Malgré un contexte déprimé pour les prix du gaz et du pétrole, la 4e major mondiale a amélioré son bénéfice net de 4 % par rapport à 2022, grâce à la "croissance des hydrocarbures, en particulier du gaz naturel liquéfié (GNL) et de l'électricité", a souligné le 7 février 202 son PDG Patrick Pouyanné dans le communiqué des résultats de l'entreprise.
TotalEnergies a dégagé en 2023 un bénéfice net de 21,4 milliards de dollars (19,8 milliards d'euros), un nouveau record après son résultat historique de l'année hors norme 2022. Ce bilan est cependant en deçà des prévisions des analystes, qui attendaient entre 21 et 22 milliards d'euros de bénéfice net. Le bénéfice ajusté, l'indicateur de référence pour les investisseurs, a, quant à lui, reculé de 36 % à 23,2 milliards de dollars, par rapport à 2022, en raison de son retrait de ses activités en Russie.
TotalEnergies a mieux résisté que ses concurrents
Le groupe français a fermé le 6 février le bal des résultats annuels des majors pétrolières et gazières, dont les profits ont reflué sur fond de baisse des prix des hydrocarbures. Tout le secteur avait profité en 2022 de la flambée des prix du gaz et du pétrole, dans un marché bouleversé par la reprise économique post-pandémie et l'invasion russe de l'Ukraine.
Précédant les résultats de TotalEnergies, le géant Shell a publié la semaine dernière un bénéfice divisé par plus de deux en 2023, pénalisé par la baisse des prix des hydrocarbures. L'autre britannique, BP, et les américaines ExxonMobil et Chevron ont, elles aussi, pâti du reflux des hydrocarbures. Dans cet environnement baissier pour l'énergie, TotalEnergies a mieux résisté.
Alors que ses milliards de profits donnent lieu chaque trimestre à des débats alimentés par les politiques et les ONG, le groupe a annoncé qu'il débourserait "320 millions d'euros d'impôt sur les bénéfices et taxe de solidarité sur l'électricité au titre de 2023", sans toutefois préciser quelle serait la part des impôts sur ce montant.
Le 3e acteur mondial du GNL vise à compenser le gaz russe
Le groupe poursuit ses investissements dans les énergies fossiles. En 2023, TotalEnergies a notamment annoncé des projets ou acquisitions en Namibie, au Suriname et au Brésil, et il s'est renforcé aux États-Unis dans le gaz liquéfié, une énergie très convoitée par l'Europe qui cherche à remplacer le gaz russe.
"On est quand même durablement lié à l'importation de gaz naturel liquéfié en Europe", affirmait mi-janvier Patrick Pouyanné, le PDG du groupe, qui revendique la place de 3e acteur mondial du GNL.
En septembre 2023, le groupe s'était attiré les critiques en annonçant vouloir augmenter sa production d'hydrocarbures de 2 à 3 % par an dans les cinq prochaines années, tandis que plusieurs pétroliers comme Enel, Shell et BP ont annoncé en 2023 une révision en baisse de certains de leurs objectifs de transition énergétique.
1/3 des investissements dans les énergies bas carbone
Mis sous pression par les militants du climat et des droits humains, le groupe est visé par plusieurs actions judiciaires contre sa stratégie ou contre ses projets gaziers et pétroliers, dont le très controversé projet Tilenga/Eacop en Ouganda et en Tanzanie.
Très critiqué pour la poursuite de ses investissements dans les énergies fossiles, néfastes pour le climat, le groupe a opéré une diversification dans l'électricité renouvelable. Mais il soutient que ces projets sont encore nécessaires pour répondre à la demande mondiale, et fait valoir qu'il consacre aussi un tiers de ses investissements aux énergies bas carbone, notamment dans l'éolien et le solaire.
TotalEnergies compte maintenir son cap de 35 GW de capacités d'électricité renouvelable en 2025, avant 100 GW en 2030, un objectif ambitieux.