Sur la foi des mêmes statistiques, « le transport routier de marchandises français se porte mal, très mal », estime la Fédération Nationale des Transports Routiers dans la première livraison 2001 de sa lettre hebdomadaire d'informations. Pire, « si l'on poursuit la tendance, la part du pavillon routier français pourrait diminuer de moitié d'ici à dix ou quinze ans. Au point de devenir marginale », renchérit l'organisation professionnelle. Certes, en 1999, 43 % seulement des échanges routiers de marchandises réalisés par la France en tonnes/kilomètres l'ont été sous pavillon national, contre plus de la moitié il y a une dizaine d'années. Cette baisse est pour l'essentiel favorable à nos voisins directs : Allemagne, Belgique, Espagne, Grande-Bretagne, Italie, Luxembourg. Ces pays bénéficient-ils, comme le suggère la FNTR, d'un différentiel fiscal et social si important qu'il favorise nettement leurs transporteurs? Sans doute ce raccourci mérite-t-il d'être emprunté par une organisation professionnelle. Mais il oublie d'autres facteurs, tels que la forte augmentation des importations, tirée par la bonne santé de l'économie et de la consommation des ménages. Il néglige aussi de préciser, mais nul n'en est capable en France, dans quelle proportion les transporteurs français ont multiplié leurs implantations à l'étranger. Bref, faute d'indicateurs précis, le discours corporatiste l'emporte une fois de plus sur l'analyse économique. Celle-ci n'est d'ailleurs possible qu'à la lumière de données qui sont jalousement conservées par les entreprises elles-mêmes. C'est que, sur un marché de services, une bonne information constitue aujourd'hui un véritable avantage concurrentiel. Le seul ?
Editorial