Sept ans après l’abandon de l’écotaxe poids lourds, le sujet refait surface, cette fois-ci au niveau régional. Un rapport sur l’avenir de la mobilité en grande couronne d’Île-de-France préconise "un plan d’urgence dédié" avec un "investissement massif" s’appuyant "sur de nouveaux financements", parmi lesquels une écotaxe régionale ciblant les poids lourds et les véhicules utilitaires légers. Dans le texte, les auteurs, François Durovray, président LR du conseil départemental de l’Essonne, et sept parlementaires essonniens dont Cédric Villani, déplorent que les investissements pour les transports s’effectuent "essentiellement au bénéfice de l’hyper-centre parisien et de la petite couronne".
La région-capitale, une métropole-monde, ne peut fonctionner durablement avec "un système de transport à deux vitesses", soutiennent-ils. Selon eux, il est "légitime" que les utilisateurs de véhicules lourds "contribuent à l’entretien et au développement des infrastructures de transport". Face à des besoins structurels criants, de multiples solutions sont programmées (46 dans les domaines ferroviaire et routier de transport en commun), sans jamais dépasser le stade du projet car elles sont bloquées par leur financement.
Intégrer les transporteurs dans la discussion
L’écotaxe, qui "devrait intégrer le principe de pollueur-payeur", favoriserait un rééquilibrage des conditions de concurrence entre le fret routier et ferroviaire, appuient les auteurs. Principe qui reste difficile à faire passer auprès des transporteurs français. "L’acceptation passera par une affectation de la taxe, indique François Durovray dans les colonnes du journal Le Monde. On doit absolument éviter qu’elle aille se noyer dans le budget général."
Du côté de l’OTRE, on ne cache pas un agacement croissant face à une nouvelle idée de taxation, destinée a priori au financement d’infrastructures de transport, mais qui concernent avant tout le transport de voyageurs. Les auteurs du rapport préconisent, par exemple, de généraliser la mise en place de voies express de transports collectifs le long des axes autoroutiers ou encore de réduire les tarifs et abonnements payés par les habitants de grande couronne. "Il faudrait consulter les professionnels de la route, les intégrer dans les discussions, assure Yann Viguié, secrétaire général de l’OTRE Île-de-France. Les transporteurs sont déjà multitaxés ! Ils contribuent au versement mobilité pour rembourser une partie du transport de leurs salariés, paient pour garer les camions et VUL sur les parkings et aires de stationnement… Ces mesures ont déjà pour but de financer le transport et le Grand Paris."
L'Île-de-France se remet lentement de la crise
Et, rappelle Yann Viguié, d’autres projets pèsent sur le secteur, comme la fermeture de routes aux camions et véhicules, par exemple le périphérique ou une voie de l’A15 qui serait réservée au covoiturage. Même opposition pour la FNTR : "Une telle écotaxe impacterait fortement le transport de proximité et régional, souligne Pauline Martin, secrétaire générale de la FNTR Île-de-France. Selon l’enquête FNTR portant sur le quatrième trimestre 2020, l’Île-de-France apparaît comme l’une des régions qui se remettent le plus lentement de la crise." Et le coût supplémentaire qu’impliquerait cette taxe risquerait fortement d’être répercuté sur le consommateur final, ajoute-t-elle.
L’idée d’une taxation spécifique des poids lourds au niveau régional était déjà apparue au début de l’année, avec la création de la collectivité européenne d’Alsace, qui a récupéré les compétences sur les routes et autoroutes non concédées. Les responsables ont évoqué leur intention de mettre en place dès que possible une écotaxe pour empêcher le détournement de flots de camions venus d’Allemagne, où ils sont soumis à un impôt poids lourds.
> Lire l'intégralité de l'aricle dans l'Officiel des transporteurs n° 3054 du 12 février 2021