Total poursuit sur deux sites français sa restructuration dans le raffinage

Après l'Angleterre en février, Total poursuit la restructuration de son activité de raffinage avec l'annonce jeudi 16 avril de la suppression de 180 postes sur le site de La Mède (Bouches-du-Rhône), qui sera reconverti, et d'importants investissements pour moderniser celui de Donges (Loire-Atlantique).
Le plan présenté jeudi matin aux syndicats lors d'un Comité central d'entreprise (CCE) prévoit d'arrêter fin 2016, le traitement de pétrole brut lourdement déficitaire à La Mède et de développer, via un investissement de 200 millions d'euros, d'autres activités notamment la production de biocarburants. Il comprend aussi 400 millions d'euros d'investissements sur le site de Donges, pour permettre à cette raffinerie, à partir de 2019, de produire des carburants conformes aux normes européennes en matière de teneur en soufre via l'ajout notamment d'une unité de désulfuration.
C'est un plan "résolument tourné vers l'avenir et extrêmement ambitieux parce que 600 millions d'euros c'est un effort absolument majeur notamment à une époque où les groupes pétroliers sont plutôt en train de réduire la voilure sur un certain nombre de leurs investissements", a assuré Philippe Sauquet, le patron de la branche raffinage/chimie du groupe. L'objectif est de rétablir la rentabilité des deux sites. Il devrait être atteint "à la date de mise en service" des nouvelles installations prévues par le plan même si en attendant la branche raffinerie pourrait "continuer de souffrir pendant quelques années", a-t-il ajouté.
À La Mède, qui a subi des pertes de plus de 100 millions d'euros par an ces dernières années, cette transformation va entraîner la suppression de 180 postes sur les 430 que compte le site mais sans aucun licenciement assure la direction du géant pétrolier. "Une petite moitié devrait se dérouler avec des départs en retraite, des mesures d'âges y compris des retraites anticipées, a-t-il détaillé, et une autre petite moitié, ce sont des reclassements du personnel non cadre", dans la même région au sein du groupe ou d'entreprises dans lesquelles il a des participations, ainsi que le réclamaient les syndicats.
La direction de La Mède doit présenter le plan annoncé ce jeudi au CCE à ses salariés lors d'un comité d'entreprise vendredi 17 avril. La CGT de la raffinerie a jugé ces suppressions de postes "inacceptables" et a entamé une grève ce jeudi à 4 heures, qui paralyse "les expéditions de tous les produits" sortant du site, selon Rachid Medhi, un représentant du syndicat. De son côté, la CFDT, premier syndicat du groupe, a assuré qu'elle "soutiendra tous projets durables" mais "ne cautionne aucune perte d'emploi". L'un des enjeux sera le coût du volet social du plan, qui reste à négocier, mais qui ne sera "pas négligeable", selon Philippe Sauquet. À la bioraffinerie s'ajoutera aussi le développement d'autres activités (logistique, construction d'une centrale solaire, production d'additif pour réduire les émissions de particules du diesel, centre de formation).

20 % de capacités en moins en Europe en 2017

Avec l'arrêt de l'activité de raffinage classique à La Mède, Total ne disposera plus que de quatre sites de traitement de pétrole brut en France, employant environ 3.600 personnes. Ces dernières années, Total a déjà restructuré deux sites en France, en 2010 à Dunkerque (Nord) et en 2013 à Carling (Moselle), avec environ 350 emplois supprimés. Il a parallèlement investi plus d'un milliard d'euros en 2012 sur sa plateforme de raffinage de Normandie, à Gonfreville-L'Orcher en Seine-Maritime aujourd'hui considérée par le groupe comme l'un de ses six sites-clés dans le monde.
Pour Total, l'objectif est de s'adapter à la crise structurelle du secteur du raffinage en Europe, qui souffre depuis plusieurs années de surcapacités, évaluées entre 1,5 à 2 millions de barils par jour, soit l'équivalent d'une dizaine de raffineries. Le secteur fait en effet face à une baisse de la demande en Europe pour les produits pétroliers (- 15 % depuis 2008 selon Total), à laquelle s'ajoute la concurrence des raffineries américaines, asiatiques et du Moyen-Orient aux coûts moins élevés.
Ainsi, une fois modernisée, Donges produira des carburants adaptés aux évolutions des normes européennes, ce qui la rendra "moins dépendante des exports", a assuré M. Sauquet. Le groupe veut au final réduire de 20 % d'ici 2017 ses capacités dans le raffinage/chimie, projet qui sera "mené à bien" selon le groupe avec le plan annoncé ce jeudi en France. Conséquence : "Il n'y a pas d'autre opération structurelle à attendre sur cette période sur nos sites européens", a prévenu M. Sauquet.

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