Le territoire Grand Paris Seine Ouest (GPSO) compte « 320 000 habitants. Traversé par la Seine, il rassemble des zones plus ou moins urbanisées comme Meudon, Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux ou Marnes-La-Coquette, Sèvres et Vanves », présente sa directrice Mobilité, Christelle Seiller. C’est sur ce territoire que plus de 25 000 tournées ont été étudiées durant les mois d’octobre 2020, 2021 et 2022. Cette analyse a été menée dans le cadre du projet EVOLUE. « Les informations anonymisées ont été collectées auprès de cinq contributeurs, dont Geodis, DB Schenker et RAJA, avec une moyenne de 45 tournées par jour, représentant 400 livraisons-ramasses quotidiennes », précise Jean-Baptiste Derdoy, responsable Mobilité chez PTV Group, chargé du traitement des données.
Analyse et simulation
Plus de la moitié des tournées étudiées « subissent un impact significatif de la congestion sur leurs temps de parcours », rapporte Jean-Baptiste Derdoy. Ce premier constat « confirme l’intérêt de trouver les moyens de reporter le trafic de marchandises dans les heures creuses quand cela est possible », recommande-t-il. Seules 20 % des livraisons ont été effectuées à moins de 50 mètres d’une aire de livraison et 40 % à plus de 150 m. « Sachant que la zone étudiée compte actuellement 260 aires, la création de 140 supplémentaires permettrait d’effectuer 50 % des livraisons à moins de 50 m d’une ». La simulation avec 650 puis avec un millier d’aires montre que ce taux grimpe de 75 à 90 %. Or, « multiplier par quatre le nombre d’aires n’est pas possible en raison d’un manque de foncier et d’une concurrence des usages avec, par exemple, le déploiement de bornes de recharge ou d’espaces de stationnement pour vélos », intervient Christelle Seiller (GPSO).
Tester des scénarios
Aussi l’outil développé dans le cadre du projet EVOLUE a-t-il simulé une autre approche fondée sur le déploiement de micro-hubs urbains. « La création de trois hubs dans un rayon de chalandise de deux kilomètres permettrait de couvrir jusqu’à 95 % du territoire Grand Paris Seine Ouest », assure Jean-Baptiste Derdoy (PTV). Cette approche, à l’étude actuellement, ouvre la possibilité de déployer des véhicules de livraison plus légers comme des vélo-cargos à assistance électrique. Quoi qu’il en soit, Christelle Seiller avoue que « l’expérimentation EVOLUE sur le territoire GPSO a permis d’objectiver nos données et de mieux comprendre l’impact de la logistique dans nos villes ».
Quelles suites ?
Soutenu par la Région Ile-de-France, le projet EVOLUE semble avoir atteint son objectif initial rappelé par Xavier Hua : « Modéliser les logistiques urbaines pour les rendre plus efficace et responsable ». L’ambition partagée par le directeur général de l’Institut du commerce consiste « à proposer aux collectivités la méthode d’analyse des données issue d’EVOLUE. Son but est d’identifier les leviers d’efficacité dans la logistique urbaine, tout en réduisant son empreinte environnementale, dans le cadre d’une approche collaborative avec les acteurs économiques ». Une autre suite consisterait « à cerner et à définir les conditions et règles de fonctionnement de micro-hubs urbains mutualisés entre plusieurs acteurs », soumet Xavier Hua.