Pénuries ou craintes de manquer : après les perturbations logistiques liées au Covid, le tissu industriel est en train de se modifier, avec une tendance à la relocalisation de sites plus près des consommateurs, qui crée encore peu d'emplois, mais pourrait à terme bénéficier au commerce extérieur.
Dans le monde, les relocalisations d'industries se multiplient au fur et à mesure de la reprise des investissements qui ont retrouvé en 2021 leur niveau d'avant Covid, et, en France, elles bénéficient surtout aux PME. La distance moyenne entre le lieu de décision d'un investissement et le lieu de l'investissement s'est établie à 3.120 kilomètres à mi-2021, selon une étude publiée par le cabinet Trendeo. En 2020, elle a encore baissé de presque 5 %, maximum observé par le baromètre de l'industrie publié par Trendeo depuis sa création en 2016.
"Il y a bien une contraction des chaînes mondiales de production" souligne David Cousquer, fondateur de Trendeo, spécialisé dans l'analyse de données sur les tendances économiques. "Il y a une régionalisation des investissements industriels mondiaux, on voit que c'est une tendance de fond" ajoute Gwenaël Guillemot, directeur de l'Institut de la réindustrialisation, et responsable du département Industrie à l'école d'ingénieurs CESI, partenaire du baromètre de Trendeo.
Mais il ne s'agit ni de démondialisation ni d'autosuffisance. En effet, l'une des activités industrielles les plus en expansion dans le monde, détectée par l'étude, est l'installation de plateformes logistiques robotisées destinées au commerce électronique, qui fluidifient de fait importations et exportations de marchandises.
624 projets en France
Au second semestre 2020, Amazon à lui tout seul a représenté un record de 38 % des investissements logistiques réalisés, précise l'étude. Au total 1.705 plateformes se sont implantées de 2016 à 2021 (dont 125 en 2021, au même niveau que 2019), plaçant ce secteur au deuxième rang des hausses d'investissement industriel l'an passé, derrière la pharmacie, et avant l'électronique.
En France, le baromètre signale que les relocalisations industrielles sont en "forte hausse" : 115 ont été identifiées depuis septembre 2019.
La ministre de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, s'affiche encore plus optimiste avec 624 projets de relocalisation identifiés à date par Bercy, grâce aux aides du plan de relance. "Ils vont se déployer sur 2021, 2022 et 2023", a-t-elle déclaré, "soit six fois ce qu'a fait la mandature Sarkozy", relève-t-elle.
Avant le plan de relance, "on comptait en moyenne une dizaine de cas de relocalisations par an en France, avec un pic à une trentaine de projets en 2014 dus à l'activisme du ministre de l'Industrie de l'époque Arnaud Montebourg, mais la mayonnaise n'avait pas pris", acquiesce Gwenaël Guillemot.
"Il y a bien quelque chose qui se passe, et cela impacte surtout le tissu industriel des PME", analyse-t-il, alors que le phénomène des délocalisations avait, lui, surtout touché les grands groupes.
Néanmoins, "on constate une quasi-absence de la France sur les relocalisations de grands projets industriels comme les fonderies de semi-conducteurs (silicium)", avertit David Cousquer. Du coup, la tendance est encore loin de se refléter dans les chiffres de l'emploi en France : "31.740 emplois ont été délocalisés entre 2009 et 2021, et 4.885 emplois ont été créés, relocalisés dans le même temps" en France, selon Gwenaël Guillemot.
"Aller plus loin"
"Cela fait du bien à la France sur l'un de ses points faibles : les PME", note David Cousquer : "Un dynamisme industriel apparaît dans les territoires", selon Gwenaël Guillemot.
Il était temps. Une note du Haut-Commissariat au Plan publiée le 7 décembre fustige le "déclassement" industriel du pays, qui élargit sans cesse son déficit commercial en l'obligeant à importer toujours plus de marchandises non produites sur le sol national.
Le Plan énumère une cinquantaine de produits dans huit domaines : alimentaire, transports, objets de la maison, machines et outils, matériaux, textile, produits médicaux et pharmaceutiques, et hydrocarbures pour lesquels", les productions nationales pourraient être renforcées ou constituées".
