Le projet de vente des Chantiers de l'Atlantique au groupe italien Fincantieri, enlisé depuis de nombreux mois, est sauf surprise parti pour capoter, au grand soulagement des salariés et de certains élus.
Les salariés du chantier naval français retiennent leur souffle. L'accord de cession des Chantiers de l'Atlantique à Fincantieri, dont la première version a été signée le 2 février 2018, prévoit que l'opération soit finalisée d'ici au 31 décembre. Or, le groupe public italien n'a toujours pas soumis à la Commission européenne les informations qu'elle lui réclame dans le cadre de son enquête approfondie sur l'impact de la vente pour la concurrence dans le secteur de la construction navale.
Faute de réponse d'ici jeudi ou d'octroi d'un nouveau délai, l'accord de cession, déjà repoussé à quatre reprises, tombera.
Un actif stratégique
La Commission européenne indique que "la montre est bloquée" car "les informations manquantes ne sont pas fournies par les parties". "Nous estimons avoir fait tout ce que nous devions et pouvions faire. De notre côté, nous ne pouvons pas faire davantage", a affirmé pour sa part un porte-parole de Fincantieri, rappelant que "le contrat arrivait à échéance le 31 décembre de par la volonté des parties : Fincantieri et l'Agence des participations de l’État français". Le ministère français de l’Économie n'a pas fait de commentaire.
Depuis la faillite de STX l'ex-maison mère sud-coréenne des Chantiers, l'entreprise de Saint-Nazaire, spécialisée dans les paquebots et navires militaires de grande taille, est détenue par l’État français (84,3 % du capital), Naval Group (11,7 %), les salariés (2,4 %) et des sociétés locales (1,6 %). Depuis 2017, un projet de cession prévoit que Fincantieri détienne 50 % du capital, plus 1 % supplémentaire prêté par l’État français – qui se réserve le droit de le reprendre si le groupe italien ne respectait pas ses engagements.
Le dossier est stratégique, le secteur de la construction des grands navires de croisière étant encore une chasse gardée européenne face à la concurrence asiatique. Trois constructeurs se partagent le marché : les Chantiers de l'Atlantique, Fincantieri et l'allemand Meyer Werft. Or une alliance nouée entre l'entreprise italienne et le chinois CSCC pour construire des paquebots fait craindre de laisser entrer le loup dans la bergerie.
Sortir la tête haute
"Depuis le début, on est farouchement opposé" à la vente, rappelle à Nathalie Durand-Prinborgne, déléguée du syndicat FO aux Chantiers de l'Atlantique, en évoquant "le contrat de transfert de technologie entre Fincantieri et le chinois CSSC". Mais "tant qu'on ne sera pas le 1er janvier, on ne criera pas victoire".
Le maire socialiste de Saint-Nazaire David Samzun souhaite lui aussi "bien évidemment que cette vente n'aille pas jusqu'au bout", craignant une "perte de savoir-faire" des Chantiers qui pourraient devenir une "variable d'ajustement" pour Fincantieri.
Les Chantiers de l'Atlantique emploient 3.100 personnes et 5.000 sous-traitants français et étrangers.
Sur le plan diplomatique, le dossier est sensible. Après la signature de l'accord pourtant durement négocié, c'est la France et l'Allemagne qui avaient saisi la Commission européenne. Le geste avait fait grincer des dents à Rome, où le chef du gouvernement Giuseppe Conte avait critiqué un comportement "ambigu" et "peu compréhensible" de Paris.
Faute de réponse d'ici jeudi ou d'octroi d'un nouveau délai, l'accord de cession, déjà repoussé à quatre reprises, tombera.
Un actif stratégique
La Commission européenne indique que "la montre est bloquée" car "les informations manquantes ne sont pas fournies par les parties". "Nous estimons avoir fait tout ce que nous devions et pouvions faire. De notre côté, nous ne pouvons pas faire davantage", a affirmé pour sa part un porte-parole de Fincantieri, rappelant que "le contrat arrivait à échéance le 31 décembre de par la volonté des parties : Fincantieri et l'Agence des participations de l’État français". Le ministère français de l’Économie n'a pas fait de commentaire.
Depuis la faillite de STX l'ex-maison mère sud-coréenne des Chantiers, l'entreprise de Saint-Nazaire, spécialisée dans les paquebots et navires militaires de grande taille, est détenue par l’État français (84,3 % du capital), Naval Group (11,7 %), les salariés (2,4 %) et des sociétés locales (1,6 %). Depuis 2017, un projet de cession prévoit que Fincantieri détienne 50 % du capital, plus 1 % supplémentaire prêté par l’État français – qui se réserve le droit de le reprendre si le groupe italien ne respectait pas ses engagements.
Le dossier est stratégique, le secteur de la construction des grands navires de croisière étant encore une chasse gardée européenne face à la concurrence asiatique. Trois constructeurs se partagent le marché : les Chantiers de l'Atlantique, Fincantieri et l'allemand Meyer Werft. Or une alliance nouée entre l'entreprise italienne et le chinois CSCC pour construire des paquebots fait craindre de laisser entrer le loup dans la bergerie.
Sortir la tête haute
"Depuis le début, on est farouchement opposé" à la vente, rappelle à Nathalie Durand-Prinborgne, déléguée du syndicat FO aux Chantiers de l'Atlantique, en évoquant "le contrat de transfert de technologie entre Fincantieri et le chinois CSSC". Mais "tant qu'on ne sera pas le 1er janvier, on ne criera pas victoire".
Le maire socialiste de Saint-Nazaire David Samzun souhaite lui aussi "bien évidemment que cette vente n'aille pas jusqu'au bout", craignant une "perte de savoir-faire" des Chantiers qui pourraient devenir une "variable d'ajustement" pour Fincantieri.
Les Chantiers de l'Atlantique emploient 3.100 personnes et 5.000 sous-traitants français et étrangers.
Sur le plan diplomatique, le dossier est sensible. Après la signature de l'accord pourtant durement négocié, c'est la France et l'Allemagne qui avaient saisi la Commission européenne. Le geste avait fait grincer des dents à Rome, où le chef du gouvernement Giuseppe Conte avait critiqué un comportement "ambigu" et "peu compréhensible" de Paris.