La peur de manquer de véhicules au coeur de la saison estivale peut opérer des miracles. Pour la première fois cet été, les chargeurs et des destinataires ont fourni de réels efforts en matière d'organisation des enlèvements et livraisons, reconnaissent les transporteurs du Sud. Les horaires de réception des véhicules ont souvent été aménagés afin de limiter les temps d'attente. Une amélioration qui, espèrent les professionnels, ne durera pas seulement le temps d'un été. « Dans l'ensemble, les chargeurs se sont montrés compréhensifs et conscients de nos difficultés à fournir du personnel supplémentaire. Ils ont élargi très sensiblement les plages horaires de livraison, ce qui nous a permis d'utiliser de façon optimale nos véhicules », reconnaît Thierry Gorlier, P-dg de l'Entreprise Générale de Transport et de Location à Marseille. « Ainsi chaque trafic a pu être rentabilisé ». C'est la première année, observe-t-il, que les donneurs d'ordres ont pris conscience de la rareté des camions et se sont organisés en conséquence. A Noves, les Transports Mesguen ont également constaté une amélioration des conditions de travail. « Nous avons été surpris de tant de prévenance », souligne même le pdg, Jean-Hervé Mesguen. Habituellement, la période de production de fruits et légumes était synonyme de journées de travail interminables. Cette année, le dirigeant observe que le personnel finit moins tard. « L'ensemble des opérateurs de la filière a fourni un effort dans ce sens. Chaque partie a mis en place davantage de moyens techniques et de personnel de manutention supplémentaire sur les quais. Les marchandises sont donc disponibles beaucoup plus tôt ».
Filiale du groupe Norbert Dentressangle basée à Cavaillon, les Transports Mani ont également constaté la bonne volonté des donneurs d'ordres face aux difficultés rencontrées par leurs prestataires. L'entreprise, qui a subi de plein fouet cet été les conséquences d'un manque de personnel, a réorganisé ses tournées en modifiant les heures de livraison et d'enlèvements des marchandises. Les flux ont été adaptés en fonction du personnel disponible. « Les donneurs d'ordres ont fait preuve de compréhension en nous accordant des délais et en modifiant les horaires de réception. Cela dit, ils n'avaient pas d'autres solutions puisque le manque de chauffeurs touche toutes les entreprises de transport ».
Une plateforme pour l'été. Globalement, de juin à fin août, les volumes de transport augmentent de 20 à 40 % selon la nature des trafics effectués. Si l'on en croit les chefs d'entreprises, les flux ne sont pas pour autant modifiés fondamentalement. Néanmoins, les entreprises ont davantage recours à la sous-traitance. A l'image du groupe Le Roy Logistique qui a instauré un système de co-traitance avec plusieurs partenaires. Ces derniers sont liés au groupe par un contrat annuel. « Ce système permet de pallier les pointes d'activité de nos clients, notamment l'été », explique Olivier Seheut, responsable de l'agence de Plan d'Orgon (13). Pour leur part, et dès la fin du mois de mai les Transports Mesguen mettent en place une plate-forme à Valence dans la Drôme. Cette structure, ouverte jusqu'à la fin du mois de septembre, permet de regrouper les fruits et légumes produits en moyenne vallée du Rhône. Ce qui évite aux sous-traitants chargés des enlèvements - la société réalise 80 % de son chiffre d'affaires (50 MF) en affrètement - de parcourir de trop longues distances. Ce système fonctionne depuis sept ans et représente un investissement de 300 000 F pour les quatre mois. « Notre surcroît d'activité estival se chiffre entre 40 et 50 %. Cela dit, cette hausse des volumes est plus simple à gérer que le détail de l'hiver », constate Jean-Hervé Mesguen.