Selon le Haut-Commissaire au, Plan François Bayrou, il "faut aller plus loin" que les plans de relance et d'investissement France Relance et France 2030 pour relancer la machine productive. "L'argent public ne suffira pas" a-t-il déclaré ans "Les Échos", "il faut trouver des stratégies pour orienter l'argent privé vers l'investissement de production".
"Il y a bien une contraction des chaînes mondiales de production" souligne David Cousquer, fondateur de Trendeo, spécialisé dans l'analyse de données sur les tendances économiques. "Il y a une régionalisation des investissements industriels mondiaux, on voit que c'est une tendance de fond" ajoute Gwenaël Guillemot, directeur de l'Institut de la réindustrialisation, et responsable du département Industrie à l'école d'ingénieurs CESI, partenaire du baromètre de Trendeo.
Mais il ne s'agit ni de démondialisation ni d'autosuffisance. En effet, l'une des activités industrielles les plus en expansion dans le monde, détectée par l'étude, est l'installation de plateformes logistiques robotisées destinées au commerce électronique, qui fluidifient de fait importations et exportations de marchandises.
624 projets en France
Au second semestre 2020, Amazon à lui tout seul a représenté un record de 38 % des investissements logistiques réalisés, précise l'étude. Au total 1.705 plateformes se sont implantées de 2016 à 2021 (dont 125 en 2021, au même niveau que 2019), plaçant ce secteur au deuxième rang des hausses d'investissement industriel l'an passé, derrière la pharmacie, et avant l'électronique.
En France, le baromètre signale que les relocalisations industrielles sont en "forte hausse" : 115 ont été identifiées depuis septembre 2019.
La ministre de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, s'affiche encore plus optimiste avec 624 projets de relocalisation identifiés à date par Bercy, grâce aux aides du plan de relance. "Ils vont se déployer sur 2021, 2022 et 2023", a-t-elle déclaré, "soit six fois ce qu'a fait la mandature Sarkozy", relève-t-elle.
Avant le plan de relance, "on comptait en moyenne une dizaine de cas de relocalisations par an en France, avec un pic à une trentaine de projets en 2014 dus à l'activisme du ministre de l'Industrie de l'époque Arnaud Montebourg, mais la mayonnaise n'avait pas pris", acquiesce Gwenaël Guillemot.
"Il y a bien quelque chose qui se passe, et cela impacte surtout le tissu industriel des PME", analyse-t-il, alors que le phénomène des délocalisations avait, lui, surtout touché les grands groupes.
Néanmoins, "on constate une quasi-absence de la France sur les relocalisations de grands projets industriels comme les fonderies de semi-conducteurs (silicium)", avertit David Cousquer. Du coup, la tendance est encore loin de se refléter dans les chiffres de l'emploi en France : "31.740 emplois ont été délocalisés entre 2009 et 2021, et 4.885 emplois ont été créés, relocalisés dans le même temps" en France, selon Gwenaël Guillemot.
"Aller plus loin"
"Cela fait du bien à la France sur l'un de ses points faibles : les PME", note David Cousquer : "Un dynamisme industriel apparaît dans les territoires", selon Gwenaël Guillemot.
Il était temps. Une note du Haut-Commissariat au Plan publiée le 7 décembre fustige le "déclassement" industriel du pays, qui élargit sans cesse son déficit commercial en l'obligeant à importer toujours plus de marchandises non produites sur le sol national.
Le Plan énumère une cinquantaine de produits dans huit domaines : alimentaire, transports, objets de la maison, machines et outils, matériaux, textile, produits médicaux et pharmaceutiques, et hydrocarbures pour lesquels", les productions nationales pourraient être renforcées ou constituées".
Selon le Haut-Commissaire au, Plan François Bayrou, il "faut aller plus loin" que les plans de relance et d'investissement France Relance et France 2030 pour relancer la machine productive. "L'argent public ne suffira pas" a-t-il déclaré ans "Les Échos", "il faut trouver des stratégies pour orienter l'argent privé vers l'investissement de production".