Dans l'Est de l'Arabie saoudite, la puissante compagnie pétrolière nationale Aramco et Total mettent la dernière main à la raffinerie géante de Jubail, considérée par le groupe français comme une clé d'entrée dans le royaume où il peinait jusqu'ici à percer.
Dans la chaleur écrasante du désert, à une trentaine de kilomètres du Golfe, une succession de cuves de stockage surdimensionnées, des milliers de kilomètres de tubes enchevêtrés et des structures en acier biscornues barrent le désert sur plus de 2 km de long. C'est la méga-raffinerie de Jubail, construite par la Satorp, coentreprise de Saudi Aramco et Total, qui en possèdent respectivement 62,5 % et 37,5 % des parts. Ce complexe de raffinage et de pétrochimie, qui entrera progressivement en service au premier trimestre 2013 (en vue d'un fonctionnement complet fin 2013), pourra traiter 400.000 barils de pétrole brut par jour, l'équivalent de 20 millions de tonnes d'or noir par an, ou près du double de la plus grosse raffinerie française.
Outre sa taille imposante, Jubail abritera des installations ultra sophistiquées, lui permettant non seulement de traiter du brut lourd et soufré (moins cher que le brut léger), mais aussi de convertir entièrement en produits plus nobles le fuel lourd qui subsiste normalement à l'issue des opérations de raffinage classiques. Tournée vers l'exportation, elle desservira essentiellement les pays d'Asie et du Moyen-Orient, et produira aussi d'importantes quantités de produits chimiques de base.
Un pied dans le royaume
Ce projet au financement innovant (compatible avec la Charia, la loi islamique) fait partie d'une série d'installations dans l'aval pétrolier (raffinage et pétrochimie), lancées il y a quelques années par Aramco avec l'appui de sociétés étrangères. Pour Total, ce projet est un moyen de mettre un pied dans le pays, même s'il reste cantonné à l'aval, l'amont pétrolier restant le pré carré d'Aramco.
"C'est un moyen de poser des jalons pour le groupe", a souligné Patrick Pouyanné, directeur général de la division raffinage-chimie de Total. "Il est très important pour l'avenir de Total de bâtir une relation avec Saudi Aramco, la plus importante compagnie pétrolière mondiale, et avec l'Arabie saoudite, la patrie du pétrole, car nous étions présents partout au Moyen-Orient sauf ici", a-t-il souligné. Cette fois, la compagnie française pense avoir mis toutes les chances de succès de son côté, après avoir connu un faux départ dans le pays il y a quelques années. Elle s'était en effet lancée en 2004 avec Shell et Aramco dans un programme d'exploration gazière dans le Sud du pays, avant de s'en retirer en 2006 après des forages infructueux. Cependant, Aramco ne lui en a nullement tenu rigueur.
"Shell et nous avons continué à explorer mais nous sommes rendus compte trois ans plus tard que Total avait raison, et notre relation s'est poursuivie. Il y une grande alchimie entre les directions et les collaborateurs de nos deux groupes", a souligné le PDG de Saudi Aramco, Khalid Al-Falih, en recevant une délégation de Total à Dhahran, capitale pétrolière du pays, où la première goutte d'or noir du royaume a été découverte en 1938. La Satorp "est la pierre angulaire de cette relation", a-t-il ajouté, qualifiant la raffinerie de "plate-forme de croissance", qui pourrait être amenée à s'étendre dans les années qui viennent. Une perspective qui ravit M. Pouyanné. "Avec Jubail, on aura une superbe base, et si on peut ajouter de la valeur, on peut être intéressé à faire plus de pétrochimie pour tirer le maximum des molécules produites par la raffinerie", a-t-il assuré.
La méga-raffinerie en chiffres
Voici les principaux chiffres concernant la méga-raffinerie en cours d'achèvement à Jubail, en Arabie saoudite, diffusés par la Satorp, la coentreprise des compagnies pétrolières Saudi Aramco et Total, en charge du projet.
- Capacité : 400.000 barils de pétrole brut traités par jour, soit 20 millions de tonnes par an, à quoi s'ajoutera la production de 700.000 tonnes de paraxylène, 205.000 tonnes de propylène et 150.000 tonnes de benzène par an.
- 3 ans de construction.
- 45.000 personnes en pic sur le chantier (37.000 emplois direct et 8.000 en support), dont plus de 1.000 personnes dédiées à la sécurité.
- 40 nationalités représentées.
- Montants des contrats de construction : 9,6 milliards de dollars, soit l'équivalent d'une ligne ferroviaire à grande vitesse Paris-Cologne.
- 7 sociétés d’ingénierie internationales (Espagne, Italie, Corée, Japon, Singapour) et plusieurs locales mobilisées.
- Le chantier représente environ 250 millions d'heures de travail directes.
- Le complexe comprend 4.750 gros équipements de 30 tonnes en moyenne (colonnes de distillation, ballons, fours, pompes, compresseurs...).
- 17.000 km de câbles électriques et d'instrumentation.
- Plus de 20.000 km de conduites aériennes (soit la moitié du tour de la Terre).
- De l'ordre de 100.000 tonnes d'acier pour les structures (13 fois la tour Eiffel).
- 700.000 tonnes de béton (plus de 3 fois le Stade de France ou 8 fois le viaduc de Millau).
