Suite aux élections européennes, une nouvelle équipe de la commission européenne s’installe, “mais on ne change rien pour l’instant des objectifs CO2 pour les camions”, précise d’emblée Jean-Louis Colson, chef d’unité à la direction générale mobilité et transport de la commission européenne, en visio depuis Bruxelles pour ces Rencontres de la filière organisées à Lyon par la fédération française de carrosserie. Malgré “un démarrage difficile” des ventes en électrique, reconnaît Athina Argyriou, présidente déléguée de la chambre syndicale des importateurs de l'automobile et du motocycle (Csiam), “les constructeurs ne souhaitent pas revoir les objectifs CO2. Ce serait une catastrophe industrielle au vu de nos investissements. Mais nous demandons une révision des pénalités qui devraient tomber en 2025”.
Poids et dimension
Quid de la directive poids et dimensions, votée par le Parlement en début d’année, notamment pour favoriser des véhicules électriques chargés de lourdes batteries ? “Une modification ou un abandon du texte appartiendra au Conseil des ministres, note le responsable européen. Certains pays montrent une résistance à cette mesure, l’Allemagne, par exemple, craignant que certaines infrastructures ne soient trop vétustes, tandis que la France, qui autorise les 44 tonnes, redoute le transit de trop grands camions étrangers sur son territoire”.
La présidente de la Sciam estime “qu’une révision de la directive sur les poids et dimensions est indispensable, mais doit se faire en concertation avec les professionnels, compte tenu de sa technicité”. Il faudrait aussi prendre en compte les spécificités des remorques et groupes froid pour le poids défend Damien Destremau, PDG de Reefer Group et de Chéreau. “un groupe avec un essieu générateur d’énergie et une carrosserie super isolée pèse plus lourd, mais contribuent à décarboner… Cela n’est pas pris en compte”.
La réalité du terrain
Dans le même sens, Florence Dupaquier, PDG du groupe Samat et présidente de la commission Europe et international de la FNTR, observe que les objectifs européens, très ambitieux, très rapides, “ne tiennent pas compte de la réalité de terrain des professionnels, par exemple des spécificités du transport de matières dangereuses où l’on ne peut pas encore tester l’électrique. Les transporteurs restent pragmatiques et nous allons être attentifs à la clause de révision des objectifs en 2027. Il est essentiel notamment qu’il y ait des aides pour toutes les entreprises, les petites comme les grandes”.
Côté social, la PDG juge que “le vrai sujet est l’harmonisation des contrôles et leur coordination entre chaque pays, pour être dans une concurrence loyale. Mais l’accès à la profession, les permis de conduire, l'attestation de capacité, l’interdiction du repos en cabine, le retour du conducteur sont des mesures déjà en vigueur qui contribuent à l’attractivité des métiers”… Quant au retour du véhicule toutes les huit semaines, que la cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a exclu de sa validation du paquet mobilité, la PDG espère qu’il reviendra dans les négociations. Jean-Louis Colson, qui précise que la CJUE est la plus haute juridiction de l’Europe et que sa décision est définitive, ajoute ‘qu’il appartiendra au nouveau collège des commissaires de formuler, ou non, une nouvelle solution”.