La reprise économique tant espérée dans le pays à la sortie de la pandémie de Covid fin 2022 a été brève et moins robuste qu'escompté.
Elle bute désormais sur une conjoncture incertaine qui grippe les dépenses des ménages, tandis qu'une crise immobilière et un fort chômage des jeunes pèsent sur le pouvoir d'achat.
Les tensions géopolitiques avec les États-Unis et la volonté de certains pays occidentaux de réduire leur dépendance à la Chine ou de diversifier leurs chaînes d'approvisionnement tendent à peser sur le commerce chinois, et donc l'activité du monde industriel qui est majoritairement tourné vers l'export.
Des prévisions erronées
En mai, l'indice des directeurs d'achat (PMI), baromètre du monde industriel, s'est établi à 49,5 points, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS), contre 50,4 points en avril.
Un chiffre supérieur à 50 témoigne d'une expansion de l'activité manufacturière et, en deçà, il traduit une contraction. Cet indice repasse en territoire négatif pour la première fois depuis février. Il était auparavant resté dans le rouge durant cinq mois consécutifs.
La performance du mois de mai va à l'encontre des prévisions d'analystes sondés par l'agence Bloomberg. Ils anticipaient au contraire une accélération de l'activité manufacturière (50,5).
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"La Chine ne peut pas dépendre uniquement des exportations pour faire tourner son économie", souligne l'analyste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management, en référence à un secteur-clé pour le géant asiatique qui a un impact direct sur ses usines.
Les transports en bonne santé
La reprise post-Covid en Chine reste inégale : certains secteurs ont largement retrouvé des couleurs (notamment les services et le tourisme ou encore l'automobile), tandis que d'autres restent à la peine, en particulier l'immobilier qui a longtemps été en Chine un moteur de la croissance.
L'indice PMI non-manufacturier, qui inclut les services et notamment les transports, a donc logiquement augmenté en mai à 51,1 points. Mais sa progression a été moins robuste qu'en avril (51,2 points).
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Des analystes interrogés par Bloomberg anticipaient pour mai une hausse plus soutenue (51,5).
La Chine a signé l'an dernier l'une des croissances les plus faibles en trois décennies (5,2 %), selon un chiffre officiel qui laisse dubitatifs certains économistes compte tenu des difficultés qui pèsent sur l'activité.
Ce taux ferait rêver nombre de nations développées, mais il reste pour la Chine bien loin de l'expansion fulgurante qui l'a propulsée ces dernières décennies vers les sommets de l'économie mondiale.
Un optimisme mesuré
Le pays opère par ailleurs une transition de son modèle de croissance, d'atelier du monde pour des produits à faible valeur ajoutée à tentative de devenir un centre d'innovation incontournable pour les technologies du futur (intelligence artificielle, énergies vertes...).
Le Fonds monétaire international (FMI) s'est dit le 29 mai plus optimiste qu'escompté pour la croissance chinoise cette année, tout en mettant en garde contre les défis qui demeurent sur le plan industriel et budgétaire.
Le FMI a relevé sa prévision de croissance pour la Chine à 5 % pour cette année, en ligne avec l'objectif fixé par Pékin, avant un ralentissement en 2025 à 4,5 %.
La rédaction (avec Sébastien Ricci de l'AFP)