Le groupe Sogestran conduit des expérimentations de carburants alternatifs au gazole à bord de ses bateaux fluviaux composant sa flotte depuis plusieurs années.
Il y a eu des tests avec l’Oleo 100 fabriqué par Saipol à partir d’huile de colza à bord de l’automoteur Sandre en 2020. La même unité a testé le B100/Pur-XTL, élaboré à partir d’huiles de friture usagées et de graisses animales par la société Altens, en 2022.
Cette dernière expérimentation a été concluante, indique Sogestran. Et c’est la raison pour laquelle une dérogation a été demandé et obtenue par cet armateur pour un test avec du B100/Pur-XTL sur un porte-conteneurs fluvial tout au long de l’année 2023 pour des liaisons entre les trois ports Haropa de l’axe Seine Le Havre, Rouen, Gennevilliers.
Réduction de 90 % du CO2
L’Oural, automoteur de 135 mètres de long pouvant transporter jusqu’à 270 EVP, a donc connu son premier avitaillement en HVO, « truck to ship », le 15 février 2023 à Gennevilliers avec la collaboration de Paris Terminal.
- « Grâce à sa production par hydrotraitement de matières premières résiduelles », le carburant de synthèse HVO de la société Altens « permet de réduire d’environ 90 % les émissions de dioxyde de carbone par rapport à une solution fluviale traditionnelle ».
- « Nous ferons régulièrement des mesures pour vérifier et confirmer les performances et la réduction des émissions dans les conditions d’utilisation réelle », précise Sogestran.
L’avantage de ce carburant est qu’il ne nécessite aucune transformation à bord ni aucun ajout de produits quels qu’ils soient. Les soutages d’avitaillement se passent de manière identique à ceux du gazole.
La question du surcoût de l’HVO
Toutefois, le HVO coûte plus cher : « Nous prenons une partie du surcoût qui est aussi répercuté sur les tarifs. Nous sommes suivis par nos partenaires industriels, commissionnaires de transport, compagnies maritimes », annonce Sogestran. Le modèle économique peut ainsi être le plus équilibré possible tout en prenant en compte le seuil d’acceptabilité pour chacune des parties.
L’Oural à l’HVO « répond à une demande qui nous a été faite de la part notamment de chargeurs pour la mise en place d’une offre logistique « décarbonée ». Nous proposons à bord de l’espace pour un transport plus éco-responsable », ajoute Sogestran.
L’année entière de régime dérogatoire obtenue pour l’Oural à l’HVO peut permettre au groupe de convaincre de nouveaux acteurs et ainsi développer le service à terme.
Le Zulu 6 à l’hydrogène est prêt
Sogestran a donné des nouvelles du nouveau Zulu, le n°6, qui doit être « la première unité fluviale en France à propulsion hydrogène dédiée notamment à la logistique urbaine en région parisienne » :
- « Il est prêt et le matériel est homologué mais nous devons mener des études complémentaires qui nous ont été demandées avant de pouvoir le mettre en navigation.
- Sur le plan réglementaire, nous essuyons les plâtres, en quelque sorte, d’un projet si nouveau et qui constitue une première pour la navigation intérieure.
- Il n’y a aucune crainte en matière de sécurité, simplement le processus réglementaire est long et prend du temps ».
L’horizon pour voir le Zulu 6 sur la Seine se situe vers l’automne 2023.
Sans oublier le Zulu 5 à Lyon
Du côté de Lyon, le Zulu 5 opère en diesel-électrique depuis quelques mois (voir article de NPI) pour des tournées fluviales de ramassage de déchets.
Une montée en puissance de ce service est envisagée pour compléter le modèle en profitant des potentiels offerts par les quais à usage partagé lyonnais, en plus de ceux du port Edouard Herriot.