- Superficie de la raffinerie : 500 hectares (700 terrains de football); plus des installations temporaires nécessaires au chantier réparties sur 600 hectares supplémentaires (850 terrains de football).
- À terme, 1.066 employés seront dédiés à l'exploitation de la raffinerie.
- Le projet appartient à la coentreprise Saudi Aramco Total Refining Petrochemicals (Satorp), contrôlée à 62,5 % par Saudi Aramco (part qui sera ramenée à 37,5 % via l'introduction ultérieure de 25 % du capital à la Bourse de Riyad), et à 37,5 % par Total.
Outre sa taille imposante, Jubail abritera des installations ultra sophistiquées, lui permettant non seulement de traiter du brut lourd et soufré (moins cher que le brut léger), mais aussi de convertir entièrement en produits plus nobles le fuel lourd qui subsiste normalement à l'issue des opérations de raffinage classiques. Tournée vers l'exportation, elle desservira essentiellement les pays d'Asie et du Moyen-Orient, et produira aussi d'importantes quantités de produits chimiques de base.
Un pied dans le royaume
Ce projet au financement innovant (compatible avec la Charia, la loi islamique) fait partie d'une série d'installations dans l'aval pétrolier (raffinage et pétrochimie), lancées il y a quelques années par Aramco avec l'appui de sociétés étrangères. Pour Total, ce projet est un moyen de mettre un pied dans le pays, même s'il reste cantonné à l'aval, l'amont pétrolier restant le pré carré d'Aramco.
"C'est un moyen de poser des jalons pour le groupe", a souligné Patrick Pouyanné, directeur général de la division raffinage-chimie de Total. "Il est très important pour l'avenir de Total de bâtir une relation avec Saudi Aramco, la plus importante compagnie pétrolière mondiale, et avec l'Arabie saoudite, la patrie du pétrole, car nous étions présents partout au Moyen-Orient sauf ici", a-t-il souligné. Cette fois, la compagnie française pense avoir mis toutes les chances de succès de son côté, après avoir connu un faux départ dans le pays il y a quelques années. Elle s'était en effet lancée en 2004 avec Shell et Aramco dans un programme d'exploration gazière dans le Sud du pays, avant de s'en retirer en 2006 après des forages infructueux. Cependant, Aramco ne lui en a nullement tenu rigueur.
"Shell et nous avons continué à explorer mais nous sommes rendus compte trois ans plus tard que Total avait raison, et notre relation s'est poursuivie. Il y une grande alchimie entre les directions et les collaborateurs de nos deux groupes", a souligné le PDG de Saudi Aramco, Khalid Al-Falih, en recevant une délégation de Total à Dhahran, capitale pétrolière du pays, où la première goutte d'or noir du royaume a été découverte en 1938. La Satorp "est la pierre angulaire de cette relation", a-t-il ajouté, qualifiant la raffinerie de "plate-forme de croissance", qui pourrait être amenée à s'étendre dans les années qui viennent. Une perspective qui ravit M. Pouyanné. "Avec Jubail, on aura une superbe base, et si on peut ajouter de la valeur, on peut être intéressé à faire plus de pétrochimie pour tirer le maximum des molécules produites par la raffinerie", a-t-il assuré.
La méga-raffinerie en chiffres
Voici les principaux chiffres concernant la méga-raffinerie en cours d'achèvement à Jubail, en Arabie saoudite, diffusés par la Satorp, la coentreprise des compagnies pétrolières Saudi Aramco et Total, en charge du projet.
- Capacité : 400.000 barils de pétrole brut traités par jour, soit 20 millions de tonnes par an, à quoi s'ajoutera la production de 700.000 tonnes de paraxylène, 205.000 tonnes de propylène et 150.000 tonnes de benzène par an.
- 3 ans de construction.
- 45.000 personnes en pic sur le chantier (37.000 emplois direct et 8.000 en support), dont plus de 1.000 personnes dédiées à la sécurité.
- 40 nationalités représentées.
- Montants des contrats de construction : 9,6 milliards de dollars, soit l'équivalent d'une ligne ferroviaire à grande vitesse Paris-Cologne.
- 7 sociétés d’ingénierie internationales (Espagne, Italie, Corée, Japon, Singapour) et plusieurs locales mobilisées.
- Le chantier représente environ 250 millions d'heures de travail directes.
- Le complexe comprend 4.750 gros équipements de 30 tonnes en moyenne (colonnes de distillation, ballons, fours, pompes, compresseurs...).
- 17.000 km de câbles électriques et d'instrumentation.
- Plus de 20.000 km de conduites aériennes (soit la moitié du tour de la Terre).
- De l'ordre de 100.000 tonnes d'acier pour les structures (13 fois la tour Eiffel).
- 700.000 tonnes de béton (plus de 3 fois le Stade de France ou 8 fois le viaduc de Millau).
- Superficie de la raffinerie : 500 hectares (700 terrains de football); plus des installations temporaires nécessaires au chantier réparties sur 600 hectares supplémentaires (850 terrains de football).
- À terme, 1.066 employés seront dédiés à l'exploitation de la raffinerie.
- Le projet appartient à la coentreprise Saudi Aramco Total Refining Petrochemicals (Satorp), contrôlée à 62,5 % par Saudi Aramco (part qui sera ramenée à 37,5 % via l'introduction ultérieure de 25 % du capital à la Bourse de Riyad), et à 37,5 % par Total.