier hexagonal. Dans son dernier rapport, elle y dénonce la dégradation des voiries, liée à une absence de politique structurée d'entretien du patrimoine. On y lit, entre autre, que les actions de l'État et celles des départements ne sont pas suffisamment coordonnées. Au sein même du ministère de l'Équipement, les politiques seraient divergentes. En finançant le projet Lyon-Turin, il n'est pas sûr que les sociétés d'autoroutes puissent améliorer la sécurisation de leurs infrastructures. Reste à compter sur le bon sens transalpin. Depuis plusieurs semaines, des voix s'élèvent en Italie pour réclamer une réouverture rapide du tunnel du Mont-Blanc. Une solution naturellement plus économique, qui est aussi de nature à décongestionner le trafic des poids lourds concentré depuis l'incendie de mars 1999 sur le Fréjus et à Vintimille.
Editorial