Après une récolte record cet été, la France peine à exporter son blé excédentaire, moins demandé en raison d'une forte moisson mondiale et d'une concurrence accrue, et risque de se retrouver en juin avec un stock jamais vu depuis près de vingt ans.
Si la tendance actuelle se prolonge jusqu'à la fin de la campagne de commercialisation du blé, fixée au 30 juin, il devrait rester près de 6 millions de tonnes de blé dans les stocks de l'Hexagone, selon les prévisions publiées mercredi 13 janvier par l'établissement public FranceAgriMer. Le précédent record date de 1999, avec près de 8 Mt.
Pourtant, "on a exporté autant que l'an dernier mais le problème c'est qu'on a 3 millions de tonnes de plus à vendre", a résumé mercredi Rémi Haquin, président du conseil céréales de FranceAgriMer. La France est le premier exportateur européen de blé, le cinquième au monde. À l'été 2015, 41 millions de tonnes de blé ont été récoltées dans l'Hexagone, un record absolu. Mais les récoltes ont été bonnes partout dans le monde, y compris dans les pays traditionnellement importateurs.
"La demande n'est pas extrêmement dynamique malgré une baisse des prix qui dure, du fait de l'amélioration des récoltes au Maghreb", souligne ainsi Olivia Le Lamer, chef de l'unité grandes cultures à FranceAgriMer. Les stocks mondiaux de blé atteignent le niveau record de 232 millions de tonnes, soit près de 10 % de plus que le précédent record établi l'an dernier, selon les dernières estimations du gouvernement américain.
Concurrence argentine
La concurrence entre les grands pays exportateurs, déjà féroce, s'est encore accrue depuis le retour de l'Argentine dans le jeu mi-décembre, avec la levée des taxes à l'exportation sur le blé et le maïs. Sa compétitivité est "bel et bien restaurée" grâce aux mesures prises par le nouveau président, Mauricio Macri, explique Olivia Le Lamer. Pour la première fois depuis 2012, l'Argentine a ainsi raflé fin décembre un important appel d'offres de l'Égypte, premier acheteur mondial de blé, damant le pion aux exportateurs russes, français et ukrainiens. L'Argentine est aidée par le très faible prix du fret maritime, qui lui permet d'accéder aux marchés du Moyen-Orient et d'Asie du Sud-Est.
Face à cette concurrence, la France vient de revoir à la baisse ses objectifs d'exportation de blé vers les pays tiers (hors UE), les ramenant à 11,3 millions de tonnes. Il y a "moins d'optimisme des opérateurs sur la destination égyptienne", reconnaît Olivia Le Lamer, d'autant que le pays envisage de durcir certains aspects sanitaires de son cahier des charges et a laissé en carafe pendant plusieurs jours trois navires français chargés de blé, faute de lettres de crédit.
L'attitude des céréaliers français a aussi freiné certains contrats à l'exportation. "Des marchés passent sans avoir assez de marchandises pour les approvisionner" car de nombreux agriculteurs ne mettent pas en vente leur récolte, dans l'espoir que les prix finissent par remonter, expliquait il y a quelques jours Thierry Dupont, président de Sénalia, qui opèrent les plus importants silos de blé du port de Rouen. Pour les dirigeants de Sénalia, le retard pris par la France dans ses exportations "ne peut pas se rattraper" même si les ventes s'accélèrent, car la logistique ne pourra pas suivre.
Les sites de stockage risquent donc fort de ne pas être vides fin juin, lorsque la nouvelle récolte sera effectuée. "Il va y avoir confrontation des deux campagnes" dans les silos, estime Damien Vercambre, courtier spécialisé chez Inter-Courtage. Y aura-t-il assez de place pour stocker tout ce blé ? "Ça tiendra", promet Rémi Haquin, mais il faudra peut-être entreposer le nouveau blé sous des hangars (et non dans des silos), avec à terme un risque de détérioration.
Pourtant, "on a exporté autant que l'an dernier mais le problème c'est qu'on a 3 millions de tonnes de plus à vendre", a résumé mercredi Rémi Haquin, président du conseil céréales de FranceAgriMer. La France est le premier exportateur européen de blé, le cinquième au monde. À l'été 2015, 41 millions de tonnes de blé ont été récoltées dans l'Hexagone, un record absolu. Mais les récoltes ont été bonnes partout dans le monde, y compris dans les pays traditionnellement importateurs.
"La demande n'est pas extrêmement dynamique malgré une baisse des prix qui dure, du fait de l'amélioration des récoltes au Maghreb", souligne ainsi Olivia Le Lamer, chef de l'unité grandes cultures à FranceAgriMer. Les stocks mondiaux de blé atteignent le niveau record de 232 millions de tonnes, soit près de 10 % de plus que le précédent record établi l'an dernier, selon les dernières estimations du gouvernement américain.
Concurrence argentine
La concurrence entre les grands pays exportateurs, déjà féroce, s'est encore accrue depuis le retour de l'Argentine dans le jeu mi-décembre, avec la levée des taxes à l'exportation sur le blé et le maïs. Sa compétitivité est "bel et bien restaurée" grâce aux mesures prises par le nouveau président, Mauricio Macri, explique Olivia Le Lamer. Pour la première fois depuis 2012, l'Argentine a ainsi raflé fin décembre un important appel d'offres de l'Égypte, premier acheteur mondial de blé, damant le pion aux exportateurs russes, français et ukrainiens. L'Argentine est aidée par le très faible prix du fret maritime, qui lui permet d'accéder aux marchés du Moyen-Orient et d'Asie du Sud-Est.
Face à cette concurrence, la France vient de revoir à la baisse ses objectifs d'exportation de blé vers les pays tiers (hors UE), les ramenant à 11,3 millions de tonnes. Il y a "moins d'optimisme des opérateurs sur la destination égyptienne", reconnaît Olivia Le Lamer, d'autant que le pays envisage de durcir certains aspects sanitaires de son cahier des charges et a laissé en carafe pendant plusieurs jours trois navires français chargés de blé, faute de lettres de crédit.
L'attitude des céréaliers français a aussi freiné certains contrats à l'exportation. "Des marchés passent sans avoir assez de marchandises pour les approvisionner" car de nombreux agriculteurs ne mettent pas en vente leur récolte, dans l'espoir que les prix finissent par remonter, expliquait il y a quelques jours Thierry Dupont, président de Sénalia, qui opèrent les plus importants silos de blé du port de Rouen. Pour les dirigeants de Sénalia, le retard pris par la France dans ses exportations "ne peut pas se rattraper" même si les ventes s'accélèrent, car la logistique ne pourra pas suivre.
Les sites de stockage risquent donc fort de ne pas être vides fin juin, lorsque la nouvelle récolte sera effectuée. "Il va y avoir confrontation des deux campagnes" dans les silos, estime Damien Vercambre, courtier spécialisé chez Inter-Courtage. Y aura-t-il assez de place pour stocker tout ce blé ? "Ça tiendra", promet Rémi Haquin, mais il faudra peut-être entreposer le nouveau blé sous des hangars (et non dans des silos), avec à terme un risque de détérioration.