Les axes autoroutiers ont rouvert peu à peu après dix jours de difficultés et de coupures, bloqués par les manifestations d'agriculteurs. Au pic du mouvement, le concessionnaire Vinci Autoroutes avait recensé "plus d'une centaine d'échangeurs fermés et une trentaine d'autoroutes coupées". Le 2 février, à 15 h 00, 9 autoroutes étaient encore coupées et une quarantaine d’échangeurs fermés, a précisé un porte-parole.
>>> Lire aussi : Manifestation des agriculteurs : "On roule la tête à l'envers !"
Mais la circulation sur l'A7, axe stratégique reliant Lyon au sud de la France, et l'A9, son prolongement en direction de l'Espagne, avait été presque totalement rétablie juste avant le week-end.
Le gouvernement français a, une nouvelle fois, autorisé certains transporteurs routiers à circuler exceptionnellement pendant le week-end, selon un arrêté publié le samedi 3 février. "Le présent arrêté lève, du samedi 3 février 2024 au lundi 5 février 2024, les interdictions de circulation des véhicules de transport de marchandises de plus de 7,5 t", indique le texte paru au Journal officiel.
La reconduction de cette autorisation exceptionnelle, déjà accordée par le Gouvernement le week-end d’avant, doit "permettre l'achèvement des opérations de transport entamées avant le samedi 3 février à 22 heures ainsi que le retour des conducteurs routiers dont les opérations de transport ont été perturbées par les difficultés de circulation induites par les manifestations des agriculteurs", est-il encore précisé.
Grande désorganisation
Le blocage de dizaines d'axes autoroutiers par des agriculteurs en colère à travers toute la France a désorganisé le transport de marchandises ces deux dernières semaines. Les camions ont dû emprunter nationales et départementales, entraînant des trajets allongés de 20 à 30 % selon les transporteurs, une augmentation de la consommation de gazole, ainsi que des heures supplémentaires pour les chauffeurs.
Outre les blocages, plusieurs camions transportant des produits étrangers ont été arrêtés et vidés.
Les manifestations des agriculteurs laissent des traces. Le 1er février, les transporteurs espagnols ont dénoncé la violence des actions organisées en France par les agriculteurs, demandant aux autorités de garantir la libre circulation des marchandises et de mettre fin aux agressions des chauffeurs routiers.
La Confédération espagnole du transport de marchandise (CETM), l'une des principales organisations du secteur, fait état de "camions dévalisés et pillés quotidiennement", des insultes et une "violence déchaînée" sur les barrages organisés par les manifestants, notamment à la barrière de péage du Boulou, à quelques kilomètres de la frontière espagnole.
Des tensions avec les transporteurs routiers espagnols
Depuis le début du mouvement de colère des agriculteurs, les critiques se multiplient en France contre les agriculteurs espagnols, accusés d’inonder le marché français avec des produits à bas prix utilisant une plus grande quantité de produits phytosanitaires qu'en France.
"Les produits espagnols s'exportent en raison de leur qualité et de leur compétitivité", a vivement réagi Luis Planas, le ministre espagnol de l'Agriculture.
Des agriculteurs et transporteurs routiers roumains, qui avaient été parmi les premiers en Europe à crier leur ras-le-bol en bloquant des axes routiers, ont aussi commencé à lever le camp ce week-end, à la suite de l'annonce d'un accord avec leur gouvernement.
Depuis plus de 3 semaines, ils menaient des actions coup de poing et des opérations escargot en périphérie des grandes agglomérations roumaines.
Même combat en Roumanie
Dans ce pays de 19 millions d'habitants, frontalier de l'Ukraine et membre de l'Union européenne (UE), routiers et agriculteurs dénoncent inlassablement la concurrence de Kiev.
Les routiers dénoncent pour leur part les exemptions accordées à Bruxelles aux compagnies de transports ukrainiennes transitant par la Roumanie et provoquant un goulot d’étranglement aux frontières.
Les agriculteurs allemands en colère
En Allemagne, plusieurs centaines d'agriculteurs en tracteur, opposés à une réforme de la fiscalité sur le diesel, ont perturbé, le 3 février, l'accès à l'aéroport de Francfort, le plus important outre-Rhin.
L'Allemagne, réputée pour la qualité de son dialogue social, a vu se multiplier les conflits sociaux ces derniers mois, dans un contexte de dégradation du pouvoir d'achat consécutive à l'inflation.
À la mobilisation massive des agriculteurs s'ajoutent d'autres mouvements sociaux qui fragilisent la coalition gouvernementale du chancelier social-démocrate Olaf Scholz, aux prises avec une impopularité record.
Les secteurs aérien et ferroviaire également affectés
Le 1er février, plusieurs aéroports en Allemagne ont été paralysés par une grève du personnel de sécurité pour faire pression sur les négociations collectives de la branche.
Le syndicat de pilotes de Discover, filiale du groupe aérien allemand Lufthansa, a appelé à une nouvelle grève de 48 heures entre le 4 et le 5 février.
La semaine dernière, le pays a également été touché par une grève de plusieurs jours des conducteurs de train de l'opérateur ferroviaire public Deutsche Bahn.
> A lire aussi sur le portail Tema :
Dans France Routes :
Manifestation des agriculteurs : "On roule la tête à l'envers !"
Barrage d'agriculteurs : à Nîmes ils en viennent aux mains avec un routier espagnol
Blocage et accrochages avec les agriculteurs : les commentaires des routiers
Jean-Marc Rivera, délégué général de l'OTRE : "Des transporteurs routiers ont été ciblés, c'est inadmissible"
Dans l'Officiel des transporteurs :
Florence Berthelot (FNTR) : Avec le mouvement des agriculteurs, « des entreprises sont à l’agonie »
Manifestations d’agriculteurs. TLF demande la liberté de circulation et un soutien aux entreprises du secteur