Le transport, l'autre parent pauvre de la transition écologique ?

Chantal Jouanno, la présidente de la CNDP espère qu’à terme, "les pouvoirs publics s’abstiennent de pendre des décisions pendant le débat au risque de le décrédibiliser"

Crédit photo SW
Il ressort du compte rendu du débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie dévoilé le 12 septembre dernier, que le transport fait partie des secteurs qui rencontrent le plus de difficultés à atteindre les objectifs pour la croissance verte fixés par la loi de transition écologique.

Un débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) s’est déroulé du 19 mars au 30 juin 2018, en application de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), en vue de préparer le programme de la politique énergétique de la France.

En ce qui concerne le transport, les conclusions du rapport, élaboré par la Commission nationale du débat public (CNDP), organisatrice des discussions, soulignent qu’il a contribué en 2015, à hauteur de 29,7 %, aux émissions de gaz à effet de serre avec un mode routier qui représente 93 % des émissions du secteur. Près des trois quarts de la consommation finale des produits pétroliers proviennent du transport.

Une stratégie de développement de la mobilité propre

La PPE de 2016 intégrait une stratégie de développement de la mobilité propre mais les émissions de gaz à effet de serre stagnent en 2018. De la même façon, le recours aux modes alternatifs au transport routier de marchandises a fortement diminué pour ne représenter que 12,9 % en 2015. Face, à ce constat, les participants au débat ont, de manière générale, estimé que "pour accélérer la transition énergétique, il est maintenant nécessaire de passer à la vitesse supérieure".

Cependant, le public n’a pas manqué de soulever que "les entreprises qui veulent faire évoluer leur parc rencontrent des difficultés" car, "la reconversion d’une flotte de véhicules diesel n’est pas forcément facile à réaliser". Ils ont reconnu qu’il fallait "un accompagnement aux entreprises souhaitant s’y engager et leur proposer une façon de faire".

Scepticisme sur la transition énergétique

Le compte rendu du débat public relève trois attentes qui ont émergé lors des discussions et qui interrogent la future PPE. Premièrement, le grand public exige de la stabilité, de la cohérence et de la continuité des politiques publiques pour mener à bien la transition énergétique. Il aspire également à plus de neutralité et d’expertise scientifique dans les outils d’observation ainsi que de l’indépendance dans l’évaluation de la mise en œuvre de la PPE, sans oublier d’intégrer la dimension européenne.

En deuxième lieu, le débat a relevé une forte attente de territorialisation, soit plus de participation face à des projets qui "tombent d’en haut". La troisième attente du public réside dans une demande de justice sociale. Précisément, en matière de fiscalité environnementale car, selon lui, les "gros pollueurs ne sont pas taxés".

La CNDP a indiqué que la première version du PPE est prévue pour fin octobre 2018. Chantal Jouanno, la présidente de la CNDP espère qu’à terme, "les pouvoirs publics s’abstiennent de pendre des décisions pendant le débat au risque de le décrédibiliser" et qu’il sera tenu compte du résultat du débat public dans le prochain PPE.

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