Avec leurs vins, leurs céréales et leurs fromages, l'agriculture et l'industrie alimentaire françaises restent un fleuron du commerce extérieur du pays, mais cette puissance s'érode.
Au total, l'agroalimentaire a continué en 2023 à dégager un excédent commercial, de 6,7 milliards d'euros, mais inférieur à celui de l'année précédente (10 milliards). Résultat : "Le solde agricole reste excédentaire, mais à un niveau près de quatre fois moindre qu'en 2022 (1,2 milliard d'euros contre 4,8 milliards en 2022)", notent les douanes.
Du 2e au 6e rang
En 2022, la France était le 6e exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires, avec 4,5 % de parts de marché, derrière les États-Unis, le Brésil, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Chine, selon FranceAgriMer. Elle était pourtant 2e en 2000, avec près de 8 % de parts de marché.
Parmi les facteurs avancés dans un rapport sénatorial pour expliquer le repli de la compétitivité figurent le coût du travail, le degré d'exigence des politiques environnementales, la taille des exploitations en moyenne plus petite que celle des concurrents, une productivité en berne. Et la stratégie de montée en gamme pour atteindre des marchés de niche plus rémunérateurs s'est avérée "être un mauvais calcul", ont conclu les sénateurs.
Les accords de libre-échange, particulièrement décriés lors de la récente fronde des agriculteurs, ne sont pas forcément en cause. Entre l'entrée en vigueur du Ceta en 2017 et l'année 2022, les exportations agroalimentaires vers le Canada ont progressé de 47 %, contre 35 % au total vers le monde hors UE.
Compétition européenne
C'est surtout auprès des pays européens que la compétitivité de la France s'érode, notamment sous l'impulsion de l'élargissement de l'UE aux pays de l'Est, souligne Thierry Pouch, chargé des études économiques aux chambres d'agriculture.
Mais les exportations, affirme le Centre national pour la promotion des produits agricoles et alimentaires (CNPA), ouvrent de nouveaux débouchés et renforcent la compétitivité des productions. Si elles sont en hausse, alors la production l'est aussi, tout comme les investissements, permettant des économies d'échelle qui, in fine, bénéficient aux consommateurs français.
La rédaction, avec Juliette Michel (AFP